Le lendemain
Mon examen se passait plutôt bien jusqu'à ce que j'ouvre la dernière page de mon feuillet. Celle-ci demande qu'on auto-analyse notre propre enfance ou adolescence et qu'on décrive les potentiels influences qu'elle joue sur notre présent.
En d'autres mots ; exactement ce que je n'avais pas envie de faire.
Je tente de réfléchir.
Les yeux dans le vide je tombe sur un souvenir de mon père et moi, lors d'une engeulade récurrente, lorsque nous étions que les deux à souper deux fois par semaine car ma mère faisait des heures supplémentaires.
Flashback :
-Papa, j'ai encore faim... je dis la tête baissée.
Celui-ci tape sur la table, faisant trembler nos assiettes.
-Moi aussi, Téodora, j'ai faim et je te rappelle qu'on ne serait pas autant pauvre si on n'avait pas ta sale bouche à nourrir ! donc arrête de te montrer autant peu reconnaissante.
Il ramasse son assiette et la lance dans le lavabo, sortant ensuite de la porte d'entrée pour aller fumer, j'imagine, son cigare.
On ne serait pas autant pauvre si tu fumais et buvais moins ! j'hurle dans ma tête.
Je fouille dans les placards pour trouver un reste de pain ou quelque chose. Une simple assiette de riz au bouillon ne m'a clairement pas suffi.
Une larme coule toute seule lorsque mon ventre gargouille et que je réalise qu'il n'y a vraiment rien qui puisse me faire passer ce mal.
Lorsque mon père rentre, cinq minutes plus tard, et me retrouve à faire mes devoirs, il rajoute :
-Tu vois ça ? tu ne pourrais même pas faire tes devoirs si on n'avait pas mis nos vies de côté pour toi, tu ne serais même pas à l'école.
Je lève les yeux vers lui.
-Mais papa, tous les enfants vont à l'école...
Il crache par terre, des gouttes éjecte sur mon pantalon.
-Tu n'es même pas capable de voir la chance que tu as. Tu devrais nous baiser les pieds pour accepter de t'éduquer ! Ta mère ne serait pas autant faible si elle ne se tuait pas à la tâche pour toi.
Il s'éloigne de moi et entre dans sa chambre, la seule chambre de l'appartement, la mienne étant le salon. Lorsqu'il ferme sa porte, il me crie :
-Si elle meurt, saches que ce serait ta faute !
Je ferme les yeux et enfonce ma tête dans mon coussin pour crier silencieusement.
Ma respiration et mon cœur s'accélère, je laisse tomber mon stylo sur mes feuilles. J'essaie de me raccrocher au moment présent, mais j'ai l'impression de voir flou lorsque je balaie la salle de classe des yeux.
Je ne contrôle plus ce que je fais.
-Mademoiselle Hilmoy ? Vous allez bien ? Vous fixez dans le vide depuis quelques minutes maintenant ?
J'entends mon prof mais je ne le regarde pas. Je me lève de ma chaise, sans prendre le temps de ramasser mes affaires et m'enfuit de la salle, chaque pas résonne dans ma tête.
Je fais une dizaine de pas de plus et je tombe sur les WC des femmes, j'ouvre une des toilettes et tombe au sol, à côté de la cuvette.
Des larmes coulent toute seule et mes mains tremblent. Ne comprenant pas ce qui m'arrive je commence à paniquer, ma respiration s'accélérant de plus en plus et m'étouffant avec mes larmes et ma morve. Je m'accroche à la cuvette d'une main, ayant l'impression que la pièce bouge.
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De l'autre côté de la honte
RomanceMeilleur classement : Numéro 1 dans la catégorie #érotisme le 4 et 5 octobre 2024 ! EN REECRITURE ! Il est donc possible que la plume change un peu d'un chapitre a l'autre, car j'aimerai instauré un langage un peu plus soutenu à mon texte de base...