Jamais je n'avais eu aussi hâte d'aller au lycée. Mes joues douloureuses ne demandaient qu'un peu de répit. A cause de cela, je m'étais réveillée plusieurs fois cette nuit. Je n'en pouvais plus. Et mon ventre me sommait de lui donner de la nourriture ; maman m'avait privé de dîner, sans compter que je n'avais presque rien mangé le midi parce que je n'aimais pas ce qu'il y avait au self. Je n'avais pu mangé que les restes apportés par papa en secret.
Il avait tenté de garder son sourire, lui aussi, mais face à moi, il vacillait, ses traits virant parfois à l'inquiétude. Il m'avait promis de faire quelque chose, mais il ne le ferait sûrement pas.
Je me hâtai dans la cuisine pour préparer mon petit déjeuner. J'avais tellement faim que, sans attendre les pancakes de maman, je dévorai mes céréales directement dans le paquet. Quand des pas retentirent, je finis en vitesse ma bouché et me servis dans un bol. Heureusement, ce fut papa qui arriva en premier et il me couvrit pendant que je finissais.
Papa me suivit quand j'allai dans la salle à manger et, après avoir jeté plusieurs regards en arrière, il me serra dans ses bras. Je ne bougeai pas, surprise. Cependant, cela ne le découragea pas et il me serra plus fort.
— Je te promets que lorsque j'aurais réglé le problème, tu seras sincèrement heureuse. Tu ne seras plus obligé de sourire vingt quatre heures sur vingt quatre.
Sans savoir quoi penser et peu sûre d'avoir tout compris tant il murmurait, je le fixai retourner dans la cuisiner, continuant de fixer le mur blanc plusieurs dizaines de secondes.
Comptait-il réellement faire quelque chose ? Mais quoi ? Et je ne comprenais toujours pas pourquoi seulement maintenant, après quinze ans d'existence.
L'esprit trop embrumé pour réfléchir, je mis cette pensée de côté et continuai de manger.
Ensuite, je me dépêchai de me préparer, me fichant de partir avec une heure d'avance. Tout ce que je voulais, c'était enlever ce satané scotch. Ainsi, en moins de dix minutes, j'étais déjà à la porte d'entrée, le sac sur les épaules.
— Maman ! Je pars !
Après quelques secondes, ses pas se firent entendre et elle passa dans le couloir jusqu'à moi. Elle arracha les morceaux, ce qui me fit grimacer. Mes joues tombèrent mollement, et je les massai, essayant de garder un petit sourire, malgré la douleur.
— J'espère que c'est la dernière fois que tu m'obliges à en arriver là.
— Oui maman. A ce soir !
— Attends une seconde !
Je me figeai, ne m'attendant pas à être stoppé dans le début de ma course. Je me tournai ensuite vers elle, les joues tremblantes, et me trouvai face à l'objectif de la caméra qu'elle pointa sur moi dans un murmure.
— Souris...
Je m'exécutai et le flash m'aveugla quelques secondes. Puis, satisfaite, maman m'autorisa à partir.
En moins de dix secondes, j'étais dehors. Le vent frais me gifla le visage, je poussai un profond soupir. Je continuai à me masser les joues endoloris, mais croisai le regard d'un de mes voisins, ce qui me poussa à me stoppai. J'imaginai parfaitement ses pensées, à quel point il devait me trouver étrange. Peut-être même qu'il en parlerait à des amis pour se moquer de moi !
Tu vois la famille Amogel ? Bah j'ai croisé leur fille ce matin et je les plains ! Elle est super bizarre, faudrait leur en parler pour qu'elle consulte un psy haha !
Oh non non non ! Surtout pas !
Je me rendis compte à l'instant que je trottinai, ce qui devait me donner l'air encore plus étrange. Heureusement, il n'y avait personne ici. Du moins, je l'espérai ; l'obscurité rendait compliqué de discerner quoi que ce soit.
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A la lettre
Teen FictionGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.