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J'ai détourné le regard parce que je savais pas quoi faire d'autre, j'savais que je l'avais énervé...

À partir de là, tout a commencé. Tout s'est passé tellement vite que la seule chose que j'ai retenu c'est que sa peine s'élève à dix huit mois de prison ferme, et trois ans avec sursis... Malgré que son avocat commis d'office ai réussi à démentir certains faits, il allait être enfermé derrière des barreaux pendant un an et demi...

J'ai juste senti les larmes monter... J'voulais pas les laisser couler, j'voulais pas lui montrer que j'étais faible... Qu'il avait eu raison de m'interdire de me pointer ici... J'voulais juste l'attraper et le tirer loin d'ici avec moi. Je voyais très bien qu'il était mal, et ça me tuais. Il n'osait même plus me regarder... Je le voyais les yeux dans le vide... J'me suis mise à l'observer jusqu'à ce qu'on l'emmène loin de moi. Au moment où il s'est levé, il m'a adressé un regard... Un seul... Je voyais de la peine dans ses yeux, j'savais qu'il s'en voulait... Mais comment j'aurais pu lui en vouloir alors que c'est lui qui allait prendre du ferme...

J'étais dégoûtée, quand ils l'ont pris j'suis directement sortie. J'comptais pas restée ici ne serait-ce qu'une minute de plus... J'sentais un putain de mal être en moi. J'avais comme un poignard dans mon coeur, je me rendais compte qu'on venait de m'arracher mon frère pour un an et demi... J'avais peur qu'il puisse changer à son retour, et qu'il redevienne comme avant... Voir pire.

J'ai pas pu rentrer chez moi tout de suite, je me suis posée toute seule dans un coin tranquille puis j'ai lâché prise. Ouais, je me suis mise à pleurer comme une malade, assise sur un banc dans un parc... J'avais besoin d'évacuer ma peine ou ma haine, j'savais même pas ce que je ressentais à ce moment. Tout ce que j'ai pu comprendre c'est que je me noyais dans ma tristesse...

Une heure plus tard, après m'être bien calmée pour ne pas faire peur aux gens, je suis rentrée chez moi. Alors que j'étais sur le palier de ma porte, j'ai ouvert mon sac pour y prendre les clés mais j'ai aperçu mon téléphone, l'écran était déverrouillé et j'avais reçu des messages des filles... Elles m'avaient harcelés en me demandant le verdict.

J'ai remis mon téléphone dans mon sac, j'ai soufflé un bon coup puis j'ai mis la clé dans la serrure. J'ai pas eu le temps de la tourner, qu'Asma était venue ouvrir la porte. J'vois qu'elle m'attendait avec impatience... Je prenais sur moi pour ne pas pleurer comme une merde devant ma petite sœur parce que c'était bien à moi de la consoler et pas l'inverse...

J'ai tracé dans le salon où j'ai croisé Dounia qui regardait la télé. Asma m'avait suivis de près, j'ai bien vu à sa tête qu'elle avait l'air inquiète.

Asma - Ismaïl il est où là ?

Elle a dit ça sur un ton qui venait de me faire réaliser qu'elle avait pas encore compris qu'Ismaïl ne rentrerait pas maintenant...

- Heu...

Dounia - Asma va me chercher un verre d'eau !

Elle avait essayé de voler à ma rescousse, parce qu'elle a du comprendre que cette fois il avait pas eu de chance.

Asma - C'est bon j'suis plus un bébé ! Vous pouvez parler devant moi ou encore me dire les choses clairement !

Elle est parti, puis elle a claqué la porte de la chambre. Dounia s'est levée pour aller la rejoindre.

- Laisse j'y vais.

Je l'ai rejoint dans notre chambre et je me suis assise sur son lit, à côté d'elle.

- J'voulais pas te le cacher... Loin de là, puis je sais que t'aurais remarqué son absence... C'est juste que je savais pas trop comment te l'annoncer...

Asma - Il a prit combien ?

- Un an et demi...

Asma - Putain...

Elle a dit ça avec la voix tremblante... Je voyais bien qu'elle voulait pleurer, mais pour une raison que j'ignore elle se retenait... J'avais plus les mots, j'avais un putain de blocage qui m'empêchait de parler... J'aurais dû pouvoir la réconforter, d'ailleurs c'est mon rôle, mais je ne trouvais rien à dire... En plus de ça je ne me voyais pas pleurer devant elle...

J'ai choisis la seule issue qui s'offrait à moi : la facilité. Je suis sortie de la chambre sans dire un mot et en la laissant seule face à son chagrin.

Élevé par la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant