8 - Zaven.

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Dimanche 9 Juillet 2023.

Assis sur le banc, dans le parc, j'attends Amaël. Il n'est pas en retard, je suis simplement venu en avance. Je fixe le lac, ce lac qu'il a dessiné si rapidement jeudi. Je ne comprends pas comment c'est humainement possible de dessiner quelque chose aussi bien et aussi vite. Il est doué, et je le pense sincèrement, son dessin était absolument magnifique.

Des bruits de pas attirent mon attention, je tourne la tête pour voir Amaël arriver doucement, ses écouteurs dans les oreilles. Il vient s'asseoir à côté de moi, et je remarque vite que Abby n'est pas là. Je commence à m'inquiéter, le blond retire un écouteur et remarque que je regarde partout autour de moi, espérant apercevoir la chienne que j'apprécie beaucoup.

Chez le véto', contrôle de routine. Je vais la chercher dans deux heures, annonce-t-il.

Et tu ne restes pas avec elle ? m'enquiers-je, un peu rassuré.

Elle doit faire une radio et d'autres trucs, donc non.

Je ne savais pas que le vétérinaire était ouvert le dimanche après-midi...

Il appuie son dos contre le dossier du banc. Je vole son écouteur qui reste suspendu près de son bras, me rapproche de lui pour ne pas tirer sur le fil et approche l'objet de mon oreille pour entendre ce qu'il écoute. Je ne connais pas la musique, mais je ne m'attendais pas trop à ça. Je pensais innocemment que Amaël écoutait des musiques douces, calmes...Visiblement, je me suis bien trompé.

Sans dire un mot, le blond allume son téléphone et tourne l'écran vers moi pour me montrer le titre de la musique.

Happy death day. De Xdinary Heroes. Je ne connais pas, mais j'aurai sûrement oublié le titre ce soir.

Tu me l'enverras, je veux l'écouter en entier !

Un pâle sourire s'affiche sur les lèvres d'Amaël. Je devine qu'il est quand même un peu inquiet pour sa chienne, ce qui est totalement normal et que je comprends aisément. Je peux peut-être essayer de lui faire penser à autre chose pendant ces deux heures, histoire qu'il ne stresse pas trop...

Il ne fait pas très chaud aujourd'hui, bizarrement. Le ciel est couvert, et un coup de vent me fait frissonner. L'envie de boire un chocolat chaud me prend, je réfléchis rapidement à l'emplacement du café le plus proche.

Ton vétérinaire, c'est celui au coin de la rue ? demandé-je brusquement en me tournant vers Amaël.

Euh, oui.

Parfait, ce n'est pas loin du café. Je crois qu'il va pleuvoir, tu veux ? On peut aller ailleurs, sinon.

Il hoche la tête et se redresse en rangeant ses écouteurs dans la poche de son pantalon. A peine nous commençons à marcher que je ressens une goutte de pluie sur ma joue, je lance un regard au blond qui a visiblement remarqué lui aussi le début de pluie.

Un grondement se fait entendre dans le ciel, je sursaute et j'attrape son poignet sans réfléchir en lui disant :

On cours !

J'ai peur de l'orage.

Amaël hoche la tête sans déloger son poignet de ma main, nous commençons à courir. Je le guide jusqu'au café alors que ce sont des torrents de pluie qui tombent maintenant sur nous. Je rabats mes cheveux trempés en arrière à l'aide de ma main libre puis je pousse la porte du café, essoufflé.

Amaël n'est pas vraiment dans un meilleur état que le mien. Je soupire, me plaçant en face de lui pour passer une main dans ses cheveux, et notre proximité me permet de constater que je suis plus grand que lui de quelques centimètres.

Il me regarde glisser une main dans ses cheveux sans bouger, et je recule, me rappelant qu'il n'est pas tactile comme moi et que je risque de le mettre mal à l'aise, le pauvre. J'ai tendance à oublier que les gens ne sont souvent pas comme moi et qu'ils ont besoin d'espace vital.

Tu veux boire quoi ? demandé-je en l'entraînant vers une table au fond du café.

Un thé. Vert. A la menthe.

Oh, il boit du thé. Je pouffe devant ses précisions et le laisse s'installer sur la banquette, me plaçant sur la chaise, en face de lui. J'attrape l'une des serviettes de table posées et essuie l'eau sur mon front et mes joues, il m'imite.

Tu ne bois que du thé ? Dimanche, chez moi, tu avais pris un ice tea, me rappelé-je.

Il n'a pas le temps de répondre, mais je le vois se décomposer sur place alors qu'un serveur vient vers nous. Qu'est ce qui ne va pas ? Toute trace de couleur a déserté ses joues, il est pâle.

Un chocolat chaud, déclaré-je au serveur.

Je pose mon regard sur Amaël, mais celui-ci ne répond pas, le regard fuyant. Je commande donc à sa place, pour ne pas faire attendre le serveur, mais mon regard un peu inquiet demeure posé sur le blond. Mais j'ai beau essayer, nos regards ne se croisent plus pendant quelques minutes, je décide donc de changer de sujet pour ne pas le mettre mal à l'aise.

J'espère qu'il ne pleuvra plus, tout à l'heure. Sinon, je pourrai appeler mon beau-père, on ira chercher Abby et on te déposera chez toi !

Oh, euh...pas la peine...marmonne-t-il doucement.

Si tu rentres à pied sous la pluie, je t'accompagne. Par solidarité, tu vois. En soutien.

Je crois que j'ai réussi à détendre l'atmosphère, un léger rire lui échappe. Je me sens soulagé, même si je ne peux pas m'empêcher de le voir se raidir lorsque le serveur revient avec nos boissons. Le serveur le met mal à l'aise ?

Je garde cependant ma question pour moi et baisse les yeux vers mon chocolat chaud que je commence à touiller avec ma cuillère.

Amaël ouvre son sachet de sucre pour le vider dans sa tasse de thé et il commence, lui aussi, à touiller dans sa tasse. De la vapeur s'échappe délicatement et flotte au-dessus de sa boisson, il se concentre dessus.

Je te fais beaucoup sortir alors que t'aimes pas ça, réalisé-je. Pardon. Mais, tu veux sortir lundi ? Il y aura juste Loukas et sa petite-amie.

Amaël grimace, les yeux rivés sur moi.

Loukas est super gentil, je suppose qu'elle aussi...mais si tu ne veux pas, ce n'est pas grave, on sortira tous les deux un autre jour !

Ça ne te dérange vraiment pas ?

Je secoue la tête. Je veux juste qu'il se sente bien avec moi et qu'on devienne amis, je ne veux pas le mettre mal à l'aise et qu'il se mette à me fuir.

Un...un autre jour, alors, conclut-il.

D'accord, ça me va. Mardi ? Il y a un autre endroit que j'aimerais te montrer.

Mardi, oui, confirme-t-il, me faisant sourire.

Une heure et quinze minutes plus tard, nous sortons du café. Il pleut toujours, nous nous mettons à courir jusqu'au cabinet du vétérinaire. Pendant qu'il s'occupe de parler à la dame de l'accueil, j'appelle mon beau-père pour qu'il vienne nous chercher, Amaël à fini par accepter que Christophe vienne.

Le blond récupère enfin Abby qui semble fatiguée, mais en forme. Je m'approche d'elle pour faire une caresse sur sa tête, elle me lèche la main et je ris, amusé.

Christophe est là, indiqué-je en montrant mon téléphone. On y va ? 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant