Dimanche 2 Juillet 2023.
— Moi vivant, je n'irai pas sur la plage, affirmé-je en croisant les bras.
Papa fronce les sourcils. Mon heure est venue, il va m'assassiner. Au secours. Sauvez-moi. Je ne veux pas mourir avant d'avoir rencontré le fils de la propriétaire du gîte. Je ne connais même pas son prénom, mais il est beau, alors...Alors c'est intéressant. J'aurais pu penser à demander son prénom, mais non, j'étais bien trop obnubilé par sa photo pour réussir à penser à quoi que ce soit.
— Au moins aujourd'hui, avant qu'il n'y ait plein de monde, insiste maman.
Je soupire et attrape la laisse d'Abby, accrochée dans l'entrée. Je tourne les talons pour remonter dans ma chambre et réveiller ma chienne, car je sais que si elle vient, je ne serai pas obligé de rester très longtemps sur la plage. Au moins, je les accompagne, ils n'ont pas intérêt à râler.
Je redescends, Abby dans les bras, et j'enfile sagement mes chaussures. Pas de sandales comme mes parents, je déteste ça. Mais encore une fois, déjà que je les accompagne, ils ne peuvent pas se plaindre.
Nous sortons de la maison, papa ferme la porte à clé, je pose Abby sur le sol. Elle a l'air en forme aujourd'hui, je suis content. Mes parents avaient peut-être raison, changer d'air lui fait du bien.
Sur la plage, nous installons nos serviettes de plage à l'ombre d'un gros rocher. Maman se met soudain à faire de grands signes de la main, je détourne la tête en faisant mine de ne pas la connaître. Elle interpellait la propriétaire de notre gîte, cette dernière nous rejoint en souriant grandement. Je sens qu'elle va bien s'entendre avec mes parents, si elle n'est pas gênée par leurs mimiques agaçantes.
— Le gîte est incroyable, s'exclame maman.
— La vue est merveilleuse, n'est-ce pas ?
Elles commencent à discuter pendant que papa s'endort déjà sur sa serviette de plage. Moi je suis assis, les pieds dans le sable, et je gratouille le ventre d'Abby qui est couchée sur le dos, les pattes en l'air.
— Mon fils est en train de se baigner, il ne devrait pas tarder, m'informe Suzanne - la propriétaire du gîte.
— D'accord, réponds-je au bout de quelques secondes.
Cette femme ressemble un peu trop à ma mère à mon goût, c'est stressant.
Abby se relève et se secoue pour se débarrasser du sable coincé dans ses poils. Je lève distraitement les yeux, et mon regard est happé par celui qui marche vers nous.
C'est manifestement le fils de Suzanne. Il est pareil que sur la photo, sauf qu'il est plus musclé, plus bronzé, et encore plus beau.
D'une démarche assurée, il vient vers nous. Son short de plage blanc contraste avec le doré de sa peau bronzée, une goutte d'eau roule entre ses pectoraux, ses cheveux noirs sont mouillés et rabatus en arrière pour ne pas tomber dans ses yeux. Mon cœur loupe un battement, je cligne lentement des yeux pour imprégner au mieux cette image dans mon esprit.
Si ce mec est sur la plage tout l'été, je vais peut-être me mettre à apprécier le sable.
— Zaven, s'écrie Suzanne. Voici Amaël, ajoute-t-elle en me montrant d'un geste de la main.
Je ne comprends pas comment son prénom est censé s'écrire. Zayven ?
J'esquisse un sourire gêné. J'espère qu'il ne possède pas une ouïe supersonique, parce que mon cœur bat beaucoup trop vite pour un être humain normalement constitué.
— Salut, lance-t-il d'une voix calme et parfaitement maîtrisée.
Heureusement que je ne porte jamais mes lunettes, sinon elles seraient probablement recouvertes de buée à l'heure qu'il est.
— Salut, dis-je en retour.
Evidemment, lorsque c'est moi qui le dit, c'est beaucoup moins impressionnant. Ça ne l'est même pas du tout.
Je dois faire preuve d'un sang-froid impressionnant pour ne pas regarder cette autre goutte d'eau qui fait son petit chemin sur ses abdominaux et je baisse les yeux sur Abby qui quémande des caresses. Ma mère et Suzanne recommencent à parler, très fort, se proposant déjà d'aller prendre l'apéritif chez cette dernière, demain soir.
Maman sociabilise plus que moi, incroyable. Ceci est bien entendu ironique, puisque je ne sociabilise quasiment jamais. La dernière fois que je me suis fait des amis, c'était au début du lycée, et ça s'est arrêté là.
Zaiven/Zayven/Zaven me tourne maintenant le dos. Même son dos est impressionnant, avec un bronzage absolument parfait, ses épaules assez larges et musclées...Oui, je bave. Il est incroyablement beau.
Abby se lève et se laisse tomber directement sur le sable. Comprenant qu'elle est fatiguée, je me remets debout et la prends directement dans mes bras, je ne vais pas la faire marcher si elle n'en peut plus.
— Papa, j'y vais, Abby est fatiguée, lancé-je en récupérant sa laisse sur le sol.
Mon père me fait un signe de la main. Abby dans les bras, je traverse la plage pour trouver l'escalier que nous avons emprunté tout à l'heure. Ma chienne est déjà en train de s'endormir, et ça ne me plaît pas du tout. Elle attend toujours d'être sur mon lit, ou au moins à la maison, pour dormir.
Je crois que je vais devoir lui faire une piqûre d'antidouleurs. J'ai horreur de ça, je ne supporte pas de lui planter une aiguille dans la peau, mais je n'ai malheureusement pas le choix. J'accélère le pas pour retourner au gîte.
Arrivé devant la porte, je suis bien obligé de poser Abby quelques secondes le temps de trouver la clé dans la poche de mon short et de déverrouiller la porte. Je la reprends directement dans mes bras après ça et me précipite dans ma chambre. Elle respire trop fort, je vois bien qu'elle a mal.
Je la pose délicatement sur mon lit et attrape mon sac contenant ses médicaments. Je vais me laver les mains dans la salle de bains, puis je prépare soigneusement la piqûre d'antidouleurs. Je pince avec douceur la peau de ma chienne, entre les omoplates, et je fais l'injection sans hésiter. Je retire ensuite l'aiguille et je masse sa peau quelques secondes.
Je l'installe plus confortablement dans mon lit et je sors de ma chambre en soupirant, autorisant enfin mes mains à trembler. Je n'aime vraiment pas devoir lui faire des piqûres.
Je m'assois dans les escaliers et attrape mon téléphone.
Maman : Tu reviens avec nous après ?
Moi : Non, je préfère rester avec elle au cas où
Je rouvre ma porte pour vérifier si elle dort bien. Constatant que c'est le cas, je descends à la cuisine pour prendre mon goûter.
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Last Night
RomantizmAmaël a toujours détesté partir en vacances, loin de ses accroches et de ses repères. Plus important encore, il déteste le sable, et sur une plage, il n'y a que ça. C'est pour ces deux raisons qu'il n'est pas vraiment heureux d'aller à la plage avec...