50 - Zaven.

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Jeudi 7 Septembre 2023.

J'embrasse Amaël encore une fois avant qu'il ne sursaute à cause d'un coup de vent soudain. Quelques tiges de lavande se rabattent sur nous, il éclate de rire contre mes lèvres, je souris sans pouvoir m'en empêcher.

On devrait rentrer, Amaëlou...il est déjà deux heures trente, tu ne vas pas dormir beaucoup, tu vas être épuisé...

D'accord.

Comme pour prouver mes dires, il se met à bailler. Il s'enlève de mes jambes, se redresse et prend mes mains dans les siennes pour m'aider à me lever. Puis, main dans la main, nous retournons au gîte, en marchant cette fois. Nous remontons dans sa chambre, nous déshabillons rapidement et nous glissons dans le lit. Blotti contre moi, mon amoureux s'endort. Il est trois heures du matin, son alarme sonne dans une heure et demi. Il va vraiment être épuisé, ça m'inquiète beaucoup. J'espère qu'il arrivera à dormir un peu dans la voiture...

Le visage niché dans son cou, je m'endors à mon tour.

***

La sonnerie désagréable du téléphone d'Amaël me fait ouvrir les yeux. Une heure trente de sommeil, ça pique. Je me redresse, frotte mes yeux larmoyants de fatigue. Mon amoureux se redresse lui aussi, il semble épuisé. Il est épuisé, en fait, et c'est plutôt logique.

Comment tu te sens ? osé-je demander.

Ça va...Merci de m'avoir rassuré, cette n-...tout à l'heure, plutôt.

Je me précipite dans ses bras, il retombe à la renverse sur le matelas. La joue posée sur son pectoral droit, j'écoute les battements de son cœur alors qu'il me serre contre lui. Je ne veux pas qu'il parte, ça ressemble beaucoup trop à des adieux et je n'aime pas ça du tout.

Son histoire d'accident de voiture m'a fortement perturbé. Je ne stresse pas vraiment à propos de ça, mais disons que cela a développé une légère inquiétude qui ne quitte pas mes pensées. Je vais dire à maman de rouler prudemment lorsqu'elle m'emmènera à l'appartement, samedi.

Il faut qu'on s'habille. Courage mon ange, tu peux le faire. Je t'aime fort.

Tu peux dormir encore, si tu veux...Je viendrai te réveiller avant de partir, me propose-t-il avec un petit sourire parfaitement adorable.

Non merci, je préfère rester collé à toi jusqu'à ton départ.

Je repousse la couverture, même si je n'en ai pas du tout envie. Je n'arrive vraiment pas à réaliser qu'Amaël s'en va dans moins de deux heures. Nous nous habillons, mon amoureux ne cesse de bailler. Il est épuisé, je n'aime pas trop ça. J'espère sincèrement qu'il dormira pendant tout le trajet.

J'attrape un tee-shirt et mon parfum sur la table de chevet. J'en vaporise partout sur le tee-shirt avant de le donner à Amaël, il fait la même chose avec l'un de ses tee-shirts et son parfum. Je me retiens de plonger mon visage dans le tissu, je vais garder l'odeur pour quand il ne sera pas là. C'est débile, on se revoit dans deux jours, mais il va terriblement me manquer. Je me suis habitué à sa présence dans ma vie, tout le temps, et ça me fait bizarre.

Sa présence dans ma vie est incroyable, c'est pour ça.

Une fois habillés, nous descendons dans la cuisine. Je n'ai pas faim, j'ai même plutôt envie de vomir, mais je sais aussi que si je ne mange pas, il ne mangera pas non plus. Ses parents sont dehors en train de finir de ranger les sacs dans le coffre.

Je nous fais des chocolats chauds et nous partageons une tranche de brioche. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est déjà ça. Je lui fais d'ailleurs promettre de manger un peu pendant le trajet, j'ai glissé une bouteille d'ice tea dans le vide poche de la portière, là où il s'assoit, ainsi que quelques gâteaux. Mais ça, il ne le sait pas encore.

Les minutes passent beaucoup trop vite. Il ne reste maintenant plus que dix minutes avant le départ, et je suis parfaitement terrifié.

Viens, on monte dans ta chambre, chuchoté-je. J'ai envie de t'embrasser.

Il glisse sa main dans la mienne et m'entraîne immédiatement à l'étage. J'essaie de ne pas trop montrer ma surprise quand il me pousse vers le matelas, ses lèvres se collent immédiatement contre les miennes. J'enroule fermement mes bras autour de son corps. J'ai l'impression que ce baiser est encore meilleur que d'habitude. Un minuscule gémissement m'échappe face à son insistance, et nous passons de longues minutes à nous embrasser, jusqu'à ce que sa mère vienne toquer à la porte pour nous dire que c'est l'heure du départ.

A contre-coeur, Amaël se redresse. Nous sortons du gîte, il serre fermement mon tee-shirt dans sa main. Ses parents me disent au revoir avant de s'installer dans la voiture, laissant un peu d'intimité à moi et Amaël pour nous dire au-revoir. J'ai une grosse envie de pleurer, mais je vais attendre qu'il soit parti pour ça. Dès qu'il part, je remonte dans sa chambre où son odeur est partout et je me blottis dans son lit.

Ça va aller mon ange, on se revoit vite...

Oui, samedi. On s'appelle, ce soir ? me demande-t-il d'une petite voix.

Promis.

Je le rapproche de moi et l'embrasse. Il passe ses bras autour de mon cou, nous échangeons plusieurs petits baisers. J'ouvre ensuite sa portière, il sourit en remarquant ce que j'ai mis dans le vide-poche. Il s'installe, je me penche pour l'embrasser une dernière fois avant de fermer la porte. Je me mords la lèvre pour retenir les larmes qui menacent de déborder de mes yeux, et en regardant à travers la vitre, je vois bien qu'il est dans le même état.

Je recule de quelques pas. Et la voiture démarre. Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre, je cligne rapidement des yeux. Mais quand la voiture disparaît de mon champ de vision, les larmes roulent sur mes joues.

Je monte dans la chambre d'Amaël. J'attrape mon téléphone sur la table de chevet, j'ouvre l'application Notes et copie le message que j'ai préparé pour mon amoureux avant de lui envoyer ce texte. J'espère que ça suffira à le rassurer.

Je me glisse sous la couverture et prends plusieurs longues inspirations. Heureusement que son odeur est partout. J'enfouis mon visage dans son oreiller. Il me manque déjà, c'est terrible.

Il se passe quelques minutes avant qu'il me réponde. Sa réponse se résume à un "je t'aime" tout en majuscules, suivi d'une ribambelle de cœurs rouges. Je lui réponds que je l'aime aussi, il rajoute qu'il m'aime fort et je souris à travers mes larmes. J'ai hâte que samedi arrive.

Blotti dans son lit, les couvertures rabattues au-dessus de ma tête, je regarde des vidéos sur mon téléphone en attendant d'éventuels updates. Je n'ai pas envie de dormir malgré ma fatigue, l'histoire d'accident de voiture se promène toujours dans mon esprit.

Une heure après son départ, il m'envoie un message me disant qu'il a enfin arrêté de pleurer - ce qui me fait immédiatement mal au cœur - et que le trajet lui paraît long. Je lui réponds que j'ai aussi arrêté de pleurer et que l'attente me paraît longue aussi. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant