Les mots de Séverilla tournaient en boucle dans mon esprit. La magie de l'écriture... La seule chose qui était magique à ce sujet auparavant, était la façon dont cela me calmait grâce à aux lettres. Est-ce qu'écrire ainsi me faisait me sentir aussi bien que les lettres ? Je ne saurais le dire à l'instant. Je ne pouvais démentir que je me sentais plus apaisée, mais je doutais que lors de moment intense, cela puisse m'aider.
— Je pourrais lire ce que tu as écrit ? C'était quoi d'ailleurs ? Un poème, une nouvelle ? Quel genre ?
Je soufflai du nez dans un sourire face à ses yeux illuminés. Il était vrai que si je continuais à écrire, bien que l'idée me semblait irréelle, Séverilla ne serait plus la seule. Cette dernière avait bien essayé de contaminer Allissia qui aimait déjà la lecture, sans grand succès. Et il aurait été futile de tenter avec Illyana. Séverilla m'avait bien proposé d'écrire un poème ou un slam, mais les vers, ce n'était pas pour moi.
— C'est vraiment mauvais, je vais te faire saigner des yeux... Eum... je suppose que je pourrais dire que c'est une nouvelle ? Le genre, je sais pas... Ça n'a pas vraiment de sens... un genre de mélange entre le contemporain, le paranormal et le fantastique. On sait pas trop en fait... Dans un style onirique mêlé à de la drogue... C'est vraiment bizarre, je suis pas sûre que tu veuilles lire ça.
— Au contraire, ça m'intrigue beaucoup. Donc je peux ?
Je haussai les épaules et lui tendit mon téléphone alors que mon cœur s'accélérait. C'était vraiment étrange comme situation. J'appréhendais beaucoup son avis, même si je savais que c'était mauvais. D'autant plus que je m'attendais à avoir un commentaire comme lors d'une rédaction en français, venant de Séverilla.
Après quelques minutes, elle me rendit mon téléphone. Ce geste me sembla durer une éternité. Alors ? Qu'en avait-elle pensé ? C'était si horrible ? A tel point que je ne devais plus jamais écrire ?
— Bon, c'est vrai que c'est très maladroit et qu'il y a de gros problèmes de syntaxes et d'incohérence, que ce soit au niveau de l'intrigue, que la protagoniste, que des phrases en elle-même. Mais je ne dirais pas que c'est mauvais. Ça semble un peu, comment dire ça... léger ? Je veux dire, j'ai l'impression que tu n'osais pas laisser les mots sortir, comme si ce n'était pas ta place et que tu ne te sentais pas légitime. Je surinterprète peut-être, mais c'est ce que j'ai ressenti. En tout cas, si tu aimes ça, si ça t'as fait ressentir quelque chose, je t'encourage vraiment à continuer. Et à me faire lire tout ce que tu écrirais, évidemment.
Un sourire se dessina sur mes lèvres.
L'entendre ainsi parler d'un texte que j'avais écrit, moi, Gwen, personne qui n'existe pas dans le monde de l'écriture... c'était une sensation tellement particulière.
Je crois que j'aime ça...
J'avais envie de continuer, de lui faire lire, d'avoir son avis pour me permettre de m'améliorer. Et la passion qui brillait dans le regard de Séverilla devenait contagieuse.
Bientôt, les filles nous rejoignirent. Allissia me sauta aussitôt dessus pour m'étouffer dans ses bras. Les paillettes de sa robe se collèrent à moi. J'allais avoir une apparence étrange après cela...
— Notre Gwen qui arrive en avance est de retour !
Je pouffai à sa remarque. Pour être en avance, je l'avais bien été... Séverilla et moi nous jetâmes un regard complice.
— Ouais, t'as arrêté de donner l'impression de sécher les cours. Quelle bonne élève ! lança Illyana.
Nous discutâmes quelques minutes, puis la sonnerie retentit et nous allâmes en classe.
VOUS LISEZ
A la lettre
Novela JuvenilGwen s'écrit des lettres. Des lettres de haine. Des lettres pour la faire culpabiliser. Des lettres que personne ne doit découvrir. Sauf que c'est arrivé.