Last Night

23 - Zaven.

Jeudi 27 Juillet 2023.

Je ne cesse de repenser au baiser que je n'ai pas pu m'empêcher de déposer sur le front d'Amaël, cette nuit. J'avais le cerveau complètement retourné, j'étais tellement surpris qu'il se colle à moi comme ça. Évidemment, j'ai rapidement compris qu'il avait fait ça parce que j'avais bougé dans mon sommeil et que je le dérangeais, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me prenne dans ses bras.

Assis sur le banc devant le lac, nous partageons ses écouteurs. Il m'a laissé choisir la musique que je voulais dans sa playlist, mais ne connaissant que les deux titres qu'il m'a déjà montrés, j'ai choisi totalement au hasard. Il dessine à partir d'une photo sur son téléphone, moi je mange ma glace en l'admirant penché sur son carnet.

Abby est installée entre nous deux, et j'avoue que la place qu'elle a choisi ne m'arrange pas. J'aurais aimé pouvoir me coller contre Amaël.

Comme cette nuit. Lui a finalement réussi à s'endormir, contre moi, mais je n'y suis pas parvenu aussi facilement. J'ai passé de longues minutes à écouter sa respiration qui se calmait, les battements de son cœur qui ralentissaient, à profiter de la chaleur de son corps contre le mien. Je me suis vraiment senti bien.

Je serais bien resté plus longtemps dans mon lit avec lui, mais mes deux idiots d'amis ont décidé que se réveiller à neuf heures pendant les vacances était la meilleure idée du siècle. En plus, ils parlaient de la relation entre Amaël et moi, j'avais tellement peur qu'il se réveille, qu'il réalise que je ne me comporte pas du tout comme un ami avec lui et qu'il prenne la fuite.

— Tu dessines quoi ? demandé-je alors que je vois très bien qu'il dessine Abby.

— Abby.

Il se redresse, se tourne vers moi et place le carnet entre nous deux. Il fait défiler les pages, me montrant une vingtaine de dessins de la chienne. Sur certaines pages, il y a aussi des paysages, et je suis presque sûr d'apercevoir également un visage, mais il passe la page bien trop vite pour que je puisse le voir en détail.

— Tu dessines vraiment trop bien, c'est super beau, lâché-je. Tu crois que tu pourrais me dessiner ?

— J'ai plus de mal avec les visages. Si tu m'envoie une photo, je peux essayer...

Il récupère son carnet et recommence à crayonner sur la même page que tout à l'heure. J'écoute à peine la musique qui résonne dans mon oreille, toute ma concentration est portée sur Amaël. Il est beau, vraiment beau. Et je peux le contempler à ma guise, il ne fait pas attention à moi quand il dessine.

Il mordille le bout de son crayon, je pose mon pot de glace vide sur le banc. J'aime bien la musique qui est en train de tourner, je me demande quel est le titre.

— C'est quoi la musique là ?

— Topline de stray kids, répond-t-il sans même lever les yeux de son dessin.

J'ai envie de l'embrasser.

Je laisse mon regard se promener tranquillement sur ses lèvres, sa langue passe entre elles pour les humidifier. Il ne remarque même pas que je scrute ses lèvres sans la moindre gêne, je me demande encore si elles ont le goût de l'ice tea. Un baiser à la saveur de l'ice tea, cela doit être intéressant.

J'ai vraiment trop envie de l'embrasser.

— Fini ! s'exclame-t-il brusquement en relevant la tête.

Déjà ? Il dessine vraiment super vite !

Il me montre la page de son carnet, j'écarquille les yeux, impressionné. C'est magnifique, en tout cas de mon point de vue de personne qui n'y connait absolument rien.

— Amaëlou, il faudra que tu m'envoies une musique que t'aimes bien avec une chorégraphie, compliquée ou non, je l'apprends et je la danserai pour te montrer !

— Attends deux secondes.

Il fait défiler sa playlist jusqu'à trouver la musique qu'il souhaite, place son téléphone entre nous deux et lance la musique. Je connaissais déjà la chanson, mais pas la personne qui effectue une chorégraphie dessus, ni même la chorégraphie.

— Tu peux apprendre celle-là ? me demande-t-il quelques minutes plus tard, lorsque la musique se termine.

— Je pense que oui. Le titre, c'est Play with fire ?

— Dansée par Hyunjin de Stray kids, oui.

Il m'envoie le lien par message quelques secondes après.

J'ai bien vu son regard admiratif pendant qu'il regardait la chorégraphie. Je veux revoir ce même regard, revoir cette même lueur dans ses yeux bleus, mais adressée à moi, seulement moi.

— On va reprendre une glace ? dis-je en me mettant debout.

Il acquiesce en récupérant Abby dans ses bras, je me charge de passer l'une des bretelles de son sac sur mon épaule, malgré ses protestations. Il doit déjà porter sa chienne tout le temps, je peux bien faire ça pour lui.

Je lui énonce calmement les arguments qui me poussent à porter son sac à sa place, il finit par capituler avec un petit sourire.

Il insiste à nouveau pour me payer ma glace, et c'est à mon tour de capituler. Je l'avoue, c'est le sourire lumineux qu'il m'adresse qui fait tomber toutes mes barrières.

Je veux l'embrasser, je ne pense qu'à ça.

— J'ai quelque chose sur le visage ? finit-il par demander en remarquant mon regard insistant.

— Non, rien du tout...T'es juste...beau, soufflé-je.

Il écarquille grandement les yeux et finit par balbutier un faible remerciement, surpris. Je masque mon trouble en m'approchant du marchand de glaces, je choisis celle à la noisette. Amaël prend celle aux cookies et nous retournons nous installer sur le banc.

Je demeure silencieux un moment, ne sachant plus quoi dire. Ma propre intervention m'a surpris, j'ai peur de mettre le blond mal à l'aise et je n'ose plus rien dire pendant une bonne dizaine de minutes.

— Ce soir je commence à apprendre la choré', j'apprends assez vite normalement. Je te préviens dès que j'y arrive, de toute façon.

— Hâte de voir ça.

Hâte de me voir danser, ou hâte de voir quelqu'un danser cette chorégraphie qu'il semble apprécier ?

Je garde cette interrogation pour moi et ferme les yeux pour profiter quelques secondes du soleil qui se pose sur mon visage. Evidemment, derrière mes paupières se dessine tranquillement le visage d'Amaël, et je fronce un peu les sourcils. Même quand je ferme les yeux et que je ne le vois pas, j'ai envie de l'embrasser.

— Si tu ne vas pas à la New school, tu iras où ?

— J'ai choisi des trucs scientifiques dans mes souvenirs.

— Eurk, t'aimes les maths ?

— Je suis fort en maths, je le corrige en riant.