1. Brisé

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La sonnerie annonça une nouvelle fin de journée. Je m'autorisai un petit soupir discret, contrairement à Alissia qui sauta de sa chaise dans un cri de joie, propageant tel un éclair son euphorie qui atteignit les autres qui crièrent également en sortant de la classe. La professeur se stoppa dans son mouvement pour fermer les fenêtres et racla la gorge, bras croisés et un sourcil haussé. Les filles et moi, nous jetâmes un regard malicieux, tandis qu'Allissia riait nerveusement avant de s'excuser.

Elle n'attendit cependant pas plus pour se pencher en avant et fourrer ses affaires dans son sac, dégageant plusieurs fois ses longs cheveux roux qui se mêlaient à ses cahiers déjà abîmés, dont un avec la couverture arrachée et la première page à moitié déchirée. Allissia jetait ses feuilles, se fichant de les froisser et les retrouver pliées n'importe comment.

Je l'imitai, avec plus de douceur afin de ne rien abîmer. En même temps, je me tournai vers Séverilla qui jetait de nombreux coups d'œil sur son téléphone, sourcils froncés.

— Tu pourras venir, du coup ? la questionnai-je.

Elle leva les yeux vers moi, puis haussa les épaules.

— Je ne sais pas, ma mère ne m'a toujours pas répondu. Je ne veux pas vous faire de faux espoirs...

— Oh non ! Pour une fois qu'on allait être réunis toutes les quatre ! Parle-leur des merveilleux cookies de Magdalena, ça devrait les convaincre, non ? s'enquit Allissia.

— C'est vrai que du point de vue d'un parent, ça doit être ultra déterminant, se moqua Illyana.

Alissia fit la moue et je pouffai de rire. Je jetai ensuite mon sac sur mes épaules et, après avoir vérifié que je n'avais rien oublié, je fis signe aux filles que nous pouvions quitter la salle de classe.

— De toute façon, tes parents ne travaillent pas ce soir, ils ont sûrement déjà remarqué ton sac à l'entrée, assurai-je.

— Possible, confirma Séverilla. Nous le verrons bientôt de toute façon.

Nous passâmes devant les casiers pour récupérer le sac des filles prévu pour la soirée.

— Tu peux me rappeler le code ? m'interrogea Allissia.

Je levai les yeux au ciel dans un soufflement de nez amusé. J'avais pourtant fait exprès de choisir les trois mêmes chiffres. Et nous étions déjà en décembre, sans compter le fait qu'elle posait souvent des affaires dans notre casier en commun qui servait au final plus à elle seule.

J'assemblai alors moi-même les chiffres sous le regard concentré d'Allissia, bien que nous savions toutes les deux qu'elle oublierait dans cinq minutes. Cette dernière récupéra en vitesse son sac qu'elle serra dans ses bras.

Du côté d'Illyana, elle tentait de faire rentrer des cahiers qui venaient de tomber. Je ne comprenais pas comment son casier pouvait tant déborder alors qu'il n'était composé que de ses affaires à elle. Pauvre Séverilla qui ne pouvait donner le moindre répit à son dos.

Après une bonne minute, Illyana referma le casier et se tourna vers nous.

— C'est bon, on peut y aller ? demanda Illyana.

Nous hochâmes la tête, puis quittâmes le lycée, accueillis par un courant d'air frais qui nous fit frissonner. Devant le portail, Séverilla repéra sa mère et la rejoignit. Cette dernière lui tendit son sac, échangea quelques mots avec elle, l'enlaça, puis partit. Quand Séverilla revint vers nous, Allissia l'entoura de ses bras et sautilla sur place, avant de se faire bousculer par quelqu'un qui ne l'avait pas vu en sortant. Ils s'excusèrent tous deux, puis Allissia s'éloigna du portail, reprenant son enthousiasme.

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