26. Pas pour maintenant

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— Alors, tu penses que j'ai progressé ? demandais-je à Séverilla.

Je venais de lui faire lire un nouveau texte. J'en étais personnellement assez fière, mais l'avis de mon amie déciderait de mon ressenti final. Après tout, c'était plus son domaine que le mien, donc si elle trouvait cela mauvais, alors c'était mauvais.

— Bien sûr. Ça ne fait qu'un mois que tu as commencé mais, non seulement tu as beaucoup écrit, mais les progrès sont plus flagrants au début. Ce que je peux noter c'est que tu as plus confiance en tes mots, tu hésites moins dans tes formulations. Ta narration reste fade — excuse moi du terme — mais on voit que tu essaies de la rendre vivante.

Elle continua de lister mes progrès et de me donner des conseils par rapport à son ressenti. De mon côté, je notais tout sur mon téléphone comme d'habitude. Même si c'était un peu effrayant au début, maintenant j'adorai quand son côté futur prof de français ressortais. Et je me doutais que c'était en grande partie grâce à elle si je progressais autant. Ça et, d'après elle, le fait que j'écrive plein de trucs différents. J'ai testé la romance, j'ai testé le fantastique, j'ai testé l'horreur, j'ai testé la dystopie et j'ai même testé la science-fiction. C'était le pire, mais j'avais testé et je savais que je ne recommencerais plus. Bien que cela fut quand même enrichissant.

Parfois, j'avais l'impression que faire plein de nouvelles dont je ne ferais jamais rien était inutile, mais Séverilla m'avait assuré que tant que j'écrivais, ce n'était pas inutile parce que je m'entrainais et m'améliorais.

— Dis, tu me verrais écrire un roman ? Tu penses que j'en serais capable ?

— Et bien, l'écriture d'un roman est clairement différente de celle d'une nouvelle en énormément de point. Mais ce n'est pas parce que tu n'as écrit que des nouvelles que tu ne peux pas faire de romans. Le seul moyen de savoir est de tester — plusieurs techniques — et de voir ce que ça donne.

— Comment ça plusieurs techniques ?

Elle chercha ses mots un instant, puis déballa son flot de connaissance qui m'impressionnait toujours. D'autant plus que, poétesse et future prof de français ou non, je ne l'imaginais pas en savoir autant sur le roman et tout ce qu'il pouvait y avoir avant, en fonction des gens. 

Ce que j'appréhendais le plus était de devoir prendre le temps de tester tout ce qui était possible jusqu'à trouver ce qui me convenait. Pour les nouvelles, c'était court, alors tester tout et n'importe quoi était rapide, mais un roman... Et si je passais des mois à en planifier un pour me rendre compte que je faisais fausse route et devais tout recommencer ?

— Ça fait peur. Je crois que je ne suis pas encore prête pour ça.

— Prends le temps qu'il te faudra. Et n'oublie pas que le principal est d'y prendre du plaisir.

Je ne savais pas encore si j'avais vraiment envie d'écrire un roman. Je pourrais me contenter de nouvelles et peut-être en faire un recueil. Mais qu'en ferais-je après ? Quel était l'utilité de ce travail acharné ? Je ne savais pas non plus si je comptais poster mes écrits d'une quelconque façon. Cependant, si mon unique lectrice restait Séverilla, n'était-ce pas du temps perdu ? Pourquoi prendre tant de temps pour tout garder dans un dossier de mon téléphone ?

Pour le moment, je devrais suivre le conseil de Séverilla et me concentrer sur le plaisir que cela me faisait ressentir.

***

Tout de même, écrire un roman... Cela me rendrait tellement fière. Ce n'était pas rien un roman, que ce soit en taille ou en temps de travail. Et pour le coup, c'était les deux que j'appréhendais. Je ne savais pas comment je m'en sortirais sur un projet qui me prendrait plusieurs mois si ce n'était plusieurs années. Mais ça pourrait me faire du bien.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant