41 - Amaël.

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Mercredi 30 Août 2023.

En ouvrant les yeux, toujours blotti dans les bras de Zaven qui dort encore, je réalise quelque chose. Nous sommes le trente. Il reçoit ses résultats demain. Et ça me terrifie. Je sais ce que je lui ai dit, c'est à dire d'être positif, ce genre de trucs...sauf que tous les conseils que je lui ai donné, je suis incapable de les appliquer.

J'appuie mon front contre sa clavicule, refusant de céder à la panique qui m'envahit à toute vitesse. Malgré son sommeil, l'étreinte de Zaven se resserre doucement sur moi, je m'efforce de prendre de grandes expirations silencieuses.

J'ai déjà fait des cauchemars devant Zaven. Des crises nocturnes, des crises de larmes, tout ça, il a déjà vu. Mais mes crises d'angoisse qui apparaissent d'habitude en cours, il ne les a pas encore vues. Et je ne veux pas qu'il les voie. Je ne veux pas qu'il me voit ravagé par l'angoisse.

Malgré tous mes efforts, je sens mes muscles se crisper. Lentement, presque imperceptiblement, mais je me crispe. Ma respiration s'accélère, je me pelotonne davantage contre Zaven en espérant qu'il me protégera de mon esprit qui veut tellement me nuire.

Les larmes me montent aux yeux, brutalement. Je déglutis, mais le nœud dans ma gorge ne part pas. Je m'efforce de calmer ma respiration, je ne veux pas réveiller mon copain. Il mérite une nuit de sommeil complète, ça m'énerve de passer mon temps à le réveiller à cause de mes cauchemars et de tout ça. Mais rien n'y fait, l'angoisse s'immisce en moi plus violemment que ce que je pensais.

Mon ange ?

La voix de Zaven est douce. Inquiète. Je lève maladroitement mes yeux remplis de larmes vers lui, honteux de l'état dans lequel je me trouve.

Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il, toujours avec la même douceur.

J'ai peur, hoqueté-je.

Oh, mon ange...peur de quoi ?

Sa voix est maintenant vraiment inquiète. Il caresse mon dos, je sens que mes larmes roulent sur ma peau. Ma respiration s'est calmée, néanmoins, et je sais que c'est grâce à Zaven. Il est si patient avec moi, si doux, si gentil...

Que tu sois accepté ailleurs. Qu'on ne puisse pas vivre ensemble, que tu réalises qu'il y a d'autres gens bien mieux que moi et-.

Chut. Je ne vais rien réaliser du tout, je ne suis amoureux que de toi.

Il m'a coupé la parole au moment où, à cause de la panique, ma voix partait dans les aigus.

On est plus forts que la distance, mon ange. On se verra encore, dès qu'on le pourra. Et je serai peut-être accepté, on n'en sait rien du tout. Je ne sais pas si ça te rassure, mais mon niveau en maths est bien moins élevé que mon niveau en danse, et j'ai postulé dans des universités bien trop prestigieuses pour ce que je sais faire en maths, je serai probablement refusé de là-bas. Par contre, pour la New School, je sais que j'ai largement les capacités d'y aller. Si je suis refusé cette année, je vais m'améliorer encore, et je serai accepté l'année prochaine.

Il détache l'un de ses bras de mon corps pour passer son pouce sous mes yeux et retirer les larmes de mes joues. Je me laisse faire en silence, ses mots ont stoppé les sanglots qui menaçaient de transpercer.

Et puis on vivra forcément ensemble, mon ange. Peut-être pas cette année, mais la suivante, ou encore celle d'après...On est jeunes, on a le temps d'évoluer ensemble.

Mes sanglots arrivent à une vitesse phénoménale. Je cache mon visage dans le tee-shirt de Zaven, de plus en plus honteux. Quand c'est par rapport à Abby, c'est plus facile. Mais là, toute mon angoisse est autour de lui, et ça me gêne pour une raison que j'ignore totalement.

Pourquoi t'es si parfait ? sangloté-je contre lui.

Parce que quelqu'un d'aussi parfait que toi mérite la perfection que je m'efforce d'avoir pour toi.

Il n'a même pas hésité une seule seconde avant de répondre. Comme si ces mots étaient une évidence pour lui. Il n'a pas eu besoin de réfléchir avant de dire ça, et je suis autant ému par sa spontanéité que par ses mots.

Je recule ma tête et je me hisse à sa hauteur pour poser mon front contre le sien. Il me regarde faire, incline un peu la tête pour déposer un baiser sur le coin de ma lèvre. Un tout petit baiser, qui dit tellement de choses. Je ne pleure plus du tout. Zaven a réussi à faire fuir mon angoisse, un petit peu plus loin que d'habitude.

J'ai quand même peur, avoué-je. Mais tu me rassures. Tes mots, ta présence...ça me rassure.

Un rire s'échappe de ma bouche quand il baille. C'est vrai qu'il est tôt, je l'ai encore empêché de dormir. Il est quatre heures quarante-cinq du matin. Son bâillement me fait aussitôt bailler à mon tour, je me blottis contre lui. Nous allons terminer notre nuit, maintenant.

Bonne fin de nuit, lui souhaité-je en fermant les yeux.

Réveille-moi si ça ne va pas.

Mes yeux me piquent encore un peu en raison de mes précédentes larmes, mais je ne mets pas longtemps à m'endormir. La chaleur réconfortante et rassurante de mon amoureux m'entoure, sa respiration calme me sert d'exemple pour la mienne.

***

Lorsque j'ouvre les yeux pour la deuxième fois de la matinée, les rayons du soleil inondent la chambre. Zaven est réveillé, et il...me regarde ?

C'est glauque de regarder les gens dormir, commenté-je doucement.

Premièrement, je ne te regarde pas, je t'admire. Deuxièmement, tu n'es pas "les gens", tu es mon amoureux.

Je repousse les couvertures et m'assois sur le matelas en passant mes deux mains dans mes cheveux. Zaven se redresse derrière moi, il pose son menton sur mon épaule et dépose un baiser sur ma nuque. Je souris à ce toucher, et je frémis un peu, parce que son baiser était trop doux et que ça chatouille.

Nous descendons prendre notre petit-déjeuner avec mes parents. Cette nuit, nous avons dormi au gîte, et ce soir nous dormons chez lui.

Bien dormi ? nous demande papa. T'as l'air fatigué mon grand, tout va bien ? ajoute-t-il en se tournant vers moi.

Je me laisse tomber sur une chaise en haussant les épaules.

Je commence à stresser pour la rentrée, déclaré-je alors que Zaven s'assoit à côté de moi.

Il gigote de façon à coller sa chaise contre la mienne, je ris en même temps que lui.

Chocolat chaud pour tout le monde ? questionne maman en sortant une casserole pour faire chauffer du lait. Je vais en faire à la cannelle, j'espère que tu aimes Zaven.

Mon amoureux sourit en acquiesçant. J'aime bien le voir dans la cuisine avec ma famille, en fait. Mes parents ont accepté ma relation avec Zaven sans problèmes, et je leur en suis reconnaissant pour ça. On a beaucoup parlé, cette semaine, et je leur ai un peu expliqué à quel point Zaven est présent pour moi.

Ils se sont beaucoup excusés, je les ai pardonnés. Je sais qu'ils font vraiment des efforts, alors ça me va. Je ne voulais pas repartir d'ici en étant fâché avec eux, de toute façon.

Vous avez prévu quelque chose aujourd'hui ? On pourrait aller au parc d'attractions, si ça vous tente, propose maman.

Je croise le regard enthousiaste de Zaven. Je suis un gros peureux qui ne supporte pas les sensations fortes, mais je peux consentir à faire quelques manèges qui ne vont ni trop vite ni trop hauts, alors j'accepte. La joie se lit dans les prunelles de mon amoureux, il m'embrasse sur la tempe devant mes parents. Je rougis considérablement, mais je ne le repousse pas. Il faut bien qu'ils s'y habituent, Zaven est tactile tout le temps. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant