La malédiction de la Cité Pourpre - tome 1

Acte V - scène 7

Xiang, Wuyuan, ministre Zhong, ministre Ping

La reine arrive avec la même peine sur sa figure qui ne fait aucun effet sur le cœur du roi qui la regarde avec méfiance.

Xiang, gravement : Que voulez-vous encore me prendre ?

La reine s'agenouille aux pieds du roi, prend sa main et l'embrasse tendrement. Puis elle essuie ses larmes et regarde le roi d'en bas.

Wuyuan : Je suis venue vous demander une faveur.

Xiang, gravement : Aurais-je oublié de vous accorder une faveur au temple du Ciel et de la Terre ? Parlez je vous écoute, mais n'espérez pas que je vous accorde la promesse d'accomplir votre vœu, car je me réserve le privilège de vous le refuser.

Wuyuan, après un instant d'espoir : Je vous supplie de ne pas exécuter Wang Chen.

Xiang : Auriez-vous quelques regrets à me dire ?

Wuyuan, sincère : Je vous supplie une fois encore de renoncer à lui prendre la vie.

Xiang, peiné : Hélas, il n'est pas permis au Fils du Ciel de déroger à la loi du Ciel et de la Terre, même pour lui-même.

Wuyuan : Je suis prête à d'autres sacrifices. Je suis prête à vous exprimer mon véritable point de vue de ce qu'il s'est vraiment passé au Jardin du Roi.

Xiang : Alors prenez un temps pour réfléchir, car si vous assumez un mensonge, vous vous exposerez à un plus dur châtiment.

La reine soupire de soulagement, se sent envahie d'un espoir. Elle reprend le contrôle de ses émotions, efface toute trace de larme sur son visage et prépare sa voix.

Xiang : Prenez le temps de bien réfléchir, mais sachez tenir compte qu'il n'est pas dans mes habitudes de gouverner en revenant sur mes décisions. (Furieux en regardant le public) En voulant s'évader de ma cité, Wang Chen cherchait à fuir ma domination pour épouser certainement sans ma permission la princesse Mei.

Instantanément, la reine regarde le roi et se relève d'un bond.

Wuyuan, vivement et légèrement irritée : Wang Chen est amoureux de la princesse Mei ? Depuis quand ?

Le roi se moque d'elle. Il s'approche de la reine qui baisse les yeux puis s'agenouille à mesure que le roi l'approche.

Xiang : Vous ne semblez au fait de cette nouvelle. (Tournant autour de la reine pour la tourmenter) Depuis des années, un amour malheureux entre mon fils et la princesse vivait reclus sous vos yeux sans que vous n'y perceviez la moindre flamme, la moindre chaleur, la moindre passion ardente qui liait ces deux amours. Mais moi, il ne m'est permis de ne (en fixant Zhong qui lui répond par un salut de la tête) rien échapper à mon contrôle, pas même vous qui semblez si prompte à venir défendre votre agresseur et à prendre sensiblement de ses nouvelles. Alors, reine perfide, rapportez-moi votre vérité. Expliquez-moi comment un homme qui sait trop bien aimer fidèlement un amour depuis cinq ans se retrouve à enfreindre l'interdit de la Porte de la Fierté Divine pour séduire la reine.

La reine attend un instant à genoux, les yeux fixant le sol. Puis elle se relève avec énergie.

Wuyuan, irritée : Je vous ai caché sa motivation criminelle par un faux sujet de votre succession pour cacher ma honte et mon déshonneur. Mais un amour infidèle doit être puni pour le crime dont je suis la victime !

Xiang, souriant à cette audace : Vous le confirmez.

Wuyuan, fièrement et avec emportement : Oui je le confirme ! La flèche du Jinlong ne sort de son carquois que pour tirer, la preuve de son crime épouvantable est évidente ! Je suis venue vous demander de lui épargner sa vie croyant en la pitié de la mère que je suis, mais je vous demande de lui prendre la vie croyant cette fois en le déshonneur de la reine que je suis !

Elle fixe longtemps le roi avec courage sans baisser les yeux. Ceci pendant un silence durant lequel le roi tente de lire dans les yeux de la reine.

Xiang, souriant au changement de la reine : Vous pouvez vous retirer.

La reine le salue puis se retire dans une démarche altière et vive, tout l'opposé de son arrivée.

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Comprends-tu ce retournement de situation de la reine ? N'est-ce pas humain de réagir ainsi ?