Élevé par la rue

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J'lui ai recraché tout ce que je savais, qu'apparemment il était dans la bibi, qu'en plus il voyait d'autres filles... C'est en parti en dispute, il me disait que je racontais n'importe quoi. Pour ma part, les disputes se faisaient assez fréquentes en ce moment, ça me fatiguait. Après une bonne quinzaine de minutes où on faisait que d'crier, on a arrêter. Puis il s'est enfin décidé à parler, à assumer. Il m'a dit que pour ce qui concernait ses affaires, ça ne concernait que lui, que j'avais pas à m'en mêler, ni même à en être informer. Qu'ce genre d'histoire c'était pas pour les filles. En faite, j'crois qu'il me voit comme une gamine naïve, qui croit tout ce qu'on lui dit, qui est trop innocente et faible pour faire face aux réalités de la vie... Mais il se trompe. Il s'fie aux apparences. Il m'a ensuite informé sur le fait qu'il ne voyait pas d'autres filles en dehors de moi, que certes il en avait fréquentés mais que ça datait bien avant qu'il m'connaisse. Et que ça a encore moins été le cas depuis qu'il me connait.

Je le croyais. J'étais rassurée, mon cœur c'était apaisé. Même après cette dispute mouvementée, je savais que je l'aimais, que j'allais lui pardonner. J'sais pas comment on a fait mais on a fini par parler normalement, comme si cette dispute n'avait pas eu lieu. Bien que son investissement dans la rue me gênait énormément, mais ça c'était un autre combat, un combat que j'allais mener, pour qu'il laisse tomber cette partie de sa vie.

En rentrant chez moi, j'ai vu mon frère, il m'a lancé un regard noir avant de me demander où j'étais. Sur le coup, j'ai essayé d'faire dans le naturel, et je lui ai dis que j'étais avec Leïla. Il c'est contenté de me dire 'monte'. J'ai pas chipoté et j'suis montée, au risque de me prendre des coups en pleine rue sous le regard de toutes ces commères. Quelques dizaines de minutes plus tard, il m'a rejoint à la maison. Il est entré dans ma chambre sans même toquer.

Ismaïl - Toi tu traînes trop dehors !

- ... 

Ismaïl - En plus tu réponds pas, que j'te revois dehors j'te monte à la maison par les cheveux.

- PFF...

Ismaïl - J'vais m'occuper d'vous bande de gitanes.

Sur ces mots il est parti en claquant la porte. Ça faisait longtemps qu'il était calme, j'savais que ça n'allait pas duré. Apparemment Ismaïl la terreur reprend du service.

[...]

Une fois les épreuves du bac passés, place à l'été et aux vacances enfin. J'ai eu mon bac avec mention, et j'ai été accepté dans la fac que je voulais. Au moins un domaine où tout se passait bien.

Alors que je pensais pouvoir me reposer comme il faut, c'était pas gagné. En ce moment j'pouvais pas sortir, Ismaïl était trop sur mon dos, il surveillait le moindre de mes faits et gestes... Et si Malek lui avait parlé ? J'essayais d'pas trop y penser, parce que toutes mes pensées à ce sujet m'effrayais. J'voulais pas décevoir ma famille. Combien de fois j'voulais stopper ma relation avec Kaïs pour ça, mais quand le cœur est prit, on n'choisit pas.

J'regardais la télé quand je reçois un appel de Leïla. Je décroche, on parlait vite fait, quand elle m'a dit qu'elle avait quelque chose à m'annoncer, mais qu'elle préférait m'le dire en face à face. Ça me stressait, j'aime pas attendre. J'préfère qu'on m'dise tout d'un coup lol. Elle me demande de passer chez elle, j'lui explique que pour le moment avec mon frère c'est pas possible. Mais j'lui dis de venir m'voir chez moi. Elle me dit qu'elle part faire les courses puis qu'elle viendra directement après. En attendant qu'elle arrive je vais faire la vaisselle.

Elle arrive enfin chez moi, et heureusement parce que j'voulais vraiment savoir ce qu'elle voulait m'dire, le suspens c'est pas pour moi. On va s'asseoir dans ma chambre, j'vois qu'elle a l'air un peu stressée, voir triste, de m'annoncer ce qu'elle a à me dire. D'ailleurs, elle ne va pas droit au but, je la vois contourner le sujet. Je commence à m'impatienter et je lui fais comprendre. Elle m'fait jurer de ne pas m'fâcher directement, et d'attendre d'en savoir plus avant de réagir. Mais qu'est-ce-qu'elle va me dire ? Je m'attends au pire.