Acte V - scène 16

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Xiang, Wuyuan, le Héraut

Pendant longtemps, le roi pleure son fils à terre. Il lui faut beaucoup de temps pour reprendre un peu de ses esprits. Il fixe à genoux l'anneau de son fils et son torse vacille d'avant en arrière comme s'il n'a plus la force de se tenir droit à genoux. Il fixe cet anneau très longtemps et vacille à plusieurs moments.

Le Héraut, à l'extérieur de la scène : Sa Majesté la Reine !

Le roi trop accablé ne fait pas attention à la reine qui arrive, elle aussi en deuil. La reine en pleurs s'arrête dès qu'elle entre sur scène et fixe au loin le roi.

Xiang, à genoux en fixant l'anneau devant lui à terre : J'ai trop facilement admis ton crime qui n'en était pas un... Je me suis châtié moi-même à ne jamais plus te revoir... (Après un long moment) Mon fils, tu es mort, je t'ai assassiné... Que de multiples armes s'abattent sur moi... Que la foudre tombe sur ma tête... Fils... tout mon être t'implore de m'accorder ton pardon... Comme je me repens sincèrement et comme je suis en colère contre moi... Mon tendre fils... J'ai peur... Mon fils, je te jure que je ne savais pas... Je t'ai tué sans désir ni savoir et je regrette mon erreur... Je n'ai jamais été aussi perturbé... que lorsque je t'ai su avec la reine dans mon jardin interdit... De mauvaises pensées... Toi et la reine, tous deux... Je n'ai jamais été aussi désorienté... La confusion dans mon esprit a perverti mon jugement, et précipité un commandement terrible qui n'a pas été soutenu par la raison... J'étais terrifié en secret de savoir un amour illicite dans ma maison... Mon fils, je te demande dix-mille fois pardon...

Puis il recommence à pleurer. La reine ne peut s'empêcher de retenir ses larmes. Ses sanglots font paraître sa présence aux oreilles du roi qui la regarde.

Xiang : Vous !! Le meilleur de mes fils est mort par votre faute !! C'est un mensonge que de me faire croire qu'un homme sur cette Terre puisse éprouver un amour sincère pour vous, sorcière !! Tout cause un malheur autour de vous !! Et vous n'êtes pas digne de la vie terrestre et de quelque bonheur qui puisse apaiser les âmes ! VOUS DEVEZ SOUFFRIR !!!

Wuyuan, en regardant l'anneau à terre : Je n'ai jamais considéré Wang Chen comme mon propre fils, car il n'était pas de moi... Je n'ai jamais réussi à lui donner l'amour d'une mère... Et le voir comme un étranger fut ma faute la plus grave... C'est moi qui l'ai aimé depuis ces anciennes années... Je ne l'ai désiré non pas comme un vivant, mais comme un objet que je voulais pour moi seule... C'est moi qui l'ai séduit dans le Jardin... C'est moi qui ai commis le crime... C'est à moi que revient le mérite de mourir... (À genoux devant le roi) Je supplie mon époux, mon maître, mon roi... Je vous supplie de me libérer de mon crime... J'attends le châtiment de Votre Majesté, qu'elle me délivre de mes tourments...

Xiang, ramassant fermement l'anneau du prince : Il n'est pas question de vous exécuter pour ce que vous avez fait (la reine le regarde immédiatement avec terreur). La mort est bien trop facile pour un être aussi difficile. Vous brûlerez de remords jusqu'à la fin de votre vie. Vous brûlerez vivante de remords comme sur un bûcher infernal qui vous revient de droit. À partir d'aujourd'hui chacun de vos pas, chacun de vos gestes, de vos paroles et la moindre de vos pensées sera un douloureux châtiment que je vous imposerai de vos matins jusqu'à vos soirs. Et ce soir vous allez vous coucher avec un marteau sur la conscience. Jour après jour et nuit après nuit, ce marteau ne cessera jamais de vous cogner sur la tête pour vous faire le rappel de votre geste le plus inhumain.

Wuyuan : On ne peut, ici-bas, supporter une vie aussi affligeante ! Par pitié, ne soyez pas inhumain... Ne me laissez pas dévorer vivante par les remords en furie !

Xiang : Vous n'êtes pas une créature ordinaire ! Vous êtes la seule à demeurer transgresseur et victime ! Deux fois dans la même personne ! Je ne peux condamner à mort une victime compliquée telle que vous !

Wuyuan : Tuez-moi pour ce que j'ai fait !!

Xiang : Ne m'approchez pas, vilaine !!

Wuyuan : J'ai découvert le sinistre plaisir d'avoir fait couler le sang des mains de votre propre fils ! Un monstre s'est révélé dans votre propre maison, vous devez vous opposer à moi ! Sauvez le monde de mon goût pervers ! Qu'attendez-vous ?! Frappez donc cette femme outrancière qui vous défie ! Osez vous opposer à cette femme cruelle qui parle librement par sa bouche pleine de sang !! J'ai tué votre fils ! J'ai tué votre servante ! J'ai tué des enfants et massacré votre propre peuple !

Dans un cri de fureur, le roi dégaine son épée et fonce pour tuer la reine. Celle-ci ouvre les bras et s'agenouille en fermant les yeux, sans être effrayée par la furie du roi.

Mais le roi retient son bras et son épée s'arrête contre la peau de la reine.

Xiang, reculant d'un pas et gravement : Je ne vous laisserai pas une deuxième fois abuser ma raison et pervertir mon jugement. (Après une pause et les yeux en larmes et la voix terrible) Vous serez ce que j'ordonne.

Le roi quitte la scène totalement affligé, la tête baissée, avec son arme. Il laisse la reine dans une solitude insupportable : elle lâche un puissant cri de désespoir et furieux au ciel.


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Quelle décision aurais-tu prise à la place du roi ?

La malédiction de la Cité Pourpre - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant