23. Retour d'enquête

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— Bon, je propose de parler sérieusement, pour une fois, lança Illyana.

Elle s'assit en tailleur sur son lit, le dos droit. Si ce n'était que cela, je me serais attendu à ce qu'elle explose de rire dans la seconde en clamant que c'était une blague, ou en racontant quelque chose loin d'être sérieux pour nous faire rire. Cependant, son visage fermé dans ma direction ne laissait pas place au doute quant au sujet qu'elle voulait aborder. 

Je rentrai les épaules, comme si cela me ferait disparaître. 

Voir le visage d'Allissia se fermer également me fit un pincement au cœur. 

Laisse-toi briller, Allissia. Ne t'éteins pas pour moi et encore moins pour ça.

— J'ai analysé les gens en classe pour voir si certains t'observaient. D'ailleurs, la fois où on a été tous ensemble avec presque toute la classe ça m'a bien aidé. Du coup, j'ai noté quelques suspects.

Je baissai les yeux alors qu'elle énonçait trois noms et les raison de ses doutes. Un regard de plus de trois secondes, un froncement de sourcil dans ma direction, un sourire sur ses lèvres alors que je quittais la classe en pleurant.

Je ne savais pas pourquoi ces personnes avaient ces "agissements étranges" envers moi. Mais je savais qu'aucun d'eux ne m'avait écrit de lettre pour me mettre mal. Je n'arrivais même pas à me figurer leur visage juste avec leur nom. 

Cela dit, au vu des raisons données, Illyana avait dû élargir ses critères de suspicions car elle ne trouvait personne. C'était la seule explication que je voyais pour qu'elle y mette quelqu'un m'ayant seulement regardé. En partant sur le principe que c'était bien moi qu'il regardait et non, la fenêtre derrière moi ou juste une autre personne.

Je devais trouver une solution pour que les filles abandonnent. Mais quoi ? Comment les convaincre ? Parce que "c'est pas grave" ne suffisait pas. Au contraire, cela les alerteraient encore plus.

— On pourrait faire un sondage pour les forcer à écrire et comparer l'écriture des lettres, proposa Allissia.

J'écarquillai les yeux alors que mon cœur s'emballait. 

Merde... mon écriture. Je n'y avais pas pensé.

Le sang tapa contre mes tempes. 

D'où lui venait cette idée de génie ? Pourquoi fallait-il qu'elles enquêtent aussi bien ?

Réfléchis. Réfléchis. Réfléchis.

Le choc avait peut-être aidé à ne pas reconnaître mon écriture, aidé par le fait qu'elles n'avaient pas tant eu l'occasion de me lire sur papier. Mais si elles s'y penchaient dans le but de reconnaître l'écriture d'une personne... elles comprendraient que c'était moi !

— Tout va bien, Gwen ? m'interrogea Séverilla. 

Vite, trouves quelque chose.

— En fait, je... je voulais en parler mais... euh... j'ai pas encore eu le temps de vous le dire mais... je.. en fait .. je crois que la personne à a-arrêter. Je... j'ai plus eu de lettre depuis que vous les avez découvertes. Peut être que... qu'il la su et qu'il a pris peur et... enfin voilà...

Je gardais la tête baissée, triturant mes doigts tremblant, presque à m'arracher la peau. 

Merde, j'étais si peu crédible. 

Croyez-moi, je vous en supplie...

Le silence régna. Les filles échangeaient des regards dubitatifs qui faisaient monter mon inquiétude.

— Tu es sûre ? Tu n'as pas été menacé, toi ou un de tes proches ? insista Séverilla.

Je me forçais à lever les yeux vers elle et à soutenir son regard. Mon menton tremblait légèrement, mais je fis de mon mieux pour garder contenance. Je devais être convaincante. Ou la situation s'empirerait.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant