61 - Amaël.

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Lundi 18 Septembre 2023.

Je sens que je vais être épuisé demain, en cours. Aujourd'hui, plutôt, puisqu'il est déjà une heure du matin. Zaven dort paisiblement, les bras passés autour de ma taille et la tête posée sur le haut de mon ventre, comme s'il avait peur que je prenne la fuite pendant la nuit. Il me connaît bien, parce que s'il ne me tenait pas, je serais déjà parti me réfugier dans la cuisine.

Tout allait parfaitement bien pendant qu'on le faisait, ma confiance en moi et mon assurance étaient à leur maximum. Pendant les longues minutes de langueur qui ont suivi, ma confiance était toujours présente, et c'est seulement après la douche qu'elle a commencé à s'amenuiser et que le doute s'est peu à peu installé dans mon esprit anxieux.

Je fixe silencieusement le plafond éclairé par le faible rayon de lune qui passe par la fenêtre. La confiance que j'ai ressentie me manque. Je ne m'étais jamais senti comme ça, et je commence à avoir peur que Zaven préfère le Amaël confiant au lieu du Amaël habituel.

Je tente de détacher les bras de mon copain enroulés autour de ma taille. C'est une tâche compliquée, il s'accroche fermement à moi, et à chaque fois que je réussis à retirer l'un de ses bras, il le remet directement en place. Je vais mourir de soif à cause de mon copain trop tactile, triste destin. Je déglutis, choisissant une autre solution : glisser sur le côté pour me libérer de son étreinte.

Tu vas où ?

Je me fige au son de la voix endormie de mon amoureux, il lève la tête pour me regarder.

J'ai soif, je voulais aller boire, bredouillé-je en détournant rapidement les yeux.

Le rouge me monte aux joues presque immédiatement. Un soupir s'échappe de la bouche de Zaven, il se redresse, s'assoit sur mes cuisses et pose ses deux mains sur mes joues, me forçant à le regarder.

De quoi est ce que tu doutes ? demande-t-il doucement. Parle-moi, s'il te plaît.

Je peux aller boire d'abord ?

J'ai une bouteille d'eau à côté du lit.

Je suis piégé. Il me donne la bouteille et je me désaltère rapidement sous son regard que je pense inquiet.

Est-ce que tu me préfères quand j'ai confiance en moi comme tout à l'heure et que tu vas te mettre à moins aimer celui que je suis d'habitude ? articulé-je le plus rapidement possible.

Ne me fais pas répéter, je t'en supplie.

Zaven fronce doucement les sourcils. Je pose mes mains sur ses avant-bras, ses mains étant toujours sur mes joues pour que je ne puisse pas fuir le contact visuel.

Bien sûr que non, mon ange. Je t'aime comme tu es, j'aime tout de toi. Je te le promets, regarde moi.

Une toute petite larme se fraie un chemin, s'échappe de mon œil droit et roule sur ma joue. Mon amoureux se dépêche de se réinstaller à côté de moi pour me prendre dans ses bras, je renifle piteusement alors qu'il embrasse doucement mon front.

Respire mon coeur, tout va bien. Je t'aime.

Je prends une grande inspiration tremblante, de nouvelles larmes m'échappent sans que je puisse les retenir. Zaven dépose des baisers sur mon front et mes tempes tout en caressant délicatement mon dos. J'expire lentement, mes poumons me font mal à cause de l'angoisse qui a comprimé ma cage thoracique.

Suis ma respiration si c'est plus simple pour toi...Je suis là, je ne te lâche pas. D'accord ?

Je calque ma respiration tremblotante sur la sienne. De longues minutes passent, Zaven me serre toujours dans ses bras avec la même douceur et la même patience. Je l'aime tellement.

Je crois que ça va mieux, finis-je par chuchoter.

On sèche le premier cours demain, c'est histoire, et je veux que tu te reposes, s'il te plaît.

Je sais qu'il insistera jusqu'à ce que j'accepte, de toute façon, et j'admets que du sommeil en plus ne me fera pas de mal. Je hoche donc la tête et me recule un peu pour reprendre la bouteille d'eau et boire un peu.

Pardon de douter tout le temps...

Je m'en fiche, tant que j'arrive à te rassurer. Mais essaie de ne pas attendre le milieu de la nuit pour m'en parler, tu sais que tu peux tout me dire ? T'es mon amoureux, je veux le meilleur pour toi.

Je cligne des yeux.

Je vais essayer. Promis.

Je marque une pause pour trouver le courage de prononcer la suite de ma phrase, et je me dis que de toute façon, il sait déjà tout ça, et que je peux donc lui dire.

T'es mon amoureux aussi. Et je t'aime. Fort. Vraiment, bafouillé-je courageusement.

Un grand sourire se dessine sur son visage, je cache précipitamment mon visage contre lui. Il détache l'un de ses bras de ma taille, cherche ma main avec la sienne, et la pose au niveau de son cœur.

Son cœur qui bat à une vitesse affolante.

Tu vois ? Tu sens comme je t'aime ?

Zaven a visiblement bien compris que pour être rassuré, j'ai souvent besoin de preuves. Il est littéralement parfait, sa compréhension et sa douceur sont vraiment incroyables, je lui en suis tellement reconnaissant de m'aimer.

Nous décidons finalement de nous allonger à nouveau pour essayer de dormir.

Ça t'aiderait si je te parle ? Comme si je te racontais une histoire ? s'informe Zaven, la tête posée sur mon ventre.

Mais tu vas t'endormir tard, si tu fais ça.

On s'en fiche, on sèche l'histoire.

Je pense que ça m'aiderait beaucoup, avoué-je donc.

Je m'installe confortablement, je ferme les yeux et je pose ma main sur le dos de Zaven pour me rassurer afin de pouvoir m'endormir paisiblement.

Tu sais maintenant quand j'ai réalisé mon attirance pour toi, donc je peux te raconter quand je suis tombé amoureux de toi. C'était le jour de mon anniversaire, quand j'étais en train de m'engueuler avec Christophe. Et t'étais là, t'as emmené Zéphyr dans une autre pièce pour ne pas qu'il entende toute la dispute, ou pour fuir la dispute, je ne sais pas trop. En tout cas, t'as éloigné mon frère. Mon regard s'est posé sur toi, et j'ai compris que je tombais amoureux de toi. C'est pour ça que je t'ai fait un câlin quand je t'ai rejoint dans la chambre de Zéphyr. J'avais tellement envie de t'embrasser, c'était de la torture. En plus, cette nuit là tu m'as pris dans tes bras pour que j'arrête de bouger, j'étais en train d'espérer que tu n'entende pas mon cœur battre...

La suite de son récit est floue, sa voix s'éloigne, me paraît beaucoup plus lointaine. Ma respiration ralentit peu à peu, et grâce au soutien et à l'amour inconditionnel de mon amoureux, je réussis enfin à m'endormir. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant