7 - Zaven.

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Samedi 8 Juillet 2023.

Assis sur le grand rocher à côté de l'ancien phare, j'attends Loukas. Il aura un retard de quinze minutes, il m'a prévenu par message, mais j'étais déjà arrivé au phare, alors je me suis assis pour patienter. Et je parle à Amaël par message, car il s'avère qu'il est un peu plus bavard lorsqu'il a la possibilité de se dissimuler derrière un écran.

Moi : Donc, demain, dans le parc, au même banc que jeudi ?

Je n'arrive pas à croire qu'il n'ai pas vraiment d'amis, mais c'est pourtant ce qu'il m'a confié hier, toujours par message. C'est d'ailleurs une des seules choses qu'il m'ait confié sur lui, alors que lui pourrait sûrement déjà lister toutes mes glaces préférées, les noms de mes deux ou trois amis en Angleterre et ma couleur favorite.

Amaël le plus adorable 🌚 : Ouais. Je prends Abby avec, par contre.

Amaël le plus adorable. J'étais très surpris en découvrant que c'était ça, qu'il avait inscrit dans mon téléphone. Je suppose que c'était mérité, puisque mon contact dans son téléphone est "Zaven le plus beau 👹". J'espère qu'il ne l'a pas changé.

Moi : Tant mieux, ta chienne est A-DO-RABLE. Trop chou. Vraiment. Emmène-la à chaque fois qu'on se verra !

Amaël le plus adorable 🌚 : Je sais. Et d'accord.

J'ai dit qu'il était un peu plus bavard par message, pas qu'il devenait comme moi. Et heureusement d'ailleurs, deux personnes comme moi, ça ne doit pas être supportable sur le long terme. Par contre, il a l'air de bien supporter le fait de m'entendre parler, ce qui est plutôt pratique. Je parle, il m'écoute, c'est la définition même d'une amitié parfaite. Je sens que mes vacances vont être vraiment agréables si Amaël me supporte pendant ces deux mois.

Pour changer de sujet, s'il y a bien une chose qui m'a manqué ici, ce sont les glaces. J'adore les glaces, je pourrais me nourrir uniquement de ça. Il y en a en Angleterre, évidemment, mais ce n'est pas la même ambiance. Les glaces d'ici battent tous les records, et je suis ravi d'initier mon petit frère à cette passion de la plus haute importance. Il y a des marchands de glace littéralement partout, et elles sont toutes absolument incroyables.

Désolé pour le retard, me fait sursauter Loukas en s'asseyant à côté de moi.

Je ne l'avais pas entendu approcher.

Tu parles à un de tes amis ? Ah, non, vous parlez français. C'est qui ? Il est vraiment adorable ? ajoute-t-il avec un sourire taquin.

Je ris face à son interrogatoire et pose mon téléphone sur mes cuisses après l'avoir éteint.

Amaël, c'est le fils des gens qui logent au gîte, expliqué-je. Il est sympa.

Et oui, il est vraiment adorable. Mais ça, je ne vais pas l'avouer à voix haute.

Si il est sympa, alors, je veux le rencontrer !

Il faudra que j'organise ça. Alors que Loukas est très sociable, j'ai bien l'impression que Amaël ne l'est pas vraiment. Je me demande si c'est aussi pour ça qu'il ne parle pas beaucoup, ou qu'il n'aime tout simplement pas parler.

Alors, tu n'avais pas dit que tu avais des trucs à me raconter ? sourie-je.

Si, si ! Plein de choses. J'ai une copine, déjà. Depuis huit mois, et elle est incroyable. Il faut à tout prix que je te la présente.

C'est super ! Je suis trop content pour toi, tu mérites.

Loukas me remercie en riant, ses yeux brillent rien qu'à la pensée de sa petite-amie, et c'est vraiment adorable. Et drôle à voir aussi, je n'imaginais pas vraiment Loukas en couple.

Et toi alors ?

En général, ou sur le plan amoureux ? questionné-je.

Les deux.

Je réfléchis quelques secondes avant de répondre.

Je suis content d'être de retour ici, les glaces m'avaient manqué, je ne sais toujours pas où je vais à la rentrée puisqu'ils mettent du temps à assimiler le fait que je veuille aller à l'université en France...euh...sinon, c'est plat. Rien du tout, résumé-je rapidement.

J'ai du mal à croire que tu n'aies personne, rit Loukas.

Je pince les lèvres en haussant rapidement les sourcils. Je ne sors avec personne pour la bonne raison que je ne suis pas tombé amoureux de quelqu'un, et que je ne me vois pas sortir avec quelqu'un sans être totalement sûr de mes sentiments.

Nous finissons par nous lever pour aller prendre une glace. Je prends une boule de vanille et une boule de chocolat que je mélange soigneusement avec ma petite cuillère, faisant grimacer mon ami. Je me rappelle qu'avant il me jugeait déjà quand je mélangeais ma glace.

Donc, comment ta copine fait pour te supporter ? ironisé-je en finissant de touiller ma glace.

Eléonore est...incroyable.

Son air rêveur me fait doucement pouffer de rire. Et je manque de m'étouffer avec ma cuillère de glace, je tousse en mettant ma main devant ma bouche, faisant rire franchement Loukas.

Amaël le plus adorable 🌚 : Je te vois.

Je relève la tête pour apercevoir le blond, se tenant à quelques mètres de nous avec Abby. Je vois aussi ses parents, bien plus loin, et je fais signe à Amaël de nous rejoindre, ce qu'il fait après quelques instants d'hésitation. Arrivé, il s'immobilise et pose un regard indéfinissable sur Loukas, sans rien dire.

C'est lui, Amaël, lancé-je à l'intention de Loukas. Voici Loukas, ajouté-je à l'intention du blond.

Salut ! s'exclame mon ami.

Salut...répond Amaël avec plus de réserve.

Je m'approche de lui pour saluer Abby avec enthousiasme. La chienne me regarde joyeusement, je souris.

Tu restes avec nous ? proposé-je.

Amaël jette un regard en direction de ses parents.

Tu peux tenir Abby ? Je vais leur envoyer un message.

Je prends délicatement la chienne dans mes bras, sans essayer de dissimuler ma joie à l'idée qu'il demeure avec nous. Je caresse la tête d'Abby, Loukas s'approche aussi pour la câliner gentiment.

Je peux rester, s'exclame posément Amaël.

Je ne pensais pas qu'on pouvait s'exclamer posément, mais il faut croire que c'est possible, visiblement. Je souris à Amaël, lui rends sa chienne et nous allons nous asseoir sur le rocher près du phare. Loukas se place en face de nous, un petit peu en contrebas, mais il se relève bien vite quand son téléphone sonne. Il extirpe l'objet de sa poche, regarde l'écran.

C'est Léo, je reviens.

Je fais immédiatement le rapprochement entre Eléonore et Léo, qui doit être son surnom, si je fais confiance à l'air amoureux qui s'est installé sur le visage de mon ami. Il s'éloigne de quelques pas.

Je ne pensais pas te croiser aujourd'hui, avoué-je à Amaël.

Je ne sors pas beaucoup...je ne vais pas tarder d'ailleurs, j'ai peur qu'Abby se fatigue.

C'est une des plus longues phrases qu'il m'ait dite pour le moment. Et par cette phrase, je comprends plusieurs choses. La première, c'est qu'il n'aime pas sortir. Bon, ça, ce n'était pas compliqué à comprendre. Mais la deuxième chose, c'est qu'il semble plus enclin à se confier à propos de sa chienne plutôt qu'à propos de lui. C'est peut-être comme ça que j'arriverai à faire en sorte qu'il s'ouvre à moi...Je veux vraiment qu'on devienne amis, il est adorable. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant