Acte V - scène 15

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Xiang, ministre Zhi

Xiang, priant tout bas en regardant vers le ciel : Royaume des cieux éclairez-moi. Mon fils mérite-t-il sa culpabilité ? Je tremble, je trouble. Et si mon fils est innocent des crimes dont on l'accuse ? Quel accueil mon âme mériterait au panthéon de mes glorieux ancêtres à l'aspect de ce fatal arrêt. Jamais roi du Jinlong ne mourut après son fils. Je m'en voudrai pour toujours si mes doutes soient avérés.

Pendant que le roi fait sa prière, le ministre Zhi entre sur scène tristement. Il parcourt la scène lentement jusqu'au roi comme s'il traîne derrière lui un poids très lourd. Le roi interrompt sa prière quand le ministre parvient près de lui.

Xiang, soucieux et les mains sur les épaules du ministre : Ministre Zhi. Mon sage maître. Je vous ai fait venir pour entendre votre sagesse. Que signifie que mon fils a franchi la Porte de la Fierté Divine pour se retrouver avec la reine et sa servante dans le Jardin interdit ? Que signifie que sa flèche est ce soir dans les affaires de la reine ? Et que signifie selon vous que l'intendante de la reine s'est donnée la mort ? Parlez franchement, je vous en prie.

Ministre Zhi, peiné : J'obéis à Votre Majesté et vous dis franchement... (il s'interrompt)

Xiang : Parlez librement sans vous soucier du protocole des conversations avec le roi ! Je vous dois bien ce privilège.

Ministre Zhi : Vous auriez dû convoquer l'ensemble de vos ministres pour évoquer ce terrible crime que je viens de connaître l'existence, car vous n'aviez pu profiter de mon précieux témoignage. En toute franchise, je dis que vous avez fait une erreur.

Xiang : Achevez de me dire.

Ministre Zhi : Cet après-midi, le prince Chen est venu me consulter et me dire s'il lui fallait rompre l'interdit de la Porte de la Fierté Divine.

Xiang, larmoyant : Poursuivez.

Ministre Zhi : Je lui ai dit d'obéir et de franchir la Porte de la Fierté Divine même au péril de sa vie. Car son devoir de fils l'appelait à soumettre une entière obéissance à sa mère qui l'avait convoqué au Jardin du Roi.

Xiang : Se peut-il que Wang Chen vous ait parlé d'un quelconque attentat contre la reine ?

Ministre Zhi : En aucun cas, Majesté. De retour du jardin qui lui est, en réalité, interdit, le prince terrifié est venu me demander s'il existait un moyen de fuir la Cité Pourpre sans froisser Votre Majesté.

Xiang : Sans me froisser ? Voulait-il se préserver d'un malheur ?

Ministre Zhi : Je le crois, Majesté. Et la figure épouvantée du prince en attestait.

Xiang : Quel sombre événement a produit cette terreur dans la figure du prince ?

Ministre Zhi : Il s'est refusé de me le dire, Majesté. Mais j'ai pu lire de la peine, de l'effroi et de la tragédie dans ses yeux.

Le roi marche aussitôt vers un côté de la scène en entraînant Zhi par le bras avec lui.

Xiang : Partez vite ! Retrouvez le ministre Ping et dites-lui d'abroger mon dernier commandement ! Sauvez mon fils ! Ramenez-le-moi !

Le ministre Zhi reste sur place les yeux vers le sol.

Xiang : Avez-vous entendu ce que je viens de vous dire ?!

Le ministre lève la tête et fixe le roi.

Xiang, terrifié : Non, il n'est pas trop tard !! Partez exécuter mes ordres !!

Le ministre s'approche du roi et ouvre la bouche.

Xiang, reculant terrorisé : Non, non... Pas encore ! Il n'est pas encore temps !

Le ministre lève la main et montre l'anneau du prince Chen. Le roi ne contrôle plus ses émotions et s'abandonne à l'affliction totale et commence à pleurer comme un chien battu. Il tombe au sol et couvre son visage de pleurs. Il pleure très fort.

Ministre Zhi, affligé : Votre fils a été exécuté selon vos ordres...

Le ministre pleure en silence. Il pose à terre avec respect l'anneau du prince et quitte lentement la scène sans jamais tourner le dos au roi.

Xiang : C'est mon fils !! (À voix basse) Mon héritier... (Criant fort) C'est mon enfant !!


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Je n'ose pas imaginer l'effet sur scène...

La malédiction de la Cité Pourpre - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant