Maman referma la porte de sa chambre derrière moi, avec tant de silence que ses vibrations frappaient contre mes tympans. Je gardai mon sourire figé, mais la chaleur monta d'un cran, à m'en rougir les joues.
— J'ai vu ton air étrange hier, quand tu es allée aux toilettes. Tout va bien ? Pas vrai ?
Sa voix était douce, et pourtant si accusatrice.
Merde...
Je n'avais fait attention qu'aux filles, pas aux parents. Cela aurait dû être logique, mais comme les filles venaient de découvrir les lettres, en étant trop précautionneuse, j'avais réussi à être imprudente. Un désagréable frisson me parcourut l'échine.
Je pris sur moi pour demeurer impassible, et agrandis mon sourire.
Oui, bien sûr maman. Pourquoi ça n'irait pas ?
Je répétai cette phrase en boucle dans ma tête de plusieurs façons, explorant toutes les nuances, pour ensuite la lui dire, de la façon la plus crédible possible. Chasser toute trace de doute, de vulnérabilité.
Elle s'agenouilla devant moi. Je détestais quand elle faisait cela, car j'étais trop près de ses yeux ronds qui me donnaient des frissons. Son regard pénétrant scrutait mon âme, à la recherche de la moindre faille.
— Tu es sûre ? Tu es heureuse ?
Je secouai la tête de haut en bas, espérant que mes yeux grand ouvert et mon expression crispée ne l'intéressaient pas.
Le parfum de l'appréhension flottait dans l'air, cadavre de la tranquillité en décomposition.
— Tant mieux. Tu dois toujours sourire, n'oublie jamais.
— Oui maman. Je sourirais toujours pour chasser le négatif.
Ses yeux redevinrent normaux et elle m'offrit un sourire sincère, illuminant son visage d'une lueur maternelle. Elle caressa ma joue, me fit un bisou sur le front, puis, satisfaite, elle se leva. Ensuite, elle ouvrit la porte. Un courant d'air frais s'engouffra dans la pièce, la libérant de sa tension.
— Après votre petit-déjeuner, tu viendras me voir à mon bureau pour que je désinfecte tes plaies.
Je hochai la tête et elle partit enfin. Quand elle ne pouvait plus me voir, je m'autorisai à lâcher un long soupir. Mes muscles se détendirent enfin, tant que je manquai de m'effondrer. À partir de cet instant, je devais être plus prudente. Même si mes mots la convainquaient pour le moment, je savais qu'elle m'avait dans le collimateur.
Je ne savais même pas c'était quoi le pire entre le fait que les filles découvrent des choses ou maman. Et je n'avais pas envie de savoir. Les deux options ne m'apportaient que de l'angoisse, cependant, la menace que représentait maman planait avec une intensité oppressante. Je n'osai même pas imaginer ce qu'elle ferait si elle tombait sur les lettres. Rien que d'y penser, des frissons incontrôlables me poussèrent à enfoncer mes ongles dans la paume de mes mains.
Je me hâtai de rejoindre les filles afin de ne pas les inquiéter plus que cela.
— Qu'est-ce qu'elle t'as dit ? C'est grave ? s'enquit Allissia.
— Non, elle voulait juste savoir comment je m'étais retrouvée avec des bouts de verre dans les pieds.
— Bah, en cassant un verre dessus ? lança Illyana.
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A la lettre
أدب المراهقينGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.