Chapitre 58

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Kaïlie


Me voilà enfin face à la maison et il ne me faut pas beaucoup de temps pour remarquer la voiture bleue qui est garée sur le trottoir, les girofard allumés.

Je ne peux que craindre le pire et je me souviens alors pourquoi n'en ai-je parlé à personne avant. Pour éviter tout ce qui se passe à l'heure actuelle. J'ai peur pour Zack. Qu'a-t-il fait ? Si les gendarmes ont été témoins de scènes de violence, ils n'hésiteront pas à lui mettre les menottes.

J'approche de la porte d'entrée restée ouverte, toute tremblante.

—    Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit d'avoir un avocat.

Mais la personne qui sort n'est pas Zack. C'est Angelo. Menotté et entouré par les policiers, il ne tente pas une seconde de se défendre. C'est fini pour lui. Son visage est très abîmé et il saigne en grande quantité par endroit.

Tandis que je suis tétanisée et que je ne bouge plus, je me contente seulement de suivre son corps de mes yeux. Les siens finissent par tomber sur les miens, lorsqu'il s'approche de la voiture.

—    Kaïlie, tente-t-il à voix basse.

Pour la première fois de ma vie, je me sens supérieure à lui. Ce n'est pas bien difficile, il ne peut rien faire contre moi. Je suis protégée de toutes violence.

Alors, je me grandis sur mes pieds et le regarde de haut sans afficher une quelconque expression.

—    C'est moi qui t'aie découverte à l'hôpital, avoue-t-il yeux dans les yeux. C'est moi qui t'aie vu pendu.

Pas une seule seconde je n'y aurais pensé. Ce qu'il vient de m'annoncer me trouble plus que jamais.

—    Je savais que tu souffrais, mais tu n'avais pas le droit de souffrir à ce point, tente-il d'articuler.

Est-ce que je suis en train de rêver ? Vient-il réellement de me reprocher cette idiotie ?

—    Je te demande pardon, s'exclame-t-il, son regard dans le mien.

Mon cœur bat à une vitesse que je ne suis plus en mesure de contrôler. Je n'arrive pas à croire qu'il vienne de s'excuser. Nous sommes l'un face à l'autre et je ne dis toujours pas un mot. Je remarque que son regard blessé se pose sur les traces rouges qui entourent encore mon cou.

—    Je suis enceinte de toi, l'informé-je en maintenant toujours son regard.

Ses yeux s'agrandissent et il semble se perdre dans les miens.

—    Je te promets que je ne t'ai jamais violé. Tu en avais vraiment envie, ce soir-là.

—    Tu m'avais drogué, craché-je avec dégoût.

—    Oui, avoue-t-il. Mais tu dois me croire quand je te dis que je ne t'ai forcé à rien. Pour être honnête, c'est même toi qui m'avais chauffé et j'étais saoule aussi.

Je remarque depuis le dessus de son épaule Isa, papa et Zack, plantés un peu plus loin, juste devant notre demeure. J'ignore s'ils entendent chacune de ces révélations, mais étant donné les expressions de leurs visages, j'imagine que oui. Zack a les poings serrés et je ressens sa colère jusqu'à moi.

—    Tu m'as pourrie la vie. J'ai perdu une partie de moi, à cause de toi, poursuive-je.

Il baisse la tête de honte et ses cheveux viennent couvrir son visage.

—    Je suis désolé. Désolé pour tout.

Puis, le visage que je déteste tant se lève et ses yeux finissent par atterrir de nouveau dans les miens. Je tremble de partout et j'ai tellement mal au cœur.

Love will save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant