La porte s'ouvrit, ce qui m'arracha à mes doutes pour me faire rentrer. La chaleur des murs s'infiltra dans mes pores et je m'effondrai dans les bras de Séverilla, toute la pression étant retombée et ne sentant plus mes jambes.
Elle ne posa aucune question, priorisant de m'aider à grimper les marches pour rentrer chez elle, car je n'y serais pas parvenue seule. Je profitai de son étreinte, de la chaleur de sa peau, qui calmaient un peu mes tremblements.
Je faisais mon possible pour ne pas donner trop de mon poids à Séverilla, mais ma volonté n'était pas suffisante pour compenser mon manque de force. Heureusement, elle parvint à m'amener dans son salon et me déposa sur le canapé.
Tout était calme, à tel point que même si Séverilla marchait sur la pointe des pieds, on pouvait entendre de légers grincements.
Je serrai mes bras entre eux, tentant de ne pas trop grincer des dents, regrettant la chaleur de ma Séverilla. Cependant, je n'eus pas à rester longtemps ainsi, car elle revint peu de temps après et enroula une grosse couverture autour de moi. Je continuai de trembler, mais la chaleur, aidée par Séverilla qui me frottait le dos et les bras, me fis soupirer.
Je me collai un peu plus à elle et laissai ma tête reposer sur le haut de sa poitrine, à la recherche du moindre petit degré en plus.
Et finalement, lorsque la couvertures et les frottements chassèrent le froid, j'étais plutôt bien.
Mais je ne devais pas oublier que je venais de m'incruster chez elle en plein week-end alors que tout le monde dormait encore ici. Comment avait-elle su que j'étais là, d'ailleurs ? Avais-je tout de même sonné, tant j'étais crispée, sans m'en rendre compte ? Peut-être que cela n'avait duré qu'une fraction de seconde et que cela expliquait qu'elle seule l'avait entendu.
Je finis par me détacher d'elle à contre cœur, au moins rassurée par ses mains qui demeuraient autour de mes bras.
— Merci... Désolée de débarquer comme ça, sans prévenir... mais comment tu as su que j'étais là ? Je suis sûre de ne pas avoir sonné pourtant. Enfin, je crois, chuchotai-je.
— J'étais en train d'ouvrir les volets de la salle à manger et je t'ai vu, alors je suis descendu pour vérifier que je n'avais pas rêvé.
Elle s'apprêtait à continuer, mais se stoppa quelques secondes. Elle comptait sûrement me demander la raison de ma présence, ce qui était normal. Une part de moi aurait voulu éviter le sujet, mais je n'avais pas le droit de ne pas le lui révéler.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que c'est en rapport avec ce dont on a parlé la dernière fois ?
Je hochai la tête, plutôt rassurée de n'avoir qu'à acquiescer.
A ma grande surprise, Séverilla n'ajouta rien. Elle alterna entre s'humecter les lèvres et se les mordiller. Essayait-elle de comprendre la situation juste en me regardant ? Peut-être qu'elle n'osait pas me le demander.
Cependant, elle devait penser que c'était vraiment grave pour que j'en vienne à fuir chez moi sans mon téléphone pour contacter quelqu'un, et surtout, encore en pyjama. Je devais lui parler pour l'empêcher d'aller trop loin.
Elle comprit que je voulais m'exprimer, car elle m'encouragea d'un doux sourire.
— Elle voulait... que je les garde au lycée... Mais je veux pas... C'est la honte...
Je baissai aussitôt la tête, mordant ma lèvre inférieure aussi fort que possible, redoutant la suite. Et je me mis à penser sérieusement à ce que maman ferait lorsque je serais de retour à la maison. J'avais réussi à repousser le moment, mais pouvais-je vraiment y échapper ?
Son pouce glissa sur ma lèvre et je relâchai instinctivement la pression que mes dents exerçaient dessus.
— Tu vas te faire mal...
Ensuite, elle me serra dans ses bras. Elle-même semblait perturbée, peut-être à cause du fait qu'elle ne pouvait pas m'aider directement. Mais je devais avouer que malgré les cris intérieurs qui me faisaient regretter de l'avoir mise au courant, j'étais heureuse d'être dans ses bras, loin de toute pression.
— Sache que... je t'accueillerai toujours. N'hésite pas à venir me voir, même sans m'en dire la raison.
— Merci...
Je me collai un peu plus contre elle. A cet instant, entre la redescente des émotions passées et son étreinte confortable, j'aurais pu m'endormir.
Sauf qu'au moment où je commençais à somnoler, la vibration de son téléphone me stoppa et je me redressai. Séverilla se pencha pour le prendre sur la table basse. J'eus le temps de voir le nom d'Allissia apparaître à l'écran avant qu'elle ne décroche.
— Allô ?
Je tendis l'oreille, mais le son était trop faible pour me permettre d'entendre ce qu'Allissia lui disait. Alors j'essayai de décrypter les émotions de Séverilla pour comprendre un peu.
— Oui, elle est avec moi.
Tout mon corps se figea, surprise. Pourquoi Allissia cherchait à savoir où j'étais ?
Séverilla fronça légèrement les sourcils, concentrée, et émit des petits bruits d'approbations.
— Oui, elle va bien. Oui, je vais lui dire.
Juste après, elle raccrocha et se tourna vers moi.
— C'était Allissia. Ton père l'a appelé pour savoir si tu étais avec elle, parce qu'il s'inquiétait. Tu connais son numéro ? Tu devrais l'appeler.
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A la lettre
Teen FictionGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.