24 - Zaven.

135 16 15
                                    

Vendredi 28 Juillet 2023.

Quelques minutes avant quinze heures, comme prévu, je retrouve Amaël devant le cabinet du vétérinaire. Abby est à ses pieds, je m'agenouille immédiatement pour la saluer.

Puis je réalise que je suis littéralement à genoux devant mon crush et je rougis violemment en me remettant debout. Et je remarque avec grand plaisir que Amaël s'est rendu compte de mon trouble apparent.

Il se baisse à son tour pour prendre Abby dans ses bras, nous entrons dans le cabinet. Le blond s'avance pour parler à la dame de l'accueil, nous entrons ensuite dans la salle d'attente.

Nous nous asseyons en silence. La jambe d'Amaël tressaute nerveusement contre le sol, et ne sachant pas quoi faire pour l'aider, je me rapproche de lui pour poser ma joue contre son épaule tout en glissant ma main le long de son avant bras pour entrelacer nos doigts.

Merci d'être venu, chuchote-t-il doucement.

C'est normal, je suis là pour toi je t'ai dit. Toujours. Même après les vacances, si t'as besoin, tu m'appelles, je prends le train et je te console. Ou même, pas besoin de train, j'espère vraiment être accepté au même endroit que toi.

Il rit doucement et lâche une expiration soulagée, ses doigts se resserrent sur les miens avec douceur. Je m'en fiche totalement de ce à quoi on doit ressembler pour les autres personnes dans la salle d'attente, tant qu'Amaël n'est pas gêné je ne le suis pas.

Je sais qu'elle va mourir, mais ça me fait mal de l'entendre à chaque fois. J'ai du mal à le réaliser vraiment.

Ne sachant pas quoi répondre, je caresse le dos de sa main avec mon pouce pour décrire de petits cercles sur sa peau et ainsi lui montrer mon soutien.

La dame de l'accueil finit par entrer dans la salle d'attente et appeler Amaël. Alors que je m'apprête à lâcher la main du blond, son étreinte se resserre et il me demande de venir avec lui et Abby pendant la consultation.

T'es sûr ? demandé-je, légèrement mal à l'aise.

J'espère que ça n'a pas la même odeur que les hôpitaux...

S'il te plaît...

Je me lève à sa suite et nous suivons la dame jusqu'à une porte. Cette porte s'ouvre sur une femme en blouse blanche, elle nous invite gentiment à entrer dans la salle. Amaël pose délicatement Abby sur la table au centre de la pièce avant de revenir près de moi.

Comme ce n'est pas la première fois qu'elle voit Abby, la vétérinaire ne pose que quelques questions de base avant de débuter la consultation.

Elle mange bien ? demande-t-elle en palpant doucement la gorge de la chienne.

Un peu moins.

Je n'hésite pas à reprendre la main du blond dans la mienne, inquiet de le voir si abattu. Il m'adresse un léger sourire peu convaincant, j'ai très envie de le prendre dans mes bras pour soulager un petit peu la tristesse qu'il laisse transparaître.

Et c'est bien ce que je compte faire une fois que nous serons sortis.

Je m'adosse silencieusement au mur, scrutant la vétérinaire qui continue d'ausculter Abby. Elle effectue quelques tests, lui fait une petite prise de sang et lui donne un médicament, et pendant tout ce temps, je ne lâche pas la main d'Amaël une seule fois, désireux de lui prouver mon soutien inconditionnel.

Et bientôt, j'espère que je pourrai lui montrer que je tombe amoureux de lui.

Bien, finit par dire la vétérinaire. Ses réflexes sont toujours bons, mais un peu plus faibles que la dernière fois. Elle ne va pas mieux, mais vous vous doutez bien qu'à ce stade, ce n'est plus vraiment possible.

Mais elle va bien, lâche Amaël en grimaçant.

Grâce au nouveau médicament qui lui permet de ne pas trop souffrir pour ses dernières semaines, explique-t-elle avec douceur. Elle ne souffre pas, et ne souffrira pas jusqu'à son décès, c'est promis.

La main du blond se crispe contre la mienne, son épaule s'appuie davantage contre moi. Il se laisse aller contre moi, en réalité, et je le soutiens sans broncher.

Mais elle est quand même en forme, du mieux qu'elle le puisse. Probablement grâce à vous, elle souhaite sûrement aller bien pour vous.

Amaël hoche faiblement la tête, les yeux brillants de larmes, il déglutit lentement pour les retenir.

Pas de nouveaux médicaments, ça ne sert à rien de la perturber avec ça...Je vous laisse retourner à l'accueil pour le règlement.

Elle tend une feuille vers nous que je me dépêche de prendre, puis nous nous approchons ensemble de la table pour qu'il puisse prendre Abby de son bras libre. Il la colle doucement contre son torse, je l'aide à la stabiliser contre lui et nous sortons de la salle de consultation, toujours main dans la main. Je n'arrête pas de caresser le dos de sa main avec mon pouce, croisant les doigts pour que ça le réconforte un peu.

Effaré par le prix de la consultation que je lis sur la feuille donnée par la vétérinaire, je me tourne vers Amaël.

Et tu payes ça tout seul ? Tes parents t'aident ?

Ils paient les médicaments, je paye les consultations.

J'écarquille les yeux.

Je sais que tu ne voudras jamais, mais je t'en prie, laisse-moi payer la moitié, aujourd'hui. Laisse-moi t'aider un peu, déjà que je ne te suis pas très utile...

Tu m'aides déjà beaucoup...marmonne-t-il. Pas besoin de payer la moitié.

Le quart, alors. Je veux t'aider encore plus.

Après deux longues minutes à insister, il finit par accepter que je paye le quart du prix de la consultation. Je suis soulagé de pouvoir lui venir en aide pour ça.

Nous sortons enfin dehors, il pose délicatement Abby sur le sol. Et je n'attends pas plus pour me placer face à lui et le prendre dans mes bras. Et c'est dans mes bras qu'un premier sanglot le secoue violemment, il s'accroche à moi de toutes ses forces.

Je suis là, je suis là...murmuré-je en boucle en caressant son dos. Je reste avec toi, je te lâche pas.

Ses mains se resserrent sur mon tee-shirt, il sanglote contre mon torse. Je détache l'une de mes mains de son dos et je glisse cette main dans ses cheveux dorés, les yeux fermés. Abby se colle contre nos jambes.

Au bout de plusieurs longues minutes, il se détache de moi, les yeux rougis. Je passe mes mains sur ses joues pour nettoyer les quelques larmes qui y subsistent, son regard croise doucement le mien.

Merci beaucoup, vraiment, chuchote-t-il avant de se hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue.

Je deviens écarlate, mes joues commencent à me chauffer et je détourne nerveusement les yeux.

Je raccompagne ensuite Amaël jusqu'au gîte, lui faisant promettre de m'envoyer des nouvelles d'Abby à chaque fois qu'il se réveillera pendant la nuit pour vérifier son état. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant