17 - Amaël.

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Dimanche 23 Juillet 2023.

Zaven est bi. Donc, techniquement, je pourrais avoir une chance avec lui.

Il se réinstalle en silence sur son lit, et je réalise que c'est la première fois que quelqu'un sait que je suis gay. Et je lui ai dit ça tout naturellement, sans m'en rendre compte au début. C'était simple, avec Zaven, et je ne regrette pas de lui avoir dit. S'il y a une infime chance qu'il puisse être intéressé par moi, ça sera plus simple comme ça. Tout est si simple avec lui, au final.

Abby remue dans son sommeil et niche sa tête contre mon genou, je souris en me penchant pour la caresser distraitement. La série continue à tourner sur le rideau qui sert de fond blanc, mais j'ai l'impression que ni Zaven ni moi ne sommes concentrés dessus.

J'avoue être perturbé par la réaction qu'il a eu. Je ne pensais pas qu'il me sauterait presque dessus pour me demander mon type de mec. Et j'ai dû me mordre la lèvre pour ne pas lui répondre que c'est lui, mon type de mec. Que c'est à lui que je pense tout le temps - quand je ne m'inquiète pas pour Abby, mais même là, il arrive à s'immiscer dans mon esprit - depuis le début des vacances, que c'est lui que je dois me retenir de regarder sur la plage.

Je ne regrette vraiment pas d'avoir accepté de dormir chez lui, mais j'espère que je ne vais pas rêver de lui à côté de lui, ce serait si gênant.

Je ne l'ai pas dit à Zéphyr, mais il y a du gâteau au chocolat...Il en aura demain lui, parce que s'il prend trop de sucre le soir, il ne dort pas et c'est un enfer pour réussir à le fatiguer. Mais je m'égare, t'en veux ?

Je veux bien.

Tu prends Abby avec ?

Il se penche au-dessus de mon corps pour caresser Abby alors que je surchauffe. Pourquoi est-ce que ma chienne a eu l'idée de se placer du côté là ? Zaven se redresse finalement, et je réalise que je n'ai pas répondu. Mon regard se porte sur ma chienne qui dort paisiblement, et je secoue la tête :

Elle dort bien, je la laisse ici.

D'accord.

Nous descendons à la cuisine. Zaven me sert un autre verre d'ice tea, puis coupe deux parts de gâteau.

Tu voudras prendre une douche après ? me demande-t-il en me donnant l'assiette avec ma part de gâteau.

Oui. Si ça ne te dérange pas.

Il pose brusquement son assiette et se redresse, il contourne la table pour poser ses mains sur mes épaules. Je me liquéfie.

Arrête de croire que tout ce que tu fais ou que tu veux faire me dérange ! s'exclame-t-il. Tu ne me déranges pas. Tu ne m'as pas dérangé une seule fois.

Il ne dit plus rien mais conserve ses mains posées sur mes épaules, son visage se rapproche un petit peu du mien, mes yeux s'arrondissent. Il est proche, vraiment très proche de moi maintenant, et je m'efforce de masquer mon trouble. Très mal, je l'accorde, mais au moins j'essaie.

D'accord, capitulé-je, espérant qu'il recule.

Il m'attire brusquement dans ses bras, j'écarquille davantage les yeux en me rattrapant contre son torse. Je cligne des yeux, ne sachant pas si je dois lui rendre l'étreinte ou non, mais je finis par le faire. Il sent encore la crème solaire et la menthe, et j'espère que je sens aussi bon que lui. Sa tête se pose sur mon épaule, je manque de suffoquer. Sa chaleur m'enveloppe délicatement, je me retiens de fermer les yeux.

Il se détache de moi une dizaine de secondes plus tard. Je suis resté dix longues secondes dans ses bras, et je me demande bien ce que ça veut dire. Mais je me retiens soigneusement de poser la question, par peur d'être déçu.

Je crois que je préfère encore me faire des films tout l'été plutôt que de risquer qu'il me rejette. Je ne veux pas qu'il me rejette. Je ne suis pas sûr d'être capable de supporter ça en plus d'Abby.

Il ne dit rien lui non plus, il contourne à nouveau la table pour se replacer devant son assiette de gâteau au chocolat. Nous mangeons en silence.

Dans les escaliers, quelques minutes plus tard, un mot s'échappe de ma bouche, presque désespéré :

Pourquoi ?

Pourquoi quoi ? s'étonne-t-il en s'immobilisant, me faisant heurter son dos.

Tout...pourquoi tu veux être ami avec moi ? Pourquoi tu passes du temps avec moi plutôt qu'avec d'autres gens plus intéressants ? soufflé-je.

Amaël, Amaël, Amaël...soupire-t-il en se tournant vers moi, devant la porte de sa chambre.

Zaven, Zaven, Zaven, répété-je sur le même ton, le faisant rire.

Tu es un ange. Tu veux savoir pourquoi les seules autres personnes à qui je parle ici sont Loukas et sa copine ? Parce que j'ai envie de te parler à toi, de rester avec toi. Tout simplement.

Mon cœur se gonfle, ses battements accélèrent. Il a envie de me parler. Il a envie de rester avec moi. Il m'a fait un câlin tout à l'heure. Il a dit que j'étais un ange.

Mais je suis presque sûr qu'il ne dirait pas ça s'il savait que j'aimerais être plus que son ami. Sauf qu'actuellement, je m'en fiche. Tant qu'il est avec moi, je suis content. Tant qu'il veut être ami avec moi, je suis vraiment content.

Je prends des affaires propres dans mon sac pour aller prendre ma douche, Zaven me promet de surveiller Abby pendant ce temps et m'indique la direction de la salle de bains qui n'est pas reliée à sa chambre, malheureusement.

Je ferme la porte à clé derrière moi et prends une grande inspiration. C'est le seul moment de la soirée où je vais être seul, et je compte bien en profiter pour remettre mes pensées au calme. J'ai presque la tête qui tourne, mon esprit oscillant entre mon inquiétude pour Abby et les sentiments grandissants que je ressens pour Zaven.

Je prends rapidement ma douche, me rhabille, récupère mes vêtements sales et rejoint la chambre. Je fourre mes habits dans mon sac et tourne enfin la tête vers Abby, qui dort maintenant contre Zaven, sur son lit.

Je vais m'installer sur le lit qu'il a préparé pour moi et pose une main sur la tête de ma chienne en douceur. Ce faisant, mon épiderme effleure par erreur le doigt de Zaven, je sens mon cœur se mettre à battre plus vite. Ses contacts commencent à me rendre fou. De lui. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant