60. Croire et souffrir, cesser ou mentir

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Un nouveau rêve sur une réconciliation avec Illyana me hantait. Bordel... C'était déjà assez douloureux comme ça. Pourquoi mes rêves devaient en rajouter en me faisant de faux espoirs ? Mon esprit me forçait à me rappeler dès le réveil cette amitié perdue.

Je lâchai un profond soupir, puis regardai la tête que j'avais à l'aide de la caméra de mon téléphone. Ce n'était pas terrible. Mes yeux rougis me trahissaient beaucoup trop. Je ne pouvais pas sortir ainsi et me faire voir par maman ! Ma punition venait à peine d'être levée et je préférai ne pas imaginer sa réaction et ce qu'elle ferait si jamais je n'apparaissait plus souriante.

Je pris alors le temps de me faire dérougir les yeux, puis m'aventurai en dehors de ma chambre. Malgré tout, je ne trainai pas et, après quelques dizaines de minutes, j'étais prête à partir. 

J'avais vraiment besoin de prendre l'air. Même si le matin était glacial. Une gifle de vent ne pouvait que me faire du bien. 

Une fois arrivée devant le portail, après avoir vérifié que mon banc n'était pas mouillé, je m'y installai et récupérai mon téléphone pour y trouver deux messages. Le premier était d'Allissia qui ne se sentait pas très bien et restait donc chez elle. Et le deuxième, Séverilla s'excusait de ne pas venir mais les jumelles étaient malades et comme nous n'avions que sport aujourd'hui, elle préférait s'occuper d'elles.

Je relis plusieurs fois son message. Comment cela nous n'avions que sport ? J'activai ma connexion pour aller sur pronote et constatai qu'effectivement le cours que nous avions les deux premières heures était annulé. 

Je ne voulais pas rentrer, alors cela voulait dire que j'allais devoir passer les deux heures toute seule, en plus du sport. Un vide s'insinua en moi et une partie ne voulait pas réaliser. 

Parce que cela allait être la première fois que je serais seule en cours. Ce n'était jamais arrivé que toutes les filles soient absentes, donc il y en avait toujours une avec qui je restais. Et même si l'absence nous dépitait, nous parvenions tout de même à nous amuser. Mais là...

Surtout pour du sport où on était en groupe. Je me retrouverais confrontée à la classe, et possiblement à Illyana

Je lâchai un profond soupir et repris mon téléphone pour écrire en attendant.

***

Le sentiment de voir au loin, Illyana s'amusait avec les autres, comme si elle avait toujours traînée avec eux, alors que moi, j'étais seule dans mon coin... j'avais l'impression que cette simple vision aspirait toute mon énergie. 

Je n'en étais pas très fière, mais j'avais menti à ma professeur en lui disant que j'avais mes règles et que j'avais trop mal au ventre pour participer. Comme elle était très ouverte sur le sujet et que ce jour-là n'était pas le plus important, elle m'avait laissé m'asseoir et simplement regarder les autres tout en me pliant en deux pour avoir l'air un minimum crédible.

Le problème qui s'ajouta fut qu'à force de faire semblant, mon ventre se mit à se tordre violemment. Ainsi, je me trouvais seule et avec un mal de ventre que je m'étais moi-même provoqué.

Pendant tout le cours, je ne pouvais m'empêcher de suivre du regard Illyana. Plusieurs fois, elle regarda dans la direction et je fis semblant d'observer d'autres personnes quelques secondes avant de revenir vers elle.

Je savais que je me faisais plus de mal qu'autre chose, à imaginer les discussions et les fous rires que l'on aurait pu avoir sans tout cela.

— Tiens.

Je me redressai vers la source de la voix, étonnée. Une fille avec qui j'avais plus ou moins sympathisé se tenait à côté de moi, me tendant un Spasfon.

— Pour ton mal de ventre.

— M-merci... bredouillai-je.

Je le récupérai et le passai sous ma langue. La fille me sourit, puis repartit vers Illyana qui ne m'adressa aucun regard. Je ne savais pas pourquoi cette fille m'avait aidé, et si Illyana y réagissait, elle semblait blasée, haussant les épaules avec nonchalance.

Une part de moi avait espéré que c'était elle qui avait demandé à la fille, mais je secouai la tête pour définitivement chasser cette idée. Je devais suivre le conseil de Séverilla, même si c'était dur. Illyana était partie sans regret et n'avait pas tardé à passer à autre chose. Je devais la laisser partir et me concentrer sur les amies qui me restaient.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant