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Le pire dans tout ça, c'est que je ne savais pas comment l'annoncer à ma mère, alors une fois de plus j'ai choisis la facilité et j'ai coupé le fixe pour ne pas à avoir lui expliquer que son fils fera un séjour d'un an et demi à Fleury-Mérogis.

J'étais vraiment mal, j'voulais parler à personne ni même les voir... J'ai pris mon téléphone et je l'ai éteint avant de le ranger dans mon tiroir. J'avais besoin d'un peu de solitude... J'suis pas du genre à étaler ma peine.

J'suis d'accord avec le fait que ce n'est que de la prison, qu'il n'est pas mort... Mais quand tu viens à peine de renouer avec quelqu'un et qu'on te l'enlève, ça fait mal. Un an et demi, ça peut paraître court mais sans une personne que tu portes dans ton cœur et qui en plus est relié à toi par les liens du sang, c'est long, très long...

[...]

Deux semaines sont passées sans que je mette un pied dehors, pas même pour aller en cours. Malika passait m'apporter des photocopies de ses notes de temps en temps, j'avais pas eu de nouvelles de Mel ou de Leïla... J'étais quand même un peu déçue, c'est censée être mes meilleures amies et elles sont pas foutue d'se déplacer pour venir me voir et elles ne peuvent pas me sortir l'excuse du je ne savais pas parce que ça ne parle que de ça ici. Malek je ne le voyais plus, et je ne pouvais pas lui en vouloir, j'avais éteint mon téléphone et je ne sortais plus. Quant à Kaïs, il m'avait appelé sur le numéro de Dounia. Il a sûrement dû se le procurer par l'intermédiaire de Chems.

Il comprenait que j'étais mal, mais ça l'énervait que je prenne en quelques sortes mes distances avec lui par rapport à ça... Je pouvais pas faire autrement, je n'avais plus goût à rien.

Aujourd'hui ma mère fait son retour du bled, je pense qu'elle prendra un taxi étant donné qu'Ismaïl n'est plus là. J'appréhende son retour, parce que j'ai quand même coupé le fixe et je sens que je vais me faire hagar pour ça... Je viens juste de me rendre compte que c'est égoïste de ma part, parce qu'elle a dû être morte d'inquiétude.

Quelques heures plus tard, la porte d'entrée c'était ouverte avant de laisser apparaître ma mère. Je lui ai sauté dessus comme un bébé et Asma a fait de même. On s'est vite redressé quand on a vu que Malek et Djibril étaient derrière avec les bagages de ma mère à la main.

Ils sont tous entrés et j'ai refermé la porte derrière eux. Je sentais le regard pesant de Malek sur moi.

Ils voulaient partir mais ma mère leur a demandé de rester boire un thé le temps que leur mère arrive. Avec Asma on est allé le préparer puis on a tout déposé dans le salon. Au même moment leur mère est arrivée, je l'ai faite entrer.

Avant que j'entre dans le salon à mon tour, Malek m'a tiré avec lui jusqu'à la porte d'entrée.

Malek - Pourquoi tu m'calcules plus ?

- Je calcule personne ces temps-ci, c'est pas contre toi...

Malek - Ah c'était vrai alors !

Il a dit ça avec haine, puis il est sorti sans même dire au revoir à personne. J'ai pas compris sa réaction et j'ai pas cherché à en savoir plus, c'était pas le moment. J'allais partir dans ma chambre, mais Djibril m'a demandé où était son frère. Je lui ai dis qu'il venait de sortir alors il est retourné dans le salon.

Entre temps, j'avais compris que ma mère avait été mise au courant pour mon frère. Je ne sais pas qui lui a dit, mais elle le savait. Je suis retournée dans le salon pour ne pas trop paraître impolie et je me suis assise près de ma mère.

Djibril - T'inquiètes pas tata, si t'as besoin de quoi que ce soit tu nous le dis...

Yemma - Oui merci wouldi...

Djibril - J'insiste, mais n'hésite pas... Si t'as besoin d'aller faire les courses ou n'importe quoi, tu m'appelles soit moi soit Malek.

Elle lui a souri en guise de réponse.

Djibril - Même vous les filles, n'hésitez pas. Ismaïl c'est mon frère alors c'est un peu comme si vous étiez mes petites soeurs !

Asma - C'est grave gentil, wAllah j'te remercie.

Je les ai laissé continuer à parler et je suis partie m'remplir le ventre dans la cuisine. J'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, j'en déduis que Djibril et sa mère sont partis.

Élevé par la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant