Bonjour Bastien,
Je suis désolée de ne pas pouvoir te parler en face à face, mais je m'en sens incapable.
J'ai été très touché par ta déclaration, ta patience et ta compréhension et je pense sincèrement qu'en d'autres circonstances, cela aurait pu fonctionner entre nous.
Mais, même si ce doit être étonnant, je suis déjà en couple avec quelqu'un.
Je te souhaite tout de même beaucoup de bonheur, je suis sûre que tu trouveras quelqu'un d'autre, je n'en doute pas au vu de ta façon d'être.
Encore désolée de te l'apprendre de cette manière,
Bonne journée à toi.
***
Je chantonnai en m'habillant et trottinai dans les couloirs.
— Tu as l'air heureuse d'aller en cours, remarqua maman.
Je figeai légèrement à sa remarque par habitude, mais ce n'était pas un piège, et son sourire était naturel, émue. Elle semblait vraiment heureuse de me voir aussi heureuse.
— Comment je pourrais ne pas l'être ? fis-je.
Mes pensées restaient concentrées sur Séverilla et mon envie de la retrouver. Je me dépêchai de mettre mes chaussures pour partir, mais au dernier moment, maman m'arrêta.
— Pour que tu sois sûre des choses, ta punition est levée.
Mon sourire s'agrandit encore plus et je la serrai dans mes bras, la remerciant. Je ne tardai donc pas à partir, toute guillerette. Un des voisins ouvrit sa porte et je me calmai aussitôt. Je lui adressai un petit sourire gêné et le saluai avant de me raclai la gorge. Il fallait que je sorte en même temps que lui...
Enfin, heureusement, nous prîmes des chemins différents et je pus me reconcentrer sur Séverilla. J'espérai que ce matin encore, elle me retrouverait devant le portail ! On ne pourrait pas vraiment s'embrasser dans le lycée, peut-être vite fait dans les couloirs quand il n'y aura personne.
Mais le simple fait de la voir me rendait heureuse.
Je m'installai à notre place habituelle, sur le banc devant le portail, et sortis mon téléphone afin d'écrire en l'attendant.
Et au même moment, comme si nous étions connectés, je reçus un message de ma copine. Ma copine... je pouvais l'imaginer comme tel désormais, non ? Séverilla... ma copine... Cette seule pensée suffisait à me faire sourire. Sourire que je perdis vite en ouvrant le message.
[Ma Séverilla ♥
Salut, je voulais juste te prévenir que je suis malade, je ne pourrais pas venir aujourd'hui.
Moi
Ah mince...
Qu'est-ce que tu as ?
Ma Séverilla ♥
Pas grand chose, juste de la fièvre. Je serai de retour demain.
Moi
Rétablie toi bien. Je te prends les cours, je passerai chez toi ce soir pour tout t'apporter.
Ma Séverilla ♥
Merci. Je t'aime.]
Mon cœur rata un battement. Je ne m'étais pas préparé à ce qu'elle me le dise comme ça, et je ne m'y étais pas encore habitué. Mais c'était loin de me poser problème. Tant que je ne me mettais pas à devenir entièrement rouge au lycée.
[Moi
C'est normal !
Moi aussi je t'aime !]
Je rangeai mon téléphone, tout de même dépitée d'être venue aussi tôt pour être seule. Puis le ressortis, me rappelant pourquoi je l'avais pris à la base. Et étant donné que j'étais dans cette ambiance, je décidai d'écrire une petite nouvelle de romance.
Plus tard, quand le portail s'ouvrit et qu'on pouvait donc rentrer au lycée, je me rendis compte du sourire béat qui ornait mon visage. La honte ! Je devais avoir l'air tellement stupide là maintenant ! Je me giflai intérieurement et repris un air plus normal pour pénétrer dans le bâtiment.
Et une fois à l'intérieur, je dus encore attendre... C'était ça quand on arrivait tôt, que la seule personne qu'on connaissait qui arrivait à la même heure ne pouvait pas venir, et que les autres nous rejoignaient à quelques minutes de la sonnerie. Je soupirai et continuai d'écrire ma nouvelle.
***
Si ce n'était le manque de Séverilla, la matinée se passa normalement. Si on oubliait le fait que j'avais donné ma réponse à Illyana qui l'avait transmise à Bastien, qui, apparemment, l'avait plutôt bien pris, bien qu'un peu déçu de ne pas avoir essayé plus tôt au moment où il aurait eu sa chance et avait même précisé que c'était le rejet le plus gentil qu'il avait pu avoir. Puis, il avait fini par me souhaiter beaucoup de bonheur avec celle que j'aimais, ce qui me touchait beaucoup.
En revanche, je remarquai quelque chose d'inhabituel à midi. Allissia ne courait pas pour faire la queue et manger. Au contraire, elle alla dans la cour, tête baissée.
Illyana et moi nous nous jetâmes un regard perplexe avant de lui emboîter le pas. Je posai ma maison sur son épaule.
— Allissia ? Quelque chose ne va pas ?
Elle releva soudainement la tête et me dévisagea comme si j'avais dit une bêtise.
— Evidement ! On m'a dit que c'était dégueulasse ce qu'on mange ce midi ! Pratiquement toute la classe est partie à Leclerc pour manger !
— Ah oui, j'ai eu la même info. Bah, on a cas aller à Leclerc nous aussi ?
— J'ai oublié mon porte-monnaie...
— Je peux payer ta part si tu veux ?
Allissia releva des yeux brillant vers moi, comme un petit chiot affamé à qui on donnerait une gamelle mais qu'il n'osait pas y croire.
— Tu ferais ça ?
— Oui, bien sûr ! Je vais pas te laisser mourir de faim !
Un grand sourire illumina son visage, elle me sauta dessus et m'étouffa dans ses bras, sautillant sur place.
— Merci ! T'es la meilleure !
— Mais ce sera pas un problème pour toi, Gwen ? me demanda Illyana.
Allissia s'écarta de moi et commença à se diriger vers la sortie du lycée. Nous la suivîmes et je jetai un regard interrogatif vers Illyana. Il n'y avait aucun sarcasme dans sa phrase. Avais-je manqué quelque chose ?
— Pourquoi ça le serait ?
— Bah, pour ta punition !
— Ah ! Oui ! Euh, non, elle durait jusqu'à mon anniversaire.
Nous quittâmes le lycée et marchâmes jusqu'au magasin, parlant de tout et de rien. Mais je sentais que par rapport à d'habitude, Allissia semblait ailleurs, comme si quelque chose la perturbait. Ce n'était pas dans ses habitudes... Est-ce qu'il y avait vraiment autre chose que le simple fait que la cantine soit mauvaise et qu'elle ait oublié de prendre de l'argent ?
Nous commandâmes un sandwich puis nous installâmes derrière le bâtiment. Je restai concentrée sur Allissia, cherchant à lire en elle. Elle fixait son sandwich, sans grande conviction.
— Dis, Gwen... Pourquoi est-ce que tu as voulu fugé ?
— Hein ?
Ce fut la seule chose qui parvint à franchir la barrière de mes lèvres. Pourquoi me demandait-elle cela tout à coup ? Je doutais qu'elle pensait elle aussi à fuguer, elle s'entendait vraiment bien avec ses parents. Cela dit, j'avais également l'air de bien m'entendre avec eux. Peut-être pensait-elle que je cachais encore quelque chose, comme avec les lettres ?
— Je...
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A la lettre
JugendliteraturGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.