Chapitre 61 - Téa

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-Hey Jemma ! Comment tu vas ?

-Téa ! Contente de t'entendre, ça va super et toi ? les examens ça va ?

-Oui top, j'ai plus que demain. Mais je t'appelle au sujet de mon logement... il semble bien que j'aie besoin d'utiliser ce sous-sol finalement.

Je me sens honteuse. J'ai toujours su me débrouiller seule jusqu'alors, donc je le vis comme un échec. J'explique toute la situation à la mère de Tim. Ma tutrice.

Elle me témoigne sa compassion pour mon ancien travail et me rassure :

-Bien sûr que tu peux venir Téa. Tu sais que c'est ce que nous avons toujours voulu. Au moins on peut vraiment veiller sur toi.

- Merci infiniment !

-Olalah tu ne sais pas à quel point mon petit Timothée sera content. Il se sent seul tu sais ?

Une boule se serre dans ma gorge. Je remarque que je n'ai pas été très présente pour lui ces dernières semaines pourtant je sais qu'il combat activement son addiction et qu'il fait des insomnies. Et c'est vrai qu'il n'a pas beaucoup d'ami à part Max.

-Tu peux me laisser le lui annoncer s'il te plait ? je lui demande et elle me promet de garder le secret jusqu'à ce que je l'appelle.

Je raccroche après qu'elle m'ait dit qu'elle m'aiderait à déménager dès lundi.

Purée ma situation va totalement changer. Je réalise que j'ai de la chance de les avoir.

Même si je refuse de les considérer comme ma famille, c'est tout de même des piliers dans ma vie. Je me rends compte que je leur dois plus de gratitude que ce que je leur ai donné jusqu'à maintenant.

Je vais à la salle de bain, laver mon visage à l'eau froide. Je me regarde longuement dans le miroir. Nouveau départ, je me dis. Peut-être ce changement devait se faire déjà depuis mes 17 ans.

Vivre seule était ce dont j'avais envie à cet âge, pour me retrouver et faire le deuil à ma manière mais désormais que j'ai vécu quelques temps dans cette colocation, je me rends compte que j'aime bien être entourée.

Sans oublier que je mangerais certainement mieux que quand je suis seule.

Je me sèche le visage et rejoins mes nouveaux amis au salon pour notre dernière soirée ensemble. Demain à midi j'aurai officiellement fini mes examens et je prendrai le train pour rentrer.

Le reste de la journée défile rapidement ; une partie de bowling avec mes collocs et un restaurant plus tard, et on est de retour à l'appartement pour se doucher et se mettre au lit.

Tu dors ? j'envoie à Timothée, car il est déjà 23h et ne veut pas le réveiller dans les seules heures de sommeil qu'il a.

Non. Et toi ? (Lol)

Bah non je ne dors pas bobet.

Je ris toute seule dans mon lit. J'adore notre amitié.

Je l'appelle, il décroche rapidement.

-heyyy T. que me vaut cet appel ? tu as fait le fantôme toute la semaine !

-J'avais beaucoup à faire et la vie ici est plutôt mouvementée c'est le moins que je puisse dire.

Je pense à mes petites sessions avec Ty mais je ne dis rien. Si je le dis à mes amis c'est sûr que je vais me faire traiter de salope. Et je ne veux pas forcément que ça arrive à l'oreille de Dam. Même si je n'ai rien fait de mal vu qu'on ne sort pas ensemble. On ne se doit rien de toute manière.

Bref, je me reconcentre. Je m'apprête à lui lancer la bonne nouvelle ; que j'emménage chez lui. Mais je décide de prendre des nouvelles de lui d'abord.

-Comment ça va toi ?

Il rit à l'autre bout du fil. Sa voix est un peu rauque, il est fatigué.

-Tu m'appelles pour me demander si ça va ?

-je n'ai pas été beaucoup là pour toi ces derniers temps.

Il marque une pause.

Je joue avec mes cheveux. Un sentiment d'impatience et de remords me submerge. Timothée est la personne qui m'a le plus aidé dans ma vie, il me connait par cœur. Et parfois j'avoue ne pas lui rendre assez l'appareil.

-c'est un peu dur la reprise du boulot. Tu sais je n'aime vraiment pas mes collègues mais il faut que je finisse ma formation avant de changer...

J'écoute attentivement.

-Patrick est encore tout le temps sur ton dos ?

Tim travaille dans une entreprise de charpente et Patrick est le patron. Celui-ci a la fâcheuse habitude de dire qu'il fait de la merde même quand il s'applique bref il n'est jamais content.

-Ouais. Et maintenant Roger s'y est mis aussi... il dit que depuis que je me suis cassé la cheville je suis beaucoup moins fort et que je porte moins de chose. Mais ce sont des conneries je me donne à fond pour ce taff Téa. Je te jure.

Whaou je ne pensais pas que ça allait aussi mal, pour qu'il se livre et en parle comme ça, c'est que ça le gêne vraiment.

-Je sais Tim. Je sais que tu fais de ton mieux.

Je lui demande si ce n'est vraiment pas possible de changer de boite et il me dit que non pas en première année d'apprentissage...

-T'inquiètes. Rien que de t'en avoir parler je me sens déjà mieux.

-et la beuh ? tes insomnies ?

-Téa c'est 23h30 il faut que tu dormes non ? pas m'entendre me lamenter à propos de ma vie.

Je ris.

-T'inquiètes je me lève à 9h demain et j'ai qu'un seul examen. C'est dans la poche je te dis.

Il continue alors à m'expliquer tout ce que j'ai louper dû au fait que j'avais plein de choses nouvelles qui se passaient dans ma vie.

-tu ne va pas être très contente mais je fume encore... beaucoup moins je te jure mais j'ai recommencer car les insomnies devenaient insoutenable...

Je soupire. Je ne suis pas déçue mais je suis triste pour lui. Il mérite d'être libéré de ses démons.

-Merde, Tim.

Je lui laisse la possibilité de m'en dire plus s'il le souhaite mais il n'en rajoute pas. Je décide que c'est le bon moment pour lui faire part de la grande nouvelle.

-Alors espérons que je vais pouvoir t'aider avec ça quand je vais emménager chez toi.

Je sais qu'il fronce les sourcils.

-Quoi ? qu'est-ce que tu racontes ? tu me fais une blague ?

-Non Tim, j'emménage chez toi lundi ! c'est la grande nouvelle du jour.

Il explose de joie.

-Tu te fou de ma gueule ! putain tu refais ma journée la ! oh je suis trop content !

Je ne peux contenir un cri de joie.

-mais pourquoi ? j'aimerai bien croire que c'est parce que tu veux vivre avec moi mais y a une autre raison, pas vrai ?

Je lui explique alors la raison.

-Bon bah comme quoi la phrase « le malheur des uns fait le bonheur des autres » est bien vraie. Je suis très content que tu viennes vivre chez moi, bien que je sois triste que tu te sois fait virer.

Le lendemain quand je me réveille je ne me souviens même plus jusqu'à quelle heure nous avons parlé avec Tim. Il est même possible qu'on se soit endormi pendant l'appel.

De l'autre côté de la honteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant