39. Nouvelles personnes

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Que quelqu'un s'ajoute à notre groupe... J'y avais juste pensé comme cela, mais maintenant que l'idée s'ancrait dans mon esprit, elle ne me plaisait pas du tout. Je n'aimais pas imaginer cette situation. Pourtant, c'était ce qui était arrivé pour chacune des filles, étant donné que je ne suis pas venue sur terre en les connaissant déjà.

Si j'avais rapidement eu un début de complicité avec Allissia et Séverilla, l'incrustation d'Illyana m'avait donné plus de mal et j'étais plus heureuse quand elle partait avec d'autres personnes.

Y repenser me faisait culpabiliser, parce que j'aimais beaucoup Illyana, mais je n'y pouvais rien, si je ne connaissais pas la personne, je ne pouvais pas être à l'aise.

— A quoi tu penses ?

— Je me disais... Comment tu le vivrais si l'une de nous s'entendait assez bien avec quelqu'un pour la faire rejoindre le groupe ?

Allissia pencha la tête sur le côté, laissant ses yeux se perdre dans le vague. Ce sujet n'avait tellement rien à voir avec la conversation qu'elle devait se demander d'où me venait cette idée.

— Ça dépend... Si cette personne rejoint direct nos soirées du vendredi, je serais mal à l'aise d'accueillir chez moi quelqu'un que je connais depuis quelques jours seulement. Mais au lycée, je trouve ça cool ! Je ne suis jamais contre de nouvelles rencontres ! Imagine si à la fin de la terminale, on se retrouve avec cinq, six, ou peut-être même sept ou huit personnes dans le groupe ! Ce serait génial, tu crois pas !

J'eus du mal à ne pas me crisper en l'entendant dire cela. Même si je savais qu'il me fallait juste un temps d'adaptation, je crois que je ne pourrais jamais être moi si autant de personne restait avec nous. 

En me voyant réagir ainsi, Allissia calma son excitation.

— Ça n'a pas l'air de te plaire.

— Je... on devrait peut-être rejoindre les autres.

Je me détournai, mais elle me retint. Son expression sérieuse m'indiqua qu'elle ne me laisserait pas partir ainsi après avoir lancé le sujet.

— Dis moi tout. Tu sais, c'est possible que des gens nous rejoignent, ce serait bien qu'on sache ce qui peut te déranger. Faut pas que tu finisses pas te sentir mal, ou rejetée ou quoi que ce soit !

— Je... je sais... c'est juste que... j'aime bien notre cercle réduit, cette intimité qu'on ne peut pas avoir en pleine discussion avec toute la classe. Si une personne se rajoute, ce serait comme introduire quelqu'un chez moi et devoir vivre et forcer les choses pour qu'on s'entende.

Je me mordis la lèvres, espérant qu'elle ne comprenne pas que je l'avais ressentis comme cela pour Illyana et me trouve horrible parce qu'elle avait eu un coup de foudre amical pour cette dernière.

— Oui ?

Je baissai la tête, honteuse. Comment réagirait-elle si je le lui disais ? D'autant plus que pour elle aussi, cela m'avait fait bizarre, ayant l'habitude d'être seule à lire. Et Séverilla, je me sentais mal pour elle parce que j'avais l'impression de lui imposer ma présence. Alors certes, il ne nous avait fallu que quelques jours pour que je me sente à l'aise, mais ce n'était pas le cas d'Illyana. 

Au début, elle ne passait que quelques pauses avec nous, alors ça allait, mais plus le temps passait, et plus elle s'est ajoutée au groupe, puis à nos soirées du vendredi. Ce ne fut que pendant les grandes vacances avant cette années que, pour je ne savais quelle raison, nous nous parlions beaucoup par message et nous sommes donc rapproché ainsi. 

— C'est parce que t'étais pas à l'aise avec Illyana au début que tu te sens mal parce que t'as l'impression de dire que tu préférais quand elle était pas là ?

J'ouvris de grands yeux, incapable de faire autre chose tant la surprise m'accablait. Depuis quand Allissia pouvait être perspicace ? Elle à qui il suffisait presque de dire "tout vas bien" pour qu'elle y croit ?

— Comment tu...

— C'est vrai ? Pour de vrai ? J'ai vraiment deviné ?

Je me contentai de hocher la tête et Allissia sautilla sur place, applaudissant, fière d'elle.

Yes ! Je suis trop forte ! Bon, après, même pour moi, c'était plutôt évident. T'avais l'air de littéralement t'illuminer dès qu'elle partait !

Je me figeai à ses mots et jetai un regard vers Illyana, qui parlait avec Séverilla dans sa chambre. Si même Allissia l'avait remarqué, quand était-il d'elle ? Cela avait dû la mettre tellement mal à l'aise ! Je comprenais mieux pourquoi sur le groupe elle disait qu'il valait mieux que ce ne soit pas elle qui me parle sur le sujet des lettres. Et si, malgré notre rapprochement, elle continuait à penser que je ne faisais qu'accepter sa présence dans le groupe, sans pour autant l'apprécier ?

Allissia plaça ses mains sur mes bras pour me tourner.

— Hé, t'as pas à réagir comme ça... Je veux dire, euh... j'ai été maladroite dans ma façon de le dire, mais... euh... je suis désolée... Je ne voulais pas te faire de reproches ou quoi, vraiment, je t'assure ! Rien qu'en primaire, tu fuyais la foule, alors j'ai toujours compris que tu avais du mal et je ne t'en ai jamais voulu. C'est pour ça que j'avais expliqué à Illyana que c'était pas contre elle, et elle aussi elle t'en voulait pas, d'ailleurs ! Elle a bien remarqué que t'étais gentille de toute façon et qu'il te fallait juste du temps. C'est pour ça qu'elle n'a pas rejoint nos soirées du vendredi trop rapidement.

— Vraiment ? 

Allissia secoua la tête de haut en bas, ce qui eut pour effet de me soulager et de retirer le poids sur mes épaules. Je soufflai un bon coup et pus retrouver mon sourire.

— On devrait peut-être les rejoindre, elles vont finir par croire qu'on complote contre elle.

Elle ouvrit de grands yeux avant d'éclater de rire, se pliant en deux et frappant la table de travail. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de si drôle dans ce que je venais de dire, mais avec elle, j'avais arrêté de me poser des questions.

A la lettreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant