19 - Zaven.

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Lundi 24 Juillet 2023.

Juste avant de partir, Amaël a décidé de laisser Abby chez moi. Pour être sûr que tout se passe bien, il lui a donné une toute petite dose de médicaments, un nouveau que le vétérinaire lui a donné afin que les dernières semaines de la chienne se passent au mieux. De toute façon, on sera de retour chez moi dans moins de deux heures.

Je m'en doutais, mais un lundi matin, le magasin est bondé. Depuis que nous y sommes entrés, Amaël est collé à moi. Son épaule est pressée contre la mienne, il s'immobilise dès que je m'arrête et se remet toujours en marche en même temps que moi.

Je me sens un peu coupable d'avoir voulu qu'il vienne avec moi.

Je crois qu'il a pensé que ma proposition de lui tenir la main, tout à l'heure, était une blague. Mais c'était loin d'être une blague, j'aimerais bien lui tenir la main.

Ça va ? lui demandé-je doucement.

Avant qu'il ne puisse me répondre, il se fait bousculer par quelqu'un qui marchait dans le sens inverse de nous. Il se crispe, les yeux écarquillés, et je suis sûr d'entendre sa respiration qui s'accélère nerveusement. Est-ce que je tente...?

Ma main glisse le long de son avant-bras, mes doigts frôlent sa peau. Je passe mes doigts contre sa paume avec douceur, retenant ma respiration tant le fait de lui prendre la main m'inquiète. Je glisse mes doigts entre les siens, presse ma paume contre la sienne.

Et je recommence à respirer quand ses doigts se referment sur les miens. Sa propre respiration se calme un peu, ce qui me rassure. Je veux être capable de l'aider.

Conservant mon étreinte sur sa main, je me dépêche de finir mes courses. Je ne veux pas qu'il reste plus longtemps ici, je vois bien qu'il y a beaucoup trop de monde pour lui et ça me fait mal au cœur. Je regrette vraiment d'avoir voulu à ce point passer un peu plus de temps avec lui et de lui avoir demandé de m'accompagner.

Nous arrivons enfin à la caisse, toujours main dans la main. Sans le lâcher, car il est crispé sur mes doigts et n'a pas l'air de vouloir que je le lâche, je dépose mes articles sur le tapis de caisse.

Je crois qu'il a une malédiction, il se fait à nouveau bousculer par quelqu'un. Je fronce les sourcils en voyant que la personne se dépêche de partir au lieu de s'excuser, je tire sur le bras d'Amaël pour le rapprocher de moi. Il mériterait un autre câlin.

Une voix que je connais attire mon attention derrière moi. Il me remarque aussi et s'avance vers nous à grands pas.

Zaven ! Amaël ! s'exclame Loukas en s'approchant.

Je ne pense même pas à lâcher la main d'Amaël, trop perturbé par l'expression de son visage, qui est toujours la même qu'il y a quelques secondes quand il s'est fait bousculer. Il semble...terrifié.

Loukas, réponds-je, presque sur le même ton.

Son regard se baisse rapidement sur la main du blond liée à la mienne, mais il ne fait pas de commentaire en constatant aussi l'expression d'Amaël. Je plisse les yeux, ne résistant plus, et je commence à caresser le dos de sa main avec mon pouce.

Ta chienne n'est pas là ? s'inquiète mon ami.

Non, euh...elle est chez Zaven, bégaye Amaël, comme brusquement sorti de ses pensées.

Le brun hoche la tête.

Bon, c'est pas que je t'aime pas Zaven, mais y'a ton cadeau d'anniversaire dans mon sac, donc je vais aller à une autre caisse. À mercredi !

Je ris, je lui avais pourtant dit qu'il n'avait pas besoin de m'offrir quoi que ce soit.

A mercredi !

Mon ami s'éloigne. Je paye, car c'est maintenant à mon tour, range le tout dans un sac de courses et nous sortons du magasin.

Une fois dehors, la respiration d'Amaël devient enfin plus légère, mais il ne me lâche pas pour autant. Je n'ai pas stoppé les mouvements de mon pouce contre le dos de sa main.

Nous retournons chez moi. Et comme il ne fait rien pour lâcher ma main, je ne fais rien pour lâcher la sienne. En apprenant ce matin qu'il allait dans l'université qui est mon choix numéro un, dans celle où j'ai le plus de chances d'être accepté, j'ai senti mon cœur se gonfler d'espoir.

Je ne veux pas qu'Amaël soit mon ami. Je veux qu'il soit bien plus que ça.

Et nous serons peut-être au même endroit à la rentrée. Alors il faut vraiment que je tente le coup, que j'essaye de voir s'il pourrait être attiré par moi. Et si je vois que j'ai une chance, je foncerai.

En entrant dans la maison, je pose le sac sur le plan de travail.

Tu peux monter voir Abby, je range ça et je te rejoins, lui indiqué-je.

Il s'exécute immédiatement sans un mot, et il disparaît dans les escaliers. J'ai l'impression de sentir encore sa main dans la mienne, et je rêve de le rejoindre dans ma chambre pour reprendre sa main.

Et c'est sûrement ce que je vais faire une fois que j'aurai rangé toutes les courses. Pas prendre sa main dans la mienne, mais effleurer sa paume ou le dos de sa main en m'asseyant à côté de lui...Oui, ça, c'est une bonne idée.

Je range rapidement et je monte à l'étage. Amaël est assis sur le canapé-lit, il caresse calmement Abby qui est réveillée et qui lèche sa main. Je souris en les rejoignant sur le matelas.

Alors, tout va bien ? m'enquiers-je en posant ma main sur la tête d'Abby.

Ce faisant, ma main effleure la sienne dans un geste parfaitement contrôlé.

Elle dormait quand je suis arrivée, elle va bien.

Et toi ?

Quoi, moi ?

Comment tu vas ? insisté-je.

Il inspire, son regard se pose sur mon visage et rejoint mon propre regard.

Je vais bien, je crois.

Samedi, je n'avais même pas réalisé que Amaël me plaisait. Et aujourd'hui, deux jours plus tard, je ne pense plus qu'à lui. Il hante absolument toutes mes pensées depuis hier. Et ça ne me déplaît pas. J'aime bien penser à lui.

Okay. Si ça ne va pas, tu sais que je suis là, hein ? Je suis là pour toi, ajouté-je en passant mon doigt sur le dos de sa main.

Un frisson dévale le long de mon dos à ce contact que j'ai moi-même initié et je me retiens de soupirer. Mon corps réagit beaucoup trop en sa présence, je me demande pourquoi je n'ai pas compris mon attirance plus tôt.

Et j'ai beaucoup de raisons d'être attiré par lui. Il est beau, blond, gentil, adorable...Et je pourrais facilement lister d'autres choses que je trouve attirantes chez lui. Comme ses yeux bleus qui sont absolument magnifiques, où bien la douceur de ses cheveux. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant