Mercredi 9 Août 2023.
Six jours sont passés depuis la mort d'Abby. Et une semaine entière est passée depuis le jour où Zaven m'a embrassé pour la première fois.
Petit récapitulatif de ce qui s'est passé entre-temps : j'en veux toujours à mes parents, pour commencer. Ils se sont excusés plusieurs fois, donc à quatre reprises, mais je refuse toujours de leur parler. Chose qu'ils ont visiblement du mal à comprendre, mais ce n'est pas mon problème. J'ai plus important à gérer pour le moment, par exemple me remettre de la mort de ma chienne. Ça aussi, ils ont encore du mal à comprendre.
Zaven dort avec moi tous les soirs depuis jeudi, il ne me lâche pas. Pour ça, je ne risque pas de me plaindre. Je fais beaucoup de cauchemars, maintenant, et il est à chaque fois là pour m'aider à m'en remettre. Je continue mes insomnies et je passe plusieurs heures à dessiner avant de me décider à me glisser dans le lit, mais il se réveille toujours un peu pour me prendre dans ses bras et m'embrasser avant de se rendormir.
Il est tout simplement parfait.
Et aujourd'hui, il m'emmène à la fête foraine, comme il me l'avait demandé vendredi dernier. Son bras entoure mes épaules, il est de très bonne humeur. Moi, un peu moins, mais il ne s'en formalise pas. Il a décidé d'essayer de me faire sourire aujourd'hui, ce sont ses mots.
— Tu veux manger quelque chose ? me demande-t-il joyeusement.
Mon regard se porte sur le stand devant nous. Je sais que je ne mange pas assez, depuis jeudi, parce que mon appétit est inexistant, mais j'essaie de faire des efforts.
— Churros. Avec du chocolat. Beaucoup de chocolat.
— Tu lis dans mes pensées ?!
Il éclate de rire. J'aime son rire, on dirait qu'il peut ramener de la bonne humeur absolument partout.
Nous nous approchons du stand pour prendre des churros que nous décidons de partager et nous nous dirigeons vers la grande roue, le temps de manger tout ça. Car Zaven a exagéré, il a pris trois cornets de churros, parce qu'il "faut que je mange". Il glisse joyeusement sa main dans la mienne en m'entraînant dans une des cabines de la grande roue. Il y a beaucoup de monde, alors nous nous retrouvons avec deux autres personnes, je me colle contre Zaven.
Les deux filles en face de nous discutent entre elles, et soudain, l'une des deux s'exclame :
— Oh c'est pas vrai, Zaven ?!
Elle prononce son prénom totalement avec l'accent français, je ne peux pas m'empêcher de grimacer un peu.
— Louise ? répond-t-il. Ça fait longtemps !
Ah. Ça n'a pas l'air de le déranger, lui. Il lui sourit gentiment.
— Je suis contente de te voir, comment tu vas ?
Il lui plaît, c'est évident. Ou du moins, il lui plaisait avant. Bien entendu, je la comprends : Zaven est attirant, c'est un fait. Mais sa façon de le regarder ne me plaît pas trop. Elle le regarde avec assurance, comme si elle était persuadée que c'était réciproque. Mais ce n'est pas réciproque, il m'aime moi.
— Je vais bien, et toi ?
Nia nia nia. Elle le bouffe du regard.
— Ça va. T'as changé, t'es super musclé maintenant !
Avec la chemise qu'il porte ce soir, on voit tous ses muscles. Je plisse les yeux, jaloux, et je me penche vers Zaven pour plaquer brusquement mes lèvres contre les siennes. S'il est surpris, il n'en montre rien et ne met pas très longtemps avant de me rendre le baiser avec ardeur. J'entends Louise hoqueter de surprise, et je ne peux pas m'empêcher d'en être ravi. Les lèvres de Zaven sont douces contre les miennes, je le sens sourire. Je ferme les yeux, il approfondi délicatement le baiser en venant poser sa main sur ma joue.
— Donc, Louise, je te présente mon amoureux, Amaël, déclare Zaven quand je me détache finalement de lui.
"Mon amoureux". Il a dit que j'étais son amoureux.
Ses joues ont rougi.
Il laisse tomber sa tête contre mon épaule, venant attraper ma main posée sur ma cuisse. Je cligne des yeux, rassuré, alors que Zaven continue sa conversation avec Louise. L'autre fille s'est mise contre la fenêtre, elle porte ses écouteurs. Pendant tout le temps que dure la grande roue et sa discussion avec Louise, il joue doucement avec mes doigts, nos mains liées ramenées sur sa cuisse.
Quelques minutes plus tard, quand nous sortons et nous retrouvons à nouveau tous les deux, il se place en face de moi, souriant :
— T'étais jaloux ?
Je fais la moue, brusquement un peu honteux de ma réaction qui était sûrement exagérée.
— Peut-être un peu.
Il rigole, prenant mes mains dans les siennes. Ses yeux parcourent lentement mon visage.
— Elle te bouffait du regard, chuchoté-je pour me justifier.
Il dépose un rapide baiser sur mes lèvres sans arrêter de sourire.
— T'es trop mignon. On va faire quoi, maintenant ? Viens, on va faire les auto tamponneuses, on va dans la même !
Je déteste me faire secouer comme ça, surtout dans cette attraction, mais son sourire achève de me convaincre. Je glisse ma main dans ma poche pour lui passer de l'argent, cette fois c'est moi qui paye.
Nous nous installons dans une des petites voitures. En attendant que ça commence, Zaven tourne la tête vers moi, et m'indique :
— Tu t'occupes des virages, moi d'accélérer. Je ne savais pas que tu étais jaloux !
— Je ne savais pas non plus.
Il se penche vers moi pour déposer un baiser sur ma joue, je souris.
— T'as souris ! J'ai réussi à te faire sourire, mon ange.
Pour masquer mes rougeurs, je me hisse à sa hauteur pour embrasser sa joue aussi. Son rire se stoppe immédiatement, je le vois rougir et je souris à nouveau. Le "bip" annonçant le début retentit, je pose mes mains sur le volant.
Finalement, nous ne nous faisons pas trop secouer. Nous passons les quatre minutes que durent l'attraction à foncer pour éviter les autres petites voitures.
Lorsque nous ressortons, nous nous dirigeons vers le stand de bonbons. Je choisis tous ceux qui ont une apparence drôle ou étrange, alors que Zaven sélectionne uniquement les bonbons goût framboise. Pourquoi pas.
Nous nous installons ensuite sur un banc, un peu à l'écart de la foule.
— Je suis content de te voir sourire, chuchote Zaven quand je pose ma tête contre son épaule. J'aime trop ton sourire. Et sache que tu n'as aucune raison d'être jaloux, parce que je t'aime toi, personne d'autre.
— Je t'aime aussi.
Il recommence à jouer avec mes doigts, comme tout à l'heure dans la grande roue, je ferme les yeux.
— On rentre ? Il commence à faire froid, demande-t-il.
— Chez toi ou au gîte ?
— J'ai laissé mon chargeur au gîte, donc au gîte. Si ça te convient.
Je hoche la tête, les deux lieux me conviennent tant que Zaven est avec moi. Je me demande comment je vais faire à la fin des vacances, mais je préfère ne pas y penser pour le moment et profiter un maximum de sa présence si rassurante.
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Last Night
RomanceAmaël a toujours détesté partir en vacances, loin de ses accroches et de ses repères. Plus important encore, il déteste le sable, et sur une plage, il n'y a que ça. C'est pour ces deux raisons qu'il n'est pas vraiment heureux d'aller à la plage avec...