22 - Amaël.

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Jeudi 27 Juillet 2023.

Regarde-les, ils sont trop mignons !

Ils sortent ensemble, tu crois ?

Je me retiens d'ouvrir les yeux, perplexe. Je sens bien une chaleur inhabituelle qui entoure mon corps, et je me rappelle rapidement qu'il s'agit de Zaven. Quant aux voix que j'entends au-dessus de nous, ce sont de toute évidence Eléonore et Loukas.

Ils dorment très proches pour de simples amis, en tout cas, constate la brune. Ils sont carrément collés l'un contre l'autre.

Taisez-vous un peu, vous allez le réveiller, s'élève la voix de Zaven.

Avec délicatesse, il s'extirpe de mon étreinte, et je devine qu'il s'assoit au bord du lit. Son contact me manque immédiatement, mais je conserve les yeux fermés pour le moment, légèrement honteux en pensant que je me suis collé à lui toute la nuit. Au bout de quelques secondes, je m'autorise également à ouvrir les yeux et je me redresse.

Bien dormi ? demande gentiment Zaven, aucunement gêné par le fait que j'étais dans ses bras pendant toute la nuit.

Oui, ça va.

Grâce à lui, mais ça, je ne vais pas le dire. Il doit s'en douter, de toute façon, puisque je ne me suis endormi qu'une fois pelotonné contre lui.

Je me sens rougir sous les regards inquisiteurs des amis de Zaven. Ils se posent des questions et je le vois bien, mais je n'ai aucune explication à leur fournir, puisque je n'arrive déjà pas à répondre à mes propres interrogations.

Je me penche vers le bord du lit pour câliner Abby qui se réveille doucement. Je souris en la voyant se lever pour venir s'installer sur mes jambes, elle a l'air d'aller bien ce matin. Une semaine entière est presque passée depuis que j'ai appris qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps. J'ai l'impression que mon cœur se fait comprimer dans un étau quand je réalise qu'il ne lui reste donc plus qu'une ou deux semaines.

Ne pense pas à ça maintenant, comprend Zaven en posant une main compatissante sur mon épaule. On va prendre le petit-déjeuner ?

Nous descendons à la cuisine une fois tous habillés. Eléonore prend un thé noir, Loukas prend un café, Zaven un chocolat chaud, et moi, contre toute attente, - ironie - je prends un thé vert à la menthe. Et j'écarquille les yeux lorsque Zaven rapproche sa chaise de la mienne pour s'asseoir juste à côté de moi après avoir posé de la brioche, de la confiture et du chocolat sur le plan de travail.

Son genou se presse contre le mien, je manque de renverser du thé sur moi.

Zaven, on ne peut pas rester manger ici ce midi comme prévu, ma grand-mère revient de ses vacances, annonce Eléonore.

Je vais me retrouver seul avec Zaven ? Je le masque consciencieusement, mais cette nouvelle me rend bien plus content que ce que j'aurais pu imaginer.

Tant pis, je mangerai avec Amaëlou, ça va être cool.

Zéphyr n'est pas là, il est avec sa mère, et le beau-père de Zaven n'est pas là non plus. Une fois de plus, je vais être entièrement seul avec lui. Et je dois avouer que ça ne me dérange pas. Je suis content quand je suis seul avec lui, pour la bonne raison que je tombe amoureux de lui, évidemment.

On doit y aller dans une heure, déclare Loukas. Désolé de vous abandonner comme ça, mais je suis sûr que vous n'allez pas vous ennuyer pour autant...

Arrête avec tes sous-entendus ! s'exclame Zaven.

Des sous-entendus ?

Conclusion : non seulement, je suis socialement inadapté, mais je suis lent à comprendre aussi. Disons que j'enchaîne les défauts.

Une heure plus tard, Loukas et Eléonore récupèrent leurs affaires pour s'en aller. Zaven se tourne immédiatement vers moi, un grand sourire aux lèvres, puis il me demande joyeusement :

Tu veux rester manger ici ou aller dehors ?

Comme tu préfères.

Mais non, Amaëlou, moi je veux connaître ton avis ! Moi je m'en fiche, je n'ai aucune préférence.

Je ne sais pas si j'aime le surnom en lui-même, mais je l'apprécie beaucoup, puisqu'il vient de Zaven.

Dehors, mais...un endroit tranquille. Si possible.

Tout est possible, je suis un génie.

Et modeste, en plus.

Je me rends dans la chambre de Zaven pour récupérer les affaires dont j'aurai potentiellement besoin pour Abby et je rejoins mon ami dans l'entrée. Pendant qu'il ferme la porte à clé derrière nous, il m'annonce qu'il a vérifié si un restaurant qu'il aimait bien existait toujours auprès de Loukas, et qu'il est apparemment toujours aussi calme.

On ne passe pas au gîte ? Je n'ai pas d'argent sur moi, finis-je par dire en voyant qu'on part dans l'autre direction.

Laisse tomber l'argent, je t'invite. Et n'ose pas refuser, je te promets que ça me fait plaisir.

Je ne cherche donc pas à refuser, nous commençons à marcher. Je finis même par poser Abby sur le sol, voyant qu'elle est vraiment en forme aujourd'hui. Elle trottine gaiement entre nous, je ne retiens pas mon sourire en la voyant comme ça.

Je la reprends tout de même assez rapidement dans mes bras puisqu'elle a mangé juste avant que nous partions.

Le restaurant où il m'emmène est effectivement calme, et c'est plutôt joli. Les lumières sont douces, il ne fait pas trop chaud...Parfait. Nous nous installons dans un coin, assez éloigné des gens, et nous commandons la même chose à manger et à boire : des spaghettis carbonara accompagnés, bien évidemment, d'ice tea.

Zaven se penche vers moi au dessus de la table et chuchote :

Je n'aime pas l'alcool mais j'ai envie d'en commander juste parce que j'en ai le droit maintenant, je suis un gamin, termine-t-il en gloussant.

Je ris un peu avec lui.

T'aimes l'alcool, toi ?

Non, pas vraiment, dis-je en secouant la tête.

Je termine tranquillement mes pâtes, fier de moi de réussir à finir mon assiette. Zaven est magnifique, j'ai très envie de le dessiner. Hier, je lui ai offert un de mes dessins, mais il n'a ouvert aucun des cadeaux, décrétant qu'il préférait le faire tout seul.

T'as encore du temps ? On pourrait aller au parc, près du lac, j'ai trop envie d'une glace.

Seulement si on passe au gîte et que je te paye la glace.

Il rit, je contemple son sourire en silence, puis il accepte ma proposition. Je commence à avoir suffisamment d'éléments pour le dessiner, son visage revient sans cesse dans mes pensées.

Nous repassons donc au gîte, une fois de plus, mes parents ne sont pas présents. Et dire que leur argument pour me convaincre de venir en vacances avec eux était de me dire qu'ils me verraient moins à la rentrée, ils ne sont jamais là. Sauf que moi non plus, je ne suis jamais là, je passe les trois quarts de mon temps avec Zaven, et ce n'est clairement pas pour me déplaire.

Abby doit encore aller chez le véto, demain. Tu pourras m'accompagner ? demandé-je, usant du peu de courage que je possède.

Bien sûr, à quelle heure ?

Je ne tombe pas seulement amoureux de lui : c'est vraiment un ami parfait. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant