47. Trop prudent ou pas assez

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Dans le doute, je choisis de faire un détour par le chemin du lycée, et une fois devant, je m'assurai que maman ne m'avait pas suivi. Je ne savais pas si elle irait jusque là, mais on ne savait jamais.

Je ne vis personne, mais comme de toute façon j'étais partie très tôt, je fis mine de sortir le premier cahier qui me tomba sous la main pour relire mes notes, on ne savait jamais. Je le fis pendant à peu près dix minutes. Puis, jugeant que si vraiment maman m'avait suivi, cela l'aurait convaincu, d'autant plus que son travail commençait bientôt, je rangeai mes affaires et me dirigeai enfin vers ma vraie destination, chez Illyana.

Comme on ne s'était pas donné d'heure, j'avais un peu peur d'arriver trop tôt et de réveiller Illyana en sonnant. Je décidai alors de lui envoyer un message.

[Moi

Hey ! Je viens de penser qu'on ne s'est pas donné d'heure, je voudrais pas arriver trop tôt.


Lalana crédibilité zéro

Mdr !

Je viens de te voir en bas de chez moi.]

Elle m'envoya une photo, et effectivement, elle pouvait me voir de sa fenêtre. Foutu fenêtre trop bien placée ! Je devais être rouge de honte ! J'aurais dû demander avant, et au pire, je serais restée plus longtemps pour réviser, cela ne m'aurait de toute façon pas fait de mal.

[Lalana crédibilité zéro

Aller, entre, c'est ouvert haha !]

Je soufflai et entrai, espérant qu'Illyana ne me charrierait pas trop sur le sujet. Bien que la connaissant, c'était possible. Je la retrouvai dans sa chambre, allongée dans son lit sur le ventre, balançant ses jambes. Elle lisait le livre que nous devions lire pour le français et le posa à mon arrivée, l'air ravie de s'en débarrasser. 

Malgré le fait que c'était prévue que l'on se voit, elle était encore en pyjama et je n'osai pas faire un pas sans risquer de trébucher sur tous les vêtements et affaires scolaires qui trainaient. C'était plutôt étonnant de voir sa chambre dans un tel état, au vu du caractère maniaque de ses parents.

— Regarde pas ma chambre comme ça ! J'ai l'impression de voir ma mère !

— Et bah sa réaction ne sera pas fameuse.

Elle haussa les épaules dans une expression nonchalante.

— Je foutrai tout dans une poche que je cacherais dans le placard, et ça passera crème.

— C'est pour ça que tu nous demandes de ne jamais ouvrir le placard quand on vient chez toi ?

Elle hocha la tête, poings sur les hanches. Elle en était vraiment fière en plus ! Pourtant, même techniquement, comment cela pouvait être vivable ? Comment faisait-elle si elle avait besoin d'un objet ? Cela devait prendre des heures de recherches !

— D'habitude, j'ai pas le choix de "ranger" avec mes parents qui me surveillent, mais là, ça s'est organisé à la dernière minute, donc j'les ai pas prévenu, j'avais trop la flemme de bouger tout ça !

— Attends... Donc là, tes parents sont pas au courant que je suis là ?

— Ouaip ! T'es pas la seule rebelle du groupe ! Et puis, t'es sûr qu'ils parleront pas de ta présence à tes parents comme ça.

Je n'y avais pas pensé, et elle n'avait pas tort en soi. Cela dit, si ses parents remarquaient ma présence imprévue, ils ne manqueraient pas d'appeler mes parents pour leur parler de mon impolitesse.

— Et tu m'explique comment tu comptes leur cacher maintenant ? Il suffirait qu'ils soient en bas quand Allissia ou Séverilla arrive et les voit. Et tu connais la non discrétion d'Allissia.

— T'inquiète ! Ils savent que j'ai pas cours et ils partiront au travail avant nous ! Et au pire je fais passer les filles par la cuisine ou le salon.

Je lâchai un profond soupir. Cette situation était loin, très loin de me ravir. J'étais déjà bien stressée à l'idée que maman comprenne que je lui avais menti et que je n'étais pas aller en cours et lui avais ainsi désobéi. Mais si en plus on ajoutait les mensonges d'Illyana... Mon cœur n'allait pas survivre à cela. Je serais à cran au moindre bruit, prête à me cacher sous le lit ou à sauter par la fenêtre dans le pire des cas. 

Illyana posa sa main sur mon épaule, ce qui me fit sursauter.

— Hé, relaxe, c'est pas la première fois que j'invite des gens sans mettre mes parents au courant et ça s'est toujours bien passé. Maintenant, tu poses ton sac, et on se cale tranquille sur le lit en attendant les filles.

Elle fit glisser mon sac de mes épaules et me poussa sur son lit avant de s'étaler de tout son long horizontalement. Heureusement qu'elle avait un lit double, parce qu'on aurait pas eu de place pour les filles si elle s'étalait de la sorte — ce qu'elle faisait toujours.

— Alors, pourquoi tu voulais qu'on vienne ?

— J'ai pas envie de me répéter, je préfère attendre que tout le monde soit là.

— Est-ce que c'est grave ?

— Pour moi ou pour les personnes que j'ai envie de tuer ?

Je fronçai les sourcils. C'était assez rare de voir Illyana ressentir autant de haine pour quelqu'un. Elle qui nageait dans les différents groupes d'amis et s'entendaient avec tout le monde. Bon, elle avait tendance à, comme elle le disait "envoyer les gens chier parce que leur tronche est marrante" mais les personnes en question savaient qu'Illyana ne les détestait pas et sa façon de faire les faisait même souvent rire. Je me demandais réellement ce que cela pouvait être.

Quand Illyana reçut le message de l'arrivée d'Allissia et de Séverilla, mon cœur s'emballa, terrifié à l'idée qu'elles fassent trop de bruit et qu'on se fasse repérer. 

Parce que le fait que maman comprenne, c'était une chose. Que je ne voulais évidemment pas, c'était sûr que ma punition s'aggraverait, et elle serait capable de me suivre partout pour être sur que je ne fasse rien qui la déplaise. Mais si les parents d'Illyana remarquaient qu'on était là contre leur volonté, j'allais en plus de cela recevoir leur moral. 

Je pouvais toujours jouer l'ignorance et dire que je ne savais pas qu'ils n'étaient pas au courant. Ce qui était le cas jusqu'à ce que j'arrive. Mais si je disais cela, soit ils penseraient que je me moque d'eux, parce qu'Illyana en a tellement rien à faire qu'ils savent qu'elle ne s'en cacherait pas, soit j'aggraverais le cas d'Illyana et passais pour la pire des amies qui étais prête à les trahir plutôt que de faire ça ensemble et se soutenir.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant