9. Meilleure cachette

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Dès mon réveil dimanche, ma première pensée fut les lettres. Je devais leur trouver une nouvelle cachette. Et pour cela, j'allais devoir retourner ma chambre. Si les filles étaient tombées dessus, ce pouvait être le cas des parents, et c'était hors de question. D'autant plus que je ne savais pas comment cela s'était passé exactement, et je me voyais très mal leur demander.

Je me hâtai de manger mon petit-déjeuner et de m'habiller en jogging pour être à l'aise. Je commençais par fouiller mon placard, retirer des trucs pour les poser sur mon lit qui se remplissait peu à peu. Mais rien ne pouvait servir de cachette. Je me dirigeai alors sur les tiroirs de mon bureau, mais c'était là que je mettais mes affaires de cours. Je vidai ma commode, puis me rappelai que ma mère l'ouvrait pour récupérer du matériel.

Dans un soupir, je m'affalai sur ma chaise pour boire une gorgée d'eau. Il était déjà midi et je n'avais rien trouvé... Comment allais-je faire si mes recherches s'avéraient inutiles ? Je ne pouvais plus me permettre de prendre le moindre risque. Car si j'avais choisi un bon endroit pour les lettres dans un premier temps, je ne serais pas dans une telle situation.

- Gwen, ma puce, le repas est prêt !

- J'arrive maman !

À l'encadrement de la porte, je jetai un regard d'ensemble de la pièce. Même si on oubliait tout le bordel que j'avais mis, il n'y avait aucun endroit où je pouvais cacher mes lettres. Je lâchai un nouveau soupir, puis, après m'être armé d'un sourire, je rejoignis les parents dans la salle à manger.

À peine entrée dans la pièce, une boule se forma dans mon ventre et le poids de l'air alourdi mes épaules. Je ne pus m'empêcher de déglutir.

D'un pas lent, je m'assis à ma place, en face de papa et à côté de maman. Son sourire à elle ne la quittait pas et bien que je ne comprenais pas comment elle faisait, cela semblait toujours sincère. Je ne l'avais jamais vu avec un rictus exagéré, même lorsqu'elle était fatiguée.

Papa, par contre, se forçait beaucoup plus, surtout à cet instant. Si nous étions une famille comme on pouvait en voir à la télé, j'aurais pu croire qu'il venait de se disputer et que maman avait eu soit raison, soit le dernier mot. Mais maman et papa ne se disputaient jamais. C'était même leur règle d'or.

- Fergus, mon amour, on est à table, fais un effort.

Papa agrandit son sourire, mais il faisait peur à voir. Il n'avait jamais été doué dans ce domaine. C'était à se demander comment ces deux-là avaient fini ensemble. Enfin, moi, je le savais, et je ne savais pas si j'aurais préféré l'ignorer. D'un côté, papa n'avait jamais caché le fait qu'il s'était marié avec maman et eut un enfant avec elle pour que ses parents acceptent son départ.

Ce qui m'inquiétait le plus dans l'actuel, c'était les regards qu'il me jetait. Et si Séverilla lui avait dit à propos des lettres pendant qu'il l'emmenait chez elle ? Ou pire, qu'il les avait découvertes par lui-même ?

Ce serait un cauchemar... Et s'il en parlait à maman ?

N'y pense pas trop... Peut-être que ça n'a rien à voir. Peut-être même qu'il n'y a rien et que tu te fais des films.

J'essayai de me rassurer, mais cela n'empêcha pas mon sourire de devenir peu à peu une grimace et quand maman eut fini de nous servir, je me jetai sur mes pommes de terre cacher mon expression.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant