37 - Amaël.

142 13 32
                                    

Dimanche 20 Août 2023.

Je n'arrive plus à respirer. Paralysé sur le matelas, je peux sentir mes larmes froides qui coulent sur ma peau chaude et vont s'échouer sur l'oreiller. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux, je tremble, autant d'angoisse que de froid. Un mince filet d'air s'introduit dans mes poumons, mais je ne parviens pas à expirer.

Rectification, mes larmes sont glacées, ma peau est brûlante. La fraîcheur de mes pleurs me fait mal tant le contraste est grand, je n'en peux plus.

J'entends une voix, mais cette voix me paraît si lointaine, je n'en comprends pas les mots. Une chaleur m'enveloppe, réchauffant mon corps tremblant de froid. J'expire lentement, je veux comprendre ce que la voix me dit.

Je me concentre de toutes mes forces, toute mon attention se focalise sur la voix. Et enfin, j'intègre dans mon esprit que je ne me suis pas endormi seul. Zaven est là.

Mon ange, il faut que tu te réveilles...Ouvre les yeux, Amaël.

J'inspire une grande bouffée d'air en ouvrant les yeux. La lumière est allumée dans la chambre, le visage inquiet de Zaven est penché sur le mien. Je me redresse, de nouvelles larmes jaillissent de mes yeux, je me jette dans les bras de Zaven. Et j'éclate en sanglots douloureux qui me font mal aux poumons, qui me font mal à la gorge, qui font souffrir tout mon corps. Je tremble de plus belle.

Je suis là, je suis là mon ange...répète doucement Zaven en caressant mon dos.

Je t'aime, hoqueté-je.

Il me répond la même chose. Pendant plusieurs minutes, je m'affaire à calmer mes sanglots et mes tremblements, mon amoureux passe sa main dans mon dos en décrivant des cercles pour m'aider à me calmer.

Finalement, ma respiration redevient à peu près normale. Zaven s'allonge en me gardant contre lui, je tends le bras pour éteindre la lumière.

Merci, finis-je par dire.

Arrête de me remercier à chaque fois, Amaëlou...Je suis amoureux de toi, fou amoureux de toi, alors je t'aiderai à chaque fois que je le pourrai, et pour n'importe quoi.

J'essaie de lui répondre que moi aussi, je suis fou amoureux de lui, que moi aussi, je ferais tout pour l'aider, mais je n'y arrive pas. Les mots restent bloqués, et je me maudis pour ça. Il arrive si bien à s'exprimer, lui, mais moi, je galère à lui dire simplement que je l'aime.

Je veux te répondre la même chose mais je n'y arrive pas...murmuré-je plaintivement.

Je le comprends avec tes gestes, ne te force pas à le dire si tu n'y arrives pas, je comprends.

Zaven est parfait, je l'aime tellement. J'ai besoin de lui dire à quel point je l'aime, il le mérite. J'enfouis mon visage dans son cou et je prononce à toute allure :

Je t'aime tellement, je t'aime de tout mon cœur.

Zaven me serre contre lui en silence, embrassant ma joue, mes cheveux, ma main...Tout ce qu'il peut embrasser de moi. Épuisé, je ferme les yeux, et nous nous endormons petit à petit, ensemble. C'est grâce à lui que je réussis à me rendormir après mon cauchemar.

***

Après une journée passée avec Zaven et mes parents, Zaven rentre chez lui en me promettant de m'appeler après le repas. J'ai pris une décision, ce matin, en me réveillant : je veux essayer de dormir seul, une fois. Et cette fois, ce sera cette nuit. Car si à la rentrée Zaven est loin de moi, il faudra bien que je dorme seul, et je veux être capable de passer la nuit tout seul avant la rentrée.

Mais pour ne pas tout faire d'un coup, j'ai accepté de m'endormir en appel avec mon amoureux. Je pourrai entendre sa voix, il a vaporisé de son parfum - qui est à la menthe comme son gel douche - sur un de ses tee-shirts qu'il a soigneusement posé sur mon oreiller, alors ça ira, j'en suis persuadé. Je suis parfaitement capable de dormir seul dans mon lit.

Après le repas, Zaven m'appelle directement. J'ai les mains qui tremblent en décrochant, mais l'envie d'entendre la voix de mon amoureux est plus forte que mon angoisse.

Tu te sens comment mon ange ? me demande-t-il directement. Si ça ne va pas, je débarque et je m'introduis dans ta chambre.

Ça va, ris-je.

Son tee-shirt est posé sur mon ventre, je n'arrête pas de le porter à mon nez pour le renifler.

Je suis totalement d'accord avec ton idée d'essayer de dormir seul, Amaëlou, mais s'il te plaît, pas trop souvent voir pas du tout, parce que tu me manques et que je veux profiter de dormir avec toi et de t'embrasser tout le temps.

Je hoche la tête avant de me rappeler qu'il ne peut pas me voir.

Promis. Juste cette nuit.

Je me glisse sous ma couette et positionne le tee-shirt de Zaven dans mes bras, comme un doudou. C'est ça qu'il faudra que je fasse, acheter le même parfum que Zaven pour en mettre sur mon doudou.

Demain je viens chez toi à la première heure, tu me manques trop, se plaint Zaven. Mon lit est affreusement vide.

Tu me manques aussi, réussis-je à dire.

Arrête, dis pas de trucs comme ça ou je vais vraiment venir.

Je suis tenté d'accepter, mais je résiste soigneusement. Il faut que je réussisse à dormir seul, c'est important pour moi...Mais en même temps, il a raison : il vaudrait mieux profiter du temps qu'il nous reste ici. Je repars dans dix-sept jours, le mercredi six septembre, et la rentrée est le onze septembre.

Zaven...j'ai changé d'avis, tu peux venir ? Je dormirai tout seul entre mon départ et la rentrée, je suis sûr que tu seras accepté.

Il ne répond pas. Oh non, j'espère qu'il ne s'est pas endormi...

Zaven ? répété-je.

Je mettais mes chaussures. Viens m'ouvrir la porte, je suis là dans deux minutes.

Je me relève et dévale les escaliers, presque en courant. Je déverrouille la porte d'entrée, Zaven arrive rapidement et je me jette dans ses bras. Il me serre contre lui de toutes ses forces, je n'arrive pas à m'empêcher de sourire.

Merci d'être venu...

Je n'attendais que ça. Désolé de briser ton objectif, d'ailleurs, mais j'aime trop dormir avec toi. Et faire ça, aussi, ajoute-t-il avant de m'embrasser.

Nous montons dans ma chambre après ce baiser, je me blottis directement dans ses bras. Profitons de ces dix-sept jours de vacances ensemble.

Je ne mets vraiment pas longtemps à m'endormir, pour une fois. L'odeur rassurante de mon amoureux m'entoure, ainsi qu'une petite phrase qu'il prononce juste avant de s'endormir et que j'entends à travers mon demi-sommeil :

Fais de beaux rêves, mon amoureux. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant