Last Night

1 - Amaël.

Vendredi 30 Juin 2023.

À huit heures du matin, assis sur le sol de ma chambre, je termine mes bagages en suivant scrupuleusement la liste que j'ai faite il y a quelques jours de ça. Je ne peux pas me permettre d'oublier mon carnet, d'un papier assez épais pour faire de l'aquarelle, mes crayons de papier, ou n'importe laquelle de mes affaires de dessin. Déjà que je dois passer mes vacances à cinq heures de route en voiture - sans compter la pause repas ou celles pour sortir Abby. Cette même Abby qui dort encore, roulée en boule sur mon lit. Il ne faut pas que j'oublie ses affaires, à elle non plus : je crois que je vais utiliser un sac entier rien que pour elle, avec ses croquettes, son collier, sa laisse, ses médicaments...

Une fois mes affaires enfin prêtes, je descends à la cave pour trouver la caisse de transport de ma chienne. Je la nettoie, elle est poussiéreuse, puis remonte dans ma chambre sur la pointe des pieds. Papa dort encore, nous ne partons qu'à dix heures, mais j'étais censé avoir terminé de préparer mes bagages depuis hier, je me suis donc levé plus tôt pour finir ça avant son réveil. Maman ne dort plus, mais elle est sous la douche, alors je pourrais faire tomber le réfrigérateur qu'elle ne le remarquerait même pas.

— Ça va mon bébé ? demandé-je en caressant doucement la tête de ma chienne.

Elle ouvre un œil fatigué et baille. La pauvre, ça ne va pas être facile pour elle, le trajet. Je sais déjà qu'elle ne va certainement pas rester tout le long dans sa caisse, qui n'est pas assez confortable pour ses vieilles articulations, mais plutôt sur mes genoux. Elle y sera bien mieux.

Je ferme mes deux derniers sacs et les pose sur la valise. Je passe une main sur mon front, soulagé d'avoir enfin terminé, et je m'allonge à côté d'Abby pour profiter des dernières minutes de repos avant de partir. Malheureusement, ça ne dure pas, quelqu'un toqué à ma porte.

— Amaël, on va commencer à charger la voiture, il est déjà neuf heures. Tu ramènes tes sacs et ta valise ? Tu es réveillé ?

— Oui, j'arrive maman.

Je descends ma valise et mes sacs dans l'entrée, laissant Abby dans ma chambre pour le moment. Il vaut mieux qu'elle profite encore un peu de la fraîcheur de ma chambre. Je n'ai vraiment pas envie de partir, mais je crois bien que c'est trop tard pour trouver une excuse pour éviter ces vacances, maintenant...Je vais faire en sorte qu'Abby passe les meilleures dernières semaines de sa vie.

Une heure plus tard, la voiture est entièrement chargée, mes parents ont enfin terminé leur dispute qui visait à décider qui allait conduire et qui allait s'occuper du G.P.S, alors nous sommes enfin prêts à partir. Malheureusement.

— C'est parti ! s'exclame maman alors que papa démarre la voiture.

Youpi.

Je patiente quelques minutes, redoutant que l'un de mes parents ne se mette à crier qu'il a oublié une chose absolument essentielle, -par exemple, une brosse à dents qui se rachète très facilement sur place- mais par chance, cela ne se produit pas. J'estime donc que je peux sortir Abby de sa caisse de transport où elle couine déjà pour venir sur mes genoux.

Mon père râle un peu, comme d'habitude. Il n'aime pas particulièrement ma chienne. Ma mère non plus, cela dit. Ils ont au moins fait l'effort de se renseigner sur les vétérinaires disponibles dans la ville où se trouve le gîte dans lequel nous allons habiter pendant ces vacances, c'est déjà ça. J'ai fait mes recherches, par la suite, pour sélectionner le meilleur. Abby en aura besoin.

— Je vous laisse, annoncé-je en mettant mes écouteurs dans mes oreilles.

La première partie du trajet dure une heure et demi, de dix heures à onze heures trente. On s'arrêtera dans une station-service pour s'acheter à boire, un sandwich, aller aux toilettes, et pour sortir Abby. J'ai un peu peur que ce voyage ne la fatigue trop, mais encore une fois, il est maintenant trop tard pour reculer, je suis bel et bien sur le chemin des vacances. Sans aucune connaissance des personnes qui seront là-bas. Je vais probablement déjà mettre un mois complet avant de réussir à parler à des gens, pour repartir le mois suivant. Super.