32 - Zaven.

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Mercredi 9 Août 2023.

Je dois l'avouer, j'ai adoré voir Amaël jaloux. J'ai adoré la façon qu'il a eue de m'embrasser devant Louise. J'ai adoré sa petite moue gênée lorsque je lui ai demandé s'il était jaloux. Et par-dessus tout, je l'adore, lui.

Ce mec est tout simplement adorable.

Installés sur son lit, nous faisons tous deux des choses bien différentes. Lui, il dessine, comme à peu près les trois quarts du temps. Moi, je suis allongé près de lui, mon téléphone levé au-dessus de ma tête - il risque de tomber sur mon visage à tout moment, mais j'aime le risque - et je regarde une chorégraphie qu'il m'a envoyée hier.

Vingt minutes plus tard, je baille lourdement. J'ai très envie de prendre une douche, mon odeur corporelle est actuellement un petit mélange de ce qu'on peut retrouver dans une fête foraine, donc : l'huile de friture des churros, le frottement des auto tamponneuses contre le sol, la chaleur, la transpiration...Bref, ce n'est pas fou. Je me lève du lit en y abandonnant mon téléphone.

Je te vole des habits, je vais prendre une douche, lancé-je en m'approchant de l'armoire.

D'accord.

Je le contemple pendant une seconde ou deux - en réalité, ce sont vingt secondes, mais faisons semblant - avant de me décider à vraiment prendre des habits dans l'armoire et disparaître dans la salle de bains.

Je pose les habits sur le lavabo et rouvre la porte pour sortir ma tête dans la chambre.

Amaëlouuu, tu veux prendre une douche avec moiiii ?

Il lève la tête, semblant se demander si je plaisante ou non. Je plaisante. A moitié. J'admets que prendre une douche avec lui me plairait, mais je ne suis pas sûr d'être prêt à ce qu'il me voie tout nu. La douche de jeudi dernier ne compte définitivement pas.

Pourquoi ?

Pour économiser de l'eau, répliqué-je très sérieusement.

Il me dévisage d'un air circonspect. J'ouvre totalement la porte, marche jusqu'à lui et dépose un bref baiser sur ses lèvres si douces, puis j'avoue :

Je plaisantais. A tout à l'heure, bisou bisou.

Bisous.

Je l'embrasse une deuxième fois sans pouvoir résister et je repars dans la salle de bains.

Quand je reviens dans la chambre, presque une demi-heure plus tard, Amaël se lève pour aller prendre une douche à son tour. Je me laisse tomber sur le lit. Son carnet de dessins est posé sur la couverture, je le prends dans mes mains pour le poser sur la table de chevet afin qu'il ne risque pas de glisser sur le sol, je mets mon téléphone en charge et je m'allonge confortablement sur le lit. Pas sous la couverture, j'attends Amaël pour ça, afin de pouvoir placer la couette parfaitement au-dessus de nous.

Je tiens à le préciser, même si c'est sûrement cliché, mais je n'ai jamais été comme ça. Et par comme ça, je veux dire amoureux.

Et je suis ravi que la première personne pour laquelle mon cœur s'ouvre comme ça soit Amaël. Je trouve que nous nous complétons plutôt bien.

Je me retiens de fermer les yeux. Je ne veux pas m'endormir sans mon amoureux. Il pourrait avoir besoin de moi pour s'endormir, je sais qu'il a du mal. Je sais qu'il fait des cauchemars toutes les nuits, je sais qu'il dort très mal et très peu. Je sais qu'il ne mange pas beaucoup, aussi, mais il mange un peu plus quand je le lui demande.

Enfin, la porte de la salle de bains s'ouvre. Sur un Amaël en larmes qui tente de le masquer, la tête baissée vers le sol.

Je me lève précipitamment, me jette sur lui et le prends dans mes bras. Il éclate en sanglots contre moi, je l'entraîne doucement vers le lit. Je m'installe contre les coussins, le gardant serré contre moi, je pose mon menton sur sa tête et je l'écoute pleurer en silence. Ses doigts sont crispés sur le tissu du tee-shirt que je porte, il tremble de tout son corps. Je n'ose pas lui demander quel souvenir d'Abby lui est revenu en mémoire, parce que je sais que c'est ça, que c'est une bribe de souvenir qui est apparue dans son inconscient. Je caresse patiemment son dos en espérant que ses sanglots vont se calmer rapidement. Je ne supporte littéralement pas de le voir pleurer, ça me brise le cœur.

Mon ange, je suis là...soufflé-je, ne sachant absolument pas quoi lui dire d'autre.

M'abandonne pas, me supplie-t-il entre deux sanglots.

Cette phrase achève de me briser le cœur. Les larmes aux yeux, j'embrasse son front un nombre incalculable de fois, espérant que ça empêchera mes larmes de couler. Mais rien n'y fait, sa douleur me rend beaucoup trop sensible, mes larmes commencent à rouler sur mes joues. Je suis trop sensible quand il s'agit de lui.

Nous pleurons donc tous les deux. Lui, pour le décès de sa chienne, je suppose, et moi, je pleure parce qu'il pleure. C'est dur de voir celui qu'on aime aller si mal, je me sens parfaitement inutile à cet instant.

Les minutes passent, mes larmes se tarissent à l'instant où les siennes se stoppent. C'est fascinant.

Pard-.

Interdiction de t'excuser, le coupé-je d'une voix rendue rauque par les pleurs.

Il lève la tête vers moi, surpris. Visiblement, il n'avait pas remarqué que je pleurais aussi.

Pourquoi ?

Sa voix est timide, elle tremble.

Le "m'abandonne pas" était de trop pour mon coeur, il faut croire.

Il se hisse à ma hauteur pour déposer un baiser tout doux sur mes lèvres. Je ferme les yeux - parce qu'ils me piquent, absolument pas pour mieux profiter de ce contact, non non - et j'accroche mes mains sur son tee-shirt.

Quand je l'ai adoptée, Abby avait peur de l'abandon. Tu sais, je l'ai adoptée à la spa, et elle s'était faite abandonnée par son ancien propriétaire, commence-t-il à me raconter. Et les premiers mois, heureusement que j'étais en vacances, car elle refusait de rester seule. Je devais l'emmener partout avec moi, sinon elle allait vraiment mal. Dont dans la salle de bains. C'est pour ça...c'est pour ça que j'ai fondu en larmes.

Je passe une main dans ses cheveux, je positionne mes lèvres sur sa tempe pour y déposer un bisou. Puis un deuxième. Et un troisième. Je suis complètement accro au fait de l'embrasser.

Elle a eu de la chance de t'avoir, chuchoté-je. Tu es le meilleur. Et je le pense sincèrement.

Son visage se blottit contre mon cou, il prend une grande inspiration un peu tremblante.

Demain soir, il faudra qu'on dorme chez moi, murmuré-je ensuite. Zéphyrou me réclame, et je ne peux rien lui refuser.

Ton frère est adorable, marmonne mon amoureux contre mon cou.

Tant mieux si tu le trouves adorable, il te réclame aussi. Il m'a demandé si on était amoureux, toi et moi.

Tu as répondu quoi ?

Qu'on était amoureux, toi et moi. Pourquoi, ce n'est pas le cas ? m'inquiété-je faussement.

Si. T'es mon amoureux, conclut-il d'une voix endormie.

Une flopée de papillons s'envolent de mon estomac pour rejoindre mon cœur battant. Il est absolument adorable. Comment ne pas l'aimer ?

Je m'installe plus confortablement pour qu'il puisse s'endormir et je place la couverture sur nous. Apaisé et bien installé contre Amaël, je ne mets pas très longtemps à m'endormir. Je suis son amoureux, et ce terme me comble d'une joie immense.

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant