51 - Amaël.

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Jeudi 7 Septembre 2023.

Cela fait maintenant deux heures que nous roulons. Je l'ai dit à Zaven, mais je panique complètement à chaque accélération, à chaque voiture qui passe un peu trop près de la nôtre, à chaque virage ou changement de route. Et dire que demain je prends le train pour aller à l'appartement...Cela m'angoisse déjà.

Mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, j'écoute en boucle Play with fire depuis notre départ. La musique me rassure déjà en temps normal, et celle-là me fait penser à Zaven, alors c'est encore mieux. Il ne me manque pas encore vraiment, on n'est pas toujours ensemble toute la journée, mais je sais que ce soir, ça va être plus compliqué. Et demain soir, encore pire, car je serai seul à l'appartement.

Ma mère, qui ne conduit pas, se tourne vers moi en posant la main sur le siège de mon père. Je retire un écouteur.

Comment tu te sens mon grand ? Ça va mieux ? s'enquiert-elle doucement.

J'ai encore mal aux yeux d'avoir pleuré, mais je me sens mieux. Je hoche faiblement la tête, maman sourit.

Essaie de dormir, on aura pas mal de choses à faire, à la maison...

Elle se retourne vers la route. J'attrape la bouteille d'ice tea dans la porte et m'applique à boire quelques gorgées sans en renverser partout. Zaven est si parfait, cela me sidère encore. Pourtant, après un mois complet, je devrais m'habituer, mais il faut croire que non.

Moi : Je vais essayer de dormir, je suis vraiment crevé.

Moi : A plus tard, je t'aime.

Zaven le plus beau ❤️ : Je vais dormir aussi, alors. Dors bien mon ange, je t'aime aussiiiiiiiii.

Mon amoureux est trop parfait pour ce monde.

Je remets mon deuxième écouteur, referme la bouteille d'ice tea que je range dans la portière. Je pose mon téléphone sur le siège du milieu, qui n'est bizarrement pas encombré de sacs ou de valises, je replie mes jambes sur le siège et pose ma joue contre le rebord en plastique, sous la fenêtre.

Par chance, la fatigue a raison de moi, je ferme les yeux et mon esprit se déconnecte rapidement de ma conscience.

***

C'est un virage effectué par la voiture qui me réveille. Je n'ouvre pas les yeux pour autant, trop épuisé pour ça, mais je sais exactement où nous sommes. Encore un virage, et nous sommes à la maison. J'espère que mon père me portera jusqu'à ma chambre sans me réveiller, je sais qu'il a assez de force pour le faire. J'enverrai un message à Zaven depuis mon lit, il se chargera de prévenir Loukas et Eléonore.

La voiture s'immobilise. On n'a pas eu d'accident, je ne suis pas mort, youpi.

Regarde-le dormir, chuchote papa.

Je reste parfaitement immobile, feignant de dormir. Je ne veux pas me réveiller pour le moment, je suis épuisé.

Je m'occupe des sacs importants, tu peux l'emmener dans sa chambre, chéri ? Il est fatigué, laissons-le se reposer.

Merci, maman.

J'entends les portières avant s'ouvrir, puis la mienne. Je sens mon papa se pencher au-dessus de moi pour retirer la ceinture de sécurité, je pouffe intérieurement de rire quand il me prend dans ses bras.

Ma maman déverrouille la porte d'entrée. L'odeur de la maison m'avait manqué, j'en prends conscience maintenant. Papa me porte jusqu'à ma chambre, il me dépose délicatement dans mon lit. Je l'entends poser mon téléphone sur la table de chevet, il m'enlève doucement mes écouteurs avant de sortir de la chambre. Je prends conscience du silence assourdissant qui m'entoure, j'ouvre péniblement les yeux.

Je roule de façon à me retrouver sur le dos, je rive mes yeux sur le plafond blanc-crème au dessus de moi.

Je reconnais les bruits de pas de ma mère dans les escaliers, et la porte de ma chambre s'ouvre. Elle s'approche du lit, pose une main sur ma joue et se penche pour déposer un baiser sur mon front.

Repose-toi, on s'occupera des valises plus tard. Et préviens Zaven que nous sommes arrivés, aussi.

J'esquisse un faible sourire et je hoche la tête. Elle quitte ma chambre, j'attrape mon téléphone et le lève au-dessus de moi.

Moi : Je suis chez moi. :')

Moi : Mon père m'a porté jusqu'à mon lit comme si j'avais huit ans, c'était drôle.

Zaven le plus beau ❤️ : J'aurais beaucoup aimé voir ça mdrrr. T'as bien dormi ?

Moi : Oui, ça allait. T'as dormi, toi ?

Zaven le plus beau ❤️ : Moins bien qu'avec toi, mais j'ai dormi. Mange quelque chose aujourd'hui. :)

Il est adorable, il pense toujours à moi.

Après avoir un peu parlé avec lui et lui avoir demandé de dire à nos amis que je suis chez moi, je repose mon téléphone. Le tee-shirt de Zaven est roulé en boule à côté de moi, je l'attrape pour blottir mon visage dedans. L'odeur de menthe emplit mes voies respiratoires, je souris.

Je somnole comme ça jusqu'à treize heures trente. A cette heure-là, je me lève pour aller aux toilettes, puis je descends à la cuisine en espérant trouver quelque chose à manger. Mes parents sont installés dans le salon avec la voisine, ils racontent visiblement leurs vacances et je ne veux pas les déranger. J'attrape la bouteille d'ice tea que m'a offert Zaven, ainsi que le paquet de gâteaux qui était aussi dans la portière. Je trouve aussi un paquet de brioche entamé, celui qu'on avait au petit-déjeuner ce matin, j'en prends deux tranches et je retourne me réfugier dans ma chambre.

J'envoie une photo de mon goûter improvisé à Zaven, il me répond qu'il est fier de moi et la joie m'envahit subitement. Même quand je ne suis pas à côté de lui, il trouve le moyen d'être fier de moi. Je l'aime vraiment beaucoup, de tout mon cœur en fait.

Je mange tout ce que j'ai emporté dans ma chambre, petit à petit.

La journée passe beaucoup plus vite que prévu, et bientôt, le soir arrive. Je descends pour manger avec mes parents, et profitant de la fraîcheur de la soirée, je sors mes sacs et ma valise de la voiture pour les monter dans ma chambre. Je sors tous mes vêtements sales, les mets dans la machine, puis remplis ma valise avec des vêtements propres et tout ce dont j'aurai besoin pour la semaine prochaine. Je prépare également mon sac de cours.

Une fois tout cela terminé, je me laisse tomber sur mon lit en baillant. Ma chambre est beaucoup mieux rangée que dans mes souvenirs, je pourrai ramener Zaven ici plus vite que prévu. J'ai hâte de le voir ici.

J'envoie un message à mon amoureux pour le prévenir que je me suis couché, et la sonnerie de mon téléphone retentit juste après ça. Je décroche précipitamment, impatient d'entendre sa voix.

Hello, dit-il immédiatement. T'as mangé ?

Toute mon assiette, promis. Et toi ?

J'ai mangé aussi. C'est bizarre d'être tout seul dans mon lit, je n'ai plus l'habitude.

Je ne peux qu'être d'accord avec lui, je me sens très seul actuellement.

J'aurais dû t'embrasser plus longtemps ce matin, mon ange. Ça me manque beaucoup, là.

A moi aussi, osé-je répondre.

Quand on est ensemble, on est toujours collé l'un contre l'autre. Là, mon dos est collé au mur, et je serre fermement son tee-shirt contre moi. C'est nul un mur, c'est tout froid. Et ça ne m'embrasse pas le front, ni la tempe, ni la joue.

Zaven me manque. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant