Le cœur léger, les yeux rivés sur la fenêtre devant laquelle des élèves en retard passaient de temps à autres, mon esprit divaguait. Je me sentais toujours aussi mal d'avoir douté de mes amies, de leur sincérité alors que de leur côté, elles se démenaient.
— Mademoiselle Gwen !
Je me redressai dans un sursaut pour faire face à ma professeur d'anglais qui me dévisageait, les bras croisés. Elle semblait agacée, comme si cela faisait un moment qu'elle tentait de me ramener à la réalité.
Aussitôt, je fouillai la pièce à la recherche d'une horloge murale afin de savoir depuis combien de temps j'étais absente.
Non non non ! Ce n'est vraiment pas sérieux !
Quinze minutes. Qu'avais-je raté ? Mais surtout, comment avais-je pu me laisser distraire alors que ce n'était pas dans mes habitudes ?
Ressaisis toi, Gwen. Tu t'étonnes de te faire insulter par tes professeurs après...
— Pouvez-vous rejoindre votre groupe, de l'autre côté de la classe ?
Je jetai un coup d'oeil en face de moi et me rendis compte que la classe était divisée en deux de façon aléatoire, de ce que je pouvais supposer, car je me retrouvais à l'autre bout de ma place normale, alors qu'Allissia qui était dans cette partie, se retrouvait à attendre que je libère ma place, m'encourageant d'un pouce en l'air.
Sans plus attendre, je pris mes affaires et rejoignis mon groupe. Cependant, je ne savais toujours pas ce que nous allions devoir faire à cause de ma distraction.
— Tu veux que je te résume ce qu'il faut faire ? chuchota un garçon.
Je manquai de crier, tant il m'avait surprise. Il s'agissait de mon voisin en science, Bastien, si je ne me trompais pas. Et si j'avais refusé de lui parler la première fois, je ne comptais pas refuser son aide cette fois-ci.
Je fus alors rassurée d'apprendre que nous ne faisions qu'échanger des idées pour ensuite décider qui ferait quoi, sachant que le plus gros se ferait à la maison. Tant mieux, je préférais travailler dans cet environnement.
Mon groupe commença alors à échanger, en anglais, évidemment. Si mon anglais écrit était plus que correct, j'avais plus de mal à l'oral — sauf quand j'étais seule dans ma chambre — et à l'écoute. J'enviais Séverilla qui avait l'habitude de parler anglais avec ses grands parents.
J'avais beau essayer de faire de mon mieux, essayer de participer, je me sentais tellement inutile. Tant que finalement, je me contentai de hocher la tête lorsqu'ils demandaient si tout le monde était d'accord.
Alors, pour rattraper cela, je me désignai pour m'occuper du plus long et embêtant que personne ne voulait faire, me fichant de me retrouver à faire la moitié.
Ma partie étant déterminée, je me permis de me tourner de l'autre côté de la classe et chercher les filles. Illyana discutait avec les autres avec entrain et riait de ce qui semblait, évidemment, ne pas être du cours. Allissia arborait une moue concentrée, les yeux plissés au-dessus de sa feuille. Quant à Séverilla, elle semblait ailleurs, comme si quelque chose l'inquiétait, mais difficile de déchiffrer ses émotions.
Une fois le cours fini, je me dirigeai vers elle.
— Tout va bien ? Tu sembles soucieuse...
— Moi ? Je réfléchissais au travail, si c'est de ça que tu parles. Je ne pensais pas avoir l'air soucieuse. Désolée de t'avoir inquiété.
Je tentai de lire dans son regard, mais je n'y arrivais pas aussi bien qu'elle. Sachant que j'avais moi même caché un secret pendant plus d'un an, cela ne me semblait pas impossible que Séverilla aussi.
VOUS LISEZ
A la lettre
Genç KurguGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.