57 - Amaël.

117 11 65
                                    

Samedi 16 Septembre 2023.

Alors que mon amoureux me serre dans ses bras et qu'il embrasse ma joue, que notre chat ronronne à côté de nous, la sonnerie de son téléphone vient soudain nous déranger.

Je regarde juste qui c'est, je rappellerai après, déclare Zaven en tendant le bras vers l'appareil.

Mais quand son regard se pose sur l'écran, ses yeux s'écarquillent. Je me redresse, il fait de même en cliquant sur son téléphone et en le collant à son oreille, le visage maintenant dénué de toute couleur.

Dad, why are you only answering now ? dit-t-il d'une voix blanche. (Papa, pourquoi tu ne réponds que maintenant ?)

Je me recule davantage pour le laisser tranquille pendant qu'il parle à son père, mais il me retient en posant sa main libre sur la mienne. Je l'ai rarement vu aussi sérieux, et je le préfère comme il est d'habitude. Là, il semble mal à l'aise, très nerveux.

Alright, I'm glad she's okay. (D'accord, je suis content qu'elle aille bien.)

J'avais complètement oublié que mon amoureux était bilingue. Je me suis habitué à son accent, et il parle très peu anglais. Il ne parle jamais de son père non plus, mais il a quand même l'air très content de lui parler.

Yes, at the university I wanted. I live with my boyfriend. (Oui, à l'université que je voulais. Je vis avec mon copain.)

Je le regarde parler, admiratif. Je ne pensais pas que je pouvais trouver Zaven encore plus attirant, pourtant c'est bel et bien le cas. Il est tout simplement incroyable, je l'aime.

Amaël is perfect, you'll see. No, he's not here. Yes, I'll say hello to him for you, obviously. (Amaël est parfait tu verras. Non, il n'est pas là. Oui, je lui dirai bonjour de ta part, évidemment.)

Ils échangent encore quelques phrases avant de raccrocher.

Pourquoi tu as dit que je n'étais pas là ? m'enquiers-je en reprenant ma place dans ses bras.

Parce qu'il m'aurait demandé de te passer le téléphone, et que tu n'aimes pas les appels.

Argh. Mon copain est si parfait, j'ai des fois du mal à croire qu'il soit avec moi.

Ma belle-mère a passé les vacances à l'hôpital, apparemment. Mais elle va mieux, c'est pour ça qu'il ne répondait que très rarement aux messages.

Oups se rapproche de nous en miaulant, je ris en tournant la tête vers lui. Ce chat est adorable. Zaven tend la main vers lui pour le caresser, il frotte sa tête contre sa main en ronronnant de plus belle.

Espèce de nudiste, soupire mon copain en passant son autre main dans le creux de mon dos.

Je frémis à ce contact avant de cacher mon visage contre son cou. Je ferme les yeux en sentant ses doigts retracer la ligne de ma colonne vertébrale, remontant jusqu'à ma nuque pour redescendre tout en bas de mon dos. Il recommence ce geste plusieurs fois, bien lentement, et je frissonne à chaque fois. Je rouvre les yeux, mais Zaven ne s'arrête pas. J'ai l'étrange impression qu'il cherche à me taquiner.

Moi aussi, je suis capable de faire ça. Pas avec la même assurance ni la même confiance, ça c'est sûr, mais tant qu'il ne voit pas mon visage j'en suis parfaitement capable. Une première fois, je dépose un baiser sur la peau de son cou, que je sais sensible. A force, je commence à connaître les zones sensibles chez mon amoureux.

Je recommence une deuxième fois. Puis une troisième. En fait, je continue jusqu'à ce que Zaven me stoppe, les joues rouges comme jamais et le regard un peu fuyant.

Tu te rappelles le jour des résultats ? murmure-t-il, les joues encore plus rouges.

Euh, oui.

Il se passe la même chose, là.

Oh.

OH.

Je me recule un peu, soulagé qu'il fasse presque nuit et que la pénombre de la chambre ne me permette pas de voir, parce que j'ai instinctivement baissé les yeux vers son boxer.

J'aime beaucoup trop te voir comme ça, mon ange...murmure Zaven alors que je m'allonge à côté de lui.

Pendant quelques secondes, les seuls sons dans la chambre sont les ronronnements de Oups et la respiration haletante de mon copain. Puis les mots montent à mon cerveau, je tourne la tête vers lui sans trop comprendre.

Comme ça ?

Entreprenant.

Triple oh. Quadruple oh, même.

Je me sens étrangement puissant, de savoir que c'est moi qui provoque ça chez Zaven. Une bouffée de confiance s'empare de moi, je ferme les yeux pour la réfréner un petit peu. Rectification : je me sens incroyablement puissant. Et même un peu fier.

Je t'aime, en profité-je pour chuchoter, poussé par cet élan de confiance et de fierté.

Malgré la pénombre, je vois bien le grand sourire qui s'affiche sur les lèvres de mon amoureux. Il faut vraiment que j'arrive à lui dire à quel point je l'aime plus souvent, parce que le sourire qu'il arbore après vaut tout l'or du monde, et je le pense sincèrement. Vivre avec lui est vraiment la meilleure décision au monde. Je veux le rendre heureux comme lui me rend heureux, car ma vie est incroyable grâce à lui.

Je finis par me lever du lit. Je ne prends même pas la peine de remettre mon tee-shirt, et je me dirige vers la cuisine pour me préparer du thé vert à la menthe. J'en ai bien besoin pour me remettre des émotions qui commencent à me submerger maintenant que la spontanéité du moment est passée.

Avec ma petite tasse de thé, je retourne dans la chambre, où je découvre un Zaven endormi, Oups blotti près de lui. Je ne résiste pas à l'envie de les prendre rapidement en photo, le flash de mon téléphone ne les réveille même pas, heureusement. Je mets immédiatement cette photo en fond d'écran, ils sont trop beaux.

Je m'allonge à côté d'eux, adossé à un coussin, et je reprends mon téléphone pour répondre aux messages que Loukas et mes parents m'ont envoyés. Je leur raconte à tous l'adoption de Oups, hier soir, le vétérinaire...Mon père me dit qu'il me transférera de l'argent pour rembourser les soins médicaux du chaton, et j'ai beau lui dire que ce n'est pas la peine, il insiste tellement que je finis par accepter. Mon père est très têtu quand il veut.

Je pense aussi qu'ils se sentent toujours coupables pour Abby et qu'ils cherchent encore à se racheter à ce sujet. Je les ai pardonnés depuis un moment, mais leurs efforts me prouvent qu'ils s'en veulent vraiment pour ça, et ça me touche beaucoup.

Je pose les yeux sur mon Zaven endormi tout en finissant mon thé, puis je pose ma tasse et me penche vers lui pour déposer un baiser sur sa joue.

Bonne nuit, chuchoté-je en installant la couverture sur nous deux.

Je place soigneusement la tête de Oups en dehors de la couette pour qu'il n'ai pas trop chaud et je m'allonge confortablement.

C'est drôle, les deux fois où Zaven a eu une érection en ma présence, il s'est endormi quelques minutes après. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre, mais c'est marrant.

Alors que je n'y croyais plus, Zaven finit par se tourner vers moi pour me prendre dans ses bras, je me cale contre son torse en fermant les yeux. Oups se lève et marche sur nous pour sortir de la chambre, me faisant rire silencieusement. Je suis vraiment trop content d'avoir adopté un chat, mais me faire marcher dessus pendant la nuit ne m'avait pas vraiment manqué, je l'avoue. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant