10. Inconnu

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Maman afficha un rictus face au désordre de ma chambre. Je tendis le cou dans tous les sens afin de m'assurer que je n'avais pas laissé des lettres en évidence par mégarde.

— Tu as causé tout ce bazar pour trouver une cachette ?

J'esquissai un petit sourire gêné qui approuva pour moi. J'espérai qu'elle ne chercherait pas à en savoir plus sur cela. Si elle fouillait dans mes affaires pendant les cours, ce qui n'était pas inhabituel pour elle... Tant pis, je déplacerai le papier à lettre pour faire de la place. Les filles venaient très peu en semaine, donc cela suffirait le temps de recevoir le colis.

— Tu rangeras tout ça à l'instant où je quitterai cette pièce.

— J'y comptais bien.

Maman s'assit à mon bureau pour payer l'article pendant que je commençais à ranger. Je jetai des coups d'œil de temps à autre jusqu'à ce que le prix total s'affiche afin de récupérer la somme dans mon porte-monnaie pour le donner à maman. 

De nombreuses heures plus tard, je me laissai choir sur mon lit. Je n'osai même pas regarder le temps que cela m'avait pris de tout remettre en ordre...

Je m'autorisai à souffler et à fermer les yeux quelques secondes. 

***

— Gwen, tu vas être en retard !

Je grognai, changeant de position, comme si cela suffirait à faire disparaître cette voix pour me rendormir. Il me fallut une bonne minute pour comprendre les paroles de maman. Retard, lundi, lycée, merde. Je me redressai dans la seconde à la recherche de l'heure, mais ne trouvai pas mon téléphone.

— Quoi ? Il est quelle heure ?

— Déjà 7 h 50, dépêche toi.

Je n'attendis pas plus et sautai sur mes pieds, ignorant les vertiges qui me prirent. Je manquai de me cogner contre mon placard, mais je parvins à l'ouvrir — enfin l'arracher et l'envoyer s'éclater contre l'encadrement — récupérer des vêtements et m'habiller sans trébucher.

Maman n'était plus dans ma chambre lorsque je fourrai mes affaires dans mon sac, vérifiant à peine s'il s'agissait des bons cahiers et manuels. Je courus à la porte pour l'ouvris, mais papa m'arrêta.

— Tes chaussures.

Je baissai les yeux, pour remarquer que j'étais effectivement toujours en chaussons. Mais quelle idiote ! Je perdais du temps pour rien ! Je les retirai, les rangeant à peine et enfilai mes baskets. Je fis la liste mentale de tout ce que j'avais pour m'assurer que j'étais prête à partir. Mon téléphone ! Et je ne m'étais pas brossé les cheveux !

J'enfonçai mon téléphone dans ma sacoche que j'avais failli oublier et mon peigne. Je me coiffais tout en courant dans tous les sens, à tel point que je rentrai presque dans maman.

— Tu te désinfecteras pendant ta pause.

Je hochai la tête et cette fois-ci, quittai l'appartement pour rejoindre le lycée à grandes enjambées. Je n'avais jamais couru aussi vite de ma vie, même en sport. Mais il n'y avait pas moyen que je prenne un retard. En plus, les filles devaient penser que je ne viendrais pas du tout. Mais je n'avais pas le temps de leur envoyer un message.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant