Chapitre 23 - Téa

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-Hey Téa...

Timothée me secoue légèrement l'épaule droite.

J'ouvre mes yeux difficilement et réalise que je n'ai probablement pas vu la moitié du film.

J'ai fait beaucoup de choses ce weekend et le fait d'avoir sniffer de la drogue (et baiser) a probablement fatigué mon corps.

-le film était palpitant. Je dis ironiquement et il rit légèrement.

Je me redresse et lui demande quelle heure il est.

-bientôt 19h. Tu veux souper ici ?

-J'ai dormi bien plus que le temps du film...

-T'avais l'air fatiguée je t'ai laisser dormir et j'ai regardé ma série.

J'accepte sa proposition de souper, je ne me vois pas rentrer et devoir me cuisiner quelque chose.

On rejoint sa maison, ses parents sont dans la cuisine et nous accueille avec un verre de vin.

-Oh non c'est gentil j'ai assez bu ce weekend.

On les aide à mettre la table, je sens l'odeur de lasagne, cela ouvre mon appétit.

-Tu veux rester dormir ici Téa ? Vu que tu n'as pas d'horaires strictes pour tes cours. Je peux t'amener chez toi demain.

Sa mère me demande alors que je bois de l'eau.

Je regarde Timothée pour voir ce qu'il en pense, cela fait longtemps que je ne suis pas restée dormir chez eux. Je me dis que ça peut me faire du bien au lieu de me retrouver seule chez moi avec mes pensées et ma culpabilité de n'avoir pas étudier aujourd'hui. Il n'a pas l'air d'être contre.

-Okay oui c'est une bonne idée.

On finit de souper, je me suis régalé, je mange rarement de si bon plat. Chez moi je me cuisine des choses vites faites simplement pour ma survie, je ne prends pas tellement le temps pour ma nutrition, malgré son importance. Je sais que je veux manger plus sain mais je remets ça a plus tard.

On monte à l'étage, où il y a toutes les chambres et rejoignons celle de Tim.

-Oh ça fait si longtemps que je ne suis pas montée dans ta chambre, t'a enlevé tout tes posters ?

-Oui depuis plus de 3 ans Téa.

Il rit.

-Oh ça fait si longtemps que ça qu'on n'a pas fait de soirée pyjama ?

Il acquiesce.

-Depuis que t'as commencé à pousser des seins t'as plus voulu dormir avec moi...

Il dit avec humour en mettant un set de draps propres sur sa couverture.

-Oh tu ne vas pas m'en vouloir... on remet tout en question durant la puberté et on sait plus comment se comporter autour de garçons.

Je l'aide en prenant l'autre bout de couverture et on la secoue.

-je comprends T'inquiètes, moi j'avais les hormones en feu alors je pense que ça valait mieux comme ça.

Je lui tape l'épaule en rigolant.

Il sort un album photo et on se met à regarder les photos de quand on était petit. Je tombe sur une photo de moi avec mes deux parents, je bloque dessus quelques secondes. Parfois j'oublie à quoi ressemblait mes parents. Avec le temps les souvenirs deviennent de plus en plus fades et vu que j'essaie consciemment de pas trop ressasser le passé je me remémore moins nos bons souvenirs. Timothée voit que je suis touchée et caresse le haut de mon dos.

-ça fait bizarre tu sais. La plupart du temps je pense même plus à eux, j'ai l'impression d'avoir toujours vécu seule...

Il ne sait pas quoi répondre, je ne lui en veux pas ce sont des sujets compliqués.

J'ai perdu ma mère d'un cancer généralisée qui l'a tué en à peine 3 mois, je me rappelle aller tous les jours la voir à l'hôpital après l'école et plus les jours passaient plus elle mincissait et devenait jaunâtre.

Je me rappelle cette peur que je ressentais tous les jours en rentrant de l'école, ne sachant pas si c'était peut-être aujourd'hui son dernier jour. Et un jour ça a été le cas. Bien que mon père et moi avions vu son état se dégrader et attendons en quelques sortes la fin, nous avions quand même été surpris le jour où s'est arrivé.

Comme quoi rien ne prépare à la mort, même pas trois mois d'attente.

Suite à cela, toute la structure familiale s'était effondrée, bien qu'elle ne fût en rien stable avant ça.

Mon père ramait et devait travailler deux fois plus pour payer les soins médicaux que ma mère avait reçu et tous les frais liés à son enterrement. Il a vécu plusieurs mois à penser qu'au travail, c'était peut-être son moyen de s'occuper l'esprit aussi.

Malheureusement il a fait comme si je n'existais pas.

Malgré le drame qu'on venait de vivre, ça ne nous a malheureusement pas rapprocher avec mon père, et lorsqu'il s'est fait virer de son travail à cause de la faillite de son entreprise, ce fut la goute de trop et il s'est ôté la vie... je venais d'avoir 16 ans.

Dans mon malheur j'ai eu la chance de ne pas avoir besoin d'aller dans une famille d'accueil, les parents de Timothée étaient devenus mes tuteurs et avait signer un papier disant qu'ils m'autorisaient à vivre seule avant mes 18 ans.

-Est-ce que tu te sens souvent seule ?

J'acquiesce, une larme coule toute seule le long de ma joue. Il me l'essuie et me serre fort dans ses bras.

-J'ai l'impression d'avoir dû me construire seule, d'avoir jamais eu de famille.

Tim ferme l'album, décrétant que ce n'était peut-être pas une bonne idée.

-Je suis là moi et je serais toujours là, okay ?

De l'autre côté de la honteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant