Wuyuan, prince Wen, prince Huan, les ministres, des servantes de la reine, le Héraut, les courtisans conspirateurs, des courtisans, des Gardes-Phénix
Le théâtre change et représente le palais de la reine de l'acte I.
On place au centre de la scène sur l'estrade le lit de la reine, comme dans l'acte I scène 1.
C'est la Cérémonie du Coucher de la reine. La scène est très bruyante et très peuplée, tous les courtisans tournent le dos au lit de la reine et font face au public. Ils parlent et éclatent de rire en toute liberté entre eux. Ils bougent où ils veulent sur scène sans restriction. Certains s'assoient. Certains mangent et boivent. D'autres vont même jusqu'à oser manger devant un Garde-Phénix situé au bord de la scène : en mangeant au plus près de la bouche du garde comme pour montrer sa revanche sur la reine, le garde restant immobile. D'autres courtisans humilient un Garde-Phénix en se jouant de son immobilité comme une vengeance, en versant de la boisson sur son casque. La scène est très vivante et bruyante par rapport à l'acte I scène 1.
La reine au fond de la scène sur l'estrade près de son lit est totalement passive et perdue. Elle se laisse faire par les servantes. Celles-ci tendent un voile derrière lequel elles retirent le costume de la reine et l'habillent de son vêtement de nuit. Elles retirent les bijoux, les parures et le maquillage de la reine. Elles préparent également le lit de la reine. La reine ne parle pas ni ne montre aucune autorité envers les courtisans qui ne respectent aucunement le protocole de la cérémonie.
Les ministres discutent entre eux face au public au milieu des courtisans.
Une première série de tambours retentit.
Le Héraut, éloquent : Son Altesse le protecteur des Arts et des Lettres, le sage prince Wen !
Le prince Wen arrive, tourmenté dans ses pensées. Le brouhaha des courtisans le surprend. À cause de la liberté que prennent tous les courtisans, le prince a du mal à rejoindre l'estrade, car il n'y a plus de chemin sur scène, tout le monde va où il veut, il y a foule. Mais quand le prince s'avance, tous les courtisans le saluent et s'écartent sur son chemin. Le respect envers ce prince est conservé puisque les courtisans s'écartent et préviennent les courtisans derrière de faire le chemin et la salutation à ce prince. Tout ceci désole le prince Wen qui soupire puis regarde avec peine sa mère qui n'est respectée par plus personne. Les ministres écartent avec force les courtisans devant eux afin de se précipiter pour saluer le prince.
Le prince Wen monte l'estrade et comme à l'acte I scène 1 fait le même rituel de salutation sauf qu'il ne trouve pas le prince Chen, il le cherche en vain en balayant du regard toute la scène. Puis il regarde la reine, perdue, et reste debout afin d'être vu du public puisque toute la foule de courtisan empêche de bien voir le fond de la scène, d'où l'utilisation de l'estrade tout au long de la pièce.
Une deuxième série de tambours retentit.
Le Héraut : Son Altesse le guerrier sans crainte, le redoutable prince Huan !
Le prince Huan entre tout sourire et arrogant. Mais très vite, il est choqué par le fort bavardage des courtisans et des ministres. Voyant qu'aucun courtisan ne le salue ni ne s'écarte pour le laisser passer, le prince Huan les frappe sur la tête avec son éventail replié. Les courtisans frappés se taisent et s'écartent de lui avec révérence. Mais les courtisans voyant la scène augmentent leur bavardage, la plupart regardent Huan en éclatant de rire comme pour se moquer de lui. Huan se sent attaqué et impuissant, comme un petit être effrayé. Il accourt se réfugier sur l'estrade près du prince Wen. Debout à côté de Wen, il est indifférent à la peine extrême de la reine et ne se soucie que de rester en hauteur au-dessus des courtisans trop bavards qui le font peur.
Prince Huan, en regardant les courtisans : Allez-y, moquez-vous. Jouissez de ce que le roi vous permet. Rira bien qui rira le dernier le premier jour de mon règne.
Prince Wen : Savez-vous où est Premier Frère ?
Prince Huan, aigre : Il a quitté la Cité Pourpre avec la permission du roi ou bien par la force de la désobéissance. Peu m'importe le sort de Premier Frère, de toute façon. Ne me parlez plus de lui tant qu'il ne m'aura pas présenté ses excuses !
Prince Wen : Et s'il lui est arrivé malheur, vous efforcerez-vous de maintenir un discours aussi inadmissible ?
Le prince Huan l'ignore et ne fixe plus que la reine comme s'il admire sa propre mère, en train de se faire habiller par les servantes.
Les courtisans font moins de bruit pour permettre au public d'entendre les personnages. On entend donc un faible brouhaha.
Ministre Zhong, murmurant : J'espère que votre stratagème fonctionnera. C'est un risque énorme que vous avez pris pour le prince.
Ministre Ping : Le prince Chen est désormais libéré de tous les malheurs de la Cour et là où il se trouve, il est protégé contre la dureté du Roi et contre la passion de la reine. Parfois, les vivants envient les morts de leur repos éternel. Je puis vous assurer que notre prince Chen jouit d'un bon repos.
Ministre Zhong : Il nous faut dorénavant soutenir qui du prince Wen ou du prince Huan est le plus digne d'hériter le trône-dragon.
Ministre Ping : Laissons cela pour plus tard.
Le baron Yan apparaît dans la masse de courtisan auprès de ses sept amis bavards situés au bord de la scène, afin qu'ils puissent être clairement visibles au public.
Dame Zheng : Vous avez vraiment osé arriver en retard ?! C'est à croire que vous cherchez à prendre votre revanche contre la reine ! Vous m'épatez, baron ! Vous ne pouvez mieux l'humilier que d'arriver volontiers en retard !
Yan : Eh bien plus personne n'a à craindre d'arriver en retard puisque le Roi a décidé de ne pas en tenir compte. (La main sur son embonpoint) Et puis il me fallait bien que je prenne tout le temps du monde pour digérer tranquillement le festin du banquet.
Yong : Mais vous aviez manqué le début de la Cérémonie du Coucher de la reine.
Yan : À ce propos, est-ce que l'un d'entre vous sait pourquoi le Roi a fait retarder la Cérémonie de bientôt une heure ?
Liang : Peut-être à cause de la durée du banquet.
Yong : Peu importe pourquoi, maintenant. Nous ne pouvons pas toujours nous mêler des affaires du Roi et ce serait une offense que de chercher à savoir les secrets d'un roi qui fut plus que bienfaisant envers nous.
Grande Dame Lei : Oui, vous avez raison, vicomte. Pour une fois, respirons paisiblement. C'est la première nuit depuis cinq ans où nous pouvons enfin dormir tranquille. Toujours est-il, monsieur le baron, que le Roi a fait abolir le protocole du coucher de la reine et comme vous pouvez le constater, nous jouissons de la station debout ou assise en toute liberté.
Yan : Et nous pouvons enfin regarder droit dans les yeux la méchante humiliée ! Regardez donc les formes exquises et la beauté éclatante de cette reine perfide. Prenez gardes, les hommes, de sombrer dans ses charmes venimeux.
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La malédiction de la Cité Pourpre - tome 1
RomanceL'État Suprême du Jinlong est dirigé depuis cinq ans par la reine Wuyuan pendant que le roi est à la guerre. Elle gouverne le pays par la terreur depuis la Cité Pourpre sans savoir qu'elle est entourée d'ennemis qui conspirent pour la détruire. Pièc...