Mardi 11 Juillet 2023.
Deux heures plus tard, je suis toujours chez Zaven. Il est assis par terre et câline affectueusement Abby. Moi, je suis assis sur son lit, et je le regarde jouer avec ma chienne, tout en surveillant qu'elle ne fatigue pas trop. Je finis par l'arrêter :
— Ne touche pas sa gorge, s'il te plaît.
Il recule immédiatement sa main, les yeux grand ouverts.
— Son problème, c'est à la gorge ? Damn, je suis désolé, je ne savais pas, s'excuse-t-il précipitamment.
C'est la première fois qu'un mot anglais se glisse dans une de ses phrases, et je crois que j'aime bien. J'ai cru comprendre qu'il n'a pas un bon souvenir de l'Angleterre à cause de son père, et il réfrène au maximum son accent, je l'entends. Alors qu'il se lâche au point d'utiliser des mots anglais en ma présence, ça me rassure un peu.
Précautionneusement, il caresse le haut du crâne de ma chienne avant de remonter avec moi sur le lit. Je me penche pour attraper Abby et la poser sur le lit en douceur. Zaven s'allonge en soupirant.
— Tu veux aller à la plage demain ? Normalement il ne pleuvra plus.
Moi, aller à la plage ? Certainement pas. Mais c'est avec Zaven...et je vais donc sûrement le revoir en short de bain...et passer du temps avec lui...Mais je ne vais pas aller à la plage juste pour un garçon, je ne suis pas faible à ce point.
— D'accord, capitulé-je après un combat acharné contre moi-même.
— Super, j'ai hâte, sourit-il.
J'en ai marre qu'il me fasse tourner la tête à ce point, ça ne me ressemble vraiment pas. Il sent la crème solaire et la menthe, c'est sûrement pour ça. Ça n'en a pas l'air, mais le mélange sent vraiment bon.
J'ose m'allonger à côté de lui après quelques instants d'hésitation et un nouveau combat contre moi-même. Il tourne la tête vers moi pour me sourire et je me sens défaillir. Ce n'est pas humain d'être attiré aussi vite par quelqu'un, ce genre de choses n'arrivent que dans les livres...J'ai peur que mes sentiments ne me fassent souffrir à la fin de l'été, quand je repartirai à cinq heures d'ici, puis quelques jours plus tard, à deux heures trente d'ici.
Je ne suis jamais sorti avec quelqu'un, ça serait con que mon premier petit-ami soit quelqu'un rencontré en vacances et que je ne vais sûrement pas revoir.
Je ne sais pas pourquoi je me fais tous ces films dans ma tête, un gars comme Zaven ne voudra jamais de moi. Il est extraverti, tactile, beau, danseur, musclé...tout ce que je ne suis pas. Ça ne serait pas logique qu'il veuille s'embarrasser de quelqu'un comme moi.
— Je ne me baigne pas, par contre.
Il tourne encore une fois la tête vers moi, étonné.
— Tu ne sais pas nager ? me demande-t-il.
— Si.
Son regard s'attarde dans le mien, il ne demande pas de précisions. Il a des yeux bruns clairs, mais comme nous sommes vraiment proches à cet instant, j'ai tout le loisir de contempler les quelques tâches dorées perdues dans ses prunelles brunes.
— Je suis content que tu passes tes vacances ici. Il y a aussi Loukas, évidemment, mais il a une copine maintenant, donc on se verra forcément moins, avoue-t-il brusquement.
Moi aussi je suis content de pouvoir passer du temps avec lui, mais je n'arrive pas à le dire à voix haute.
Je ferme les yeux quelques secondes. Et les rouvre brusquement en ayant une mauvaise impression, je me redresse et voit que Abby ne va pas bien. Immédiatement, je m'en veux de ne pas avoir remarqué plus tôt qu'elle souffrait.
Elle allait bien quand Zaven jouait avec elle...
Pas question de ne pas parler, cette fois.
— Il faut que je me lave les mains, dis-je précipitamment alors que Zaven pose son regard inquiet sur moi.
Il me montre immédiatement la direction de la salle de bains, je me dépêche d'y aller pour nettoyer mes mains. Je reviens dans la chambre à la hâte.
— Je peux faire quelque chose ? panique Zaven.
— Dans...dans mon sac...passe moi le flacon, là, et ce sachet.
Je déballe une aiguille et une seringue stérile, je prélève du médicament et m'assois sur le lit. Mes gestes sont mesurés, soigneux, je m'efforce de ne pas paniquer et de contenir mes tremblements. Je pince la peau d'Abby entre les omoplates, comme d'habitude, et je pratique l'injection. Une fois le produit injecté, Zaven prend doucement la seringue de ma main tremblante pour aller la jeter.
Il ne faut pas très longtemps pour que le produit agisse et que ma chienne s'endorme. Je me tourne enfin vers Zaven qui est debout près de moi, il pose son regard sur mes mains qui tremblent.
— Ça va ? demande-t-il d'une voix douce qui me donne envie de fondre en larmes.
Mes mains tremblent de plus belle.
— J'ai touché sa gorge tout à l'heure, souffle-t-il d'une voix tendue. Est-ce que c'est à cause de moi qu'elle va mal ?
Il pense que c'est de sa faute ? Je dois me concentrer de toutes mes forces pour que mes yeux ne se remplissent pas de larmes. Je ne veux pas que Zaven me voie pleurer.
— Non, c'est pas de ta faute, bégayé-je.
Il semble un peu rassuré par ma réponse tremblante. Ses doigts viennent effleurer les miens alors qu'il s'assoit en face de moi, je peine à conserver le contact visuel entre nous.
— Tu trembles tellement...je peux faire quelque chose ?
Je secoue la tête, la gorge nouée. D'habitude, je suis seul lorsque je dois lui faire une piqûre, personne ne me voit dans un tel état de faiblesse. Et personne ne me voit trembler de la sorte ni être au bord des larmes.
— Elle dort bien, maintenant...je...je pense que je vais rentrer. Tu as un parapluie ? J'ai peur que l'eau ne la réveille, questionné-je en essayant de contrôler ma voix.
— Oui. Je te raccompagne, je tiendrai le parapluie au-dessus d'elle pendant que tu la portera, ça sera plus simple ! s'exclame-t-il avec une énergie un peu trop forte pour être vraie à cet instant.
Il essaie de me faire penser à autre chose, je le sens bien. Et intérieurement, je le remercie tellement.
Il me raccompagne donc au gîte, tenant soigneusement le parapluie au-dessus de nous trois pendant que nous marchons.
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Last Night
RomantizmAmaël a toujours détesté partir en vacances, loin de ses accroches et de ses repères. Plus important encore, il déteste le sable, et sur une plage, il n'y a que ça. C'est pour ces deux raisons qu'il n'est pas vraiment heureux d'aller à la plage avec...