Seule. Rejetée. Incomprise.
Rubis n'a plus rien à espérer, mais une pierre précieuse va tout changer.
***
Quand Rubis Brightwood, adolescente tourmentée et asociale, décide de se rebeller, son quotidien de lycéenne devient un enfer. Élève indésirab...
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Plume anthracite, plume anthracite,
Un couteau d'obsidienne
Ouvre le nectar du cratère.
Le réveil est brutal.
J'ai l'impression de suffoquer. Tout le monde est déjà sorti du dortoir. Mes mains attrapent ce qui leur passe sous la main et je m'habille en quatrième vitesse.
Quelque chose est arrivé, et je sais où.
C'est étrange, mais je suis irrémédiablement attirée dans une partie de l'académie qui m'était jusqu'à présent inconnue.
Dans les Appartements, à l'opposé de ma chambre, j'aperçois bientôt une petite porte. Croisant les doigts pour qu'elle ne soit pas verrouillée, je tire mécaniquement sur la poignée, comme dans un rêve. C'est ouvert.
La pièce est plongée dans le noir. Mes yeux distinguent bientôt un tas de couvertures amassées dans le fond.
Une silhouette se détache de l'ombre. Gauthier. Il semble fixer un point.
Je me racle la gorge, mais il ne se retourne pas.
Je réitère l'opération. Toujours pas de réaction. C'est comme si je lui étais invisible.
Je m'assieds à côté de lui. Ses traits se crispent presque imperceptiblement, mais assez pour que je le remarque. Une pointe d'agacement monte en moi et je ne peux m'empêcher de lui lancer :
— C'est quoi, ce regard ?
Pas de réponse. À la place, il me fixe tristement, désabusé.
— Gauthier ?
— ...
— Gauthier !
Las, il ouvre enfin la bouche :
— Qu'est-ce que tu veux savoir ?
— Ce qui te prend ! Tout à l'heure, tu étais redevenu normal, et là...
— Tu ne comprends rien.
— Comment ça ? C'est faux, Gauthier ! Peu importe ce qui se passe, peu importe ce qu'on a pu te dire sur moi... tout est faux ! Qu'est-ce qu'on t'a fait ? Dis-moi, je suis ton amie.
— Tu ne peux pas comprendre, déclare-t-il sur un ton toujours aussi froid.
Il ment.
Encore.
Ma colère ne demande qu'à se libérer, il m'est de plus en plus difficile de la contrôler. Sans crier gare, je le serre dans mes bras. Il tente d'abord de me repousser, mais s'abandonne rapidement à mon étreinte.
— Rubis... souffle-t-il, la voix chargée de regrets.
Et moi de le rassurer :
— Je suis là.
Un grincement retentit et se répercute dans toute la pièce. Le Diamant se crispe à nouveau, et je suis incapable de bouger. Des pas lourds résonnent derrière nous, puis une voix :
— Je ne l'ai pas trouvée, mais ça ne devrait pas trop tarder. Je sais que tu l'aimes bien, Gauthier, mais tu dois me faire confiance : Rubis est une ennemie pour nous, il faut l'élim...
Il s'arrête net en me voyant. Aaron.
Son changement d'expression allume une étincelle chez moi. Celle de trop. Je disjoncte totalement, m'éloignant le plus possible de celui que j'étreignais encore il y a une seconde, choquée :
— Tu... tu veux me tuer ?
— Ce n'est pas ce que tu crois... commence-t-il, avouant sans même s'en rendre compte sa culpabilité.
— Qu'est-ce que je crois, alors ? Que tu t'es rapproché de moi dans le seul but de m'assassiner, et ce sans aucune raison ? Non, pas du tout, ironisé-je, au bord de la crise de nerfs.
Un crissement métallique se fait entendre. Aaron a sorti un couteau de sa poche et Gauthier essaie d'agripper mon poignet pour le plaquer contre le sien. Parce qu'il veut drainer mes pouvoirs, en plus ?
Je me débats, mais il est bien plus fort que moi. Quand je suis près de lui, il susurre tel un serpent qui cracherait son venin dans mes veines :
— Crescens luna adversus crescens luna.
Je ne peux pas, je ne peux plus lui faire confiance. Ça, j'en suis certaine, mais je n'ai pas d'autre choix ! C'est ça ou... bon sang, je n'ose même pas y penser.
Je colle mon tatouage contre le sien. Le flux de chaleur familier monte en moi, accentué par ma haine soudaine. Je dirige tous mes pouvoirs contre Aaron. À deux, nous sommes plus forts... si Gauthier est toujours mon ami, et qu'il se comporte ainsi.
💎💎💎
Les secondes s'égrènent, mes forces s'amenuisent et Aaron n'est toujours pas à terre.
Gauthier m'aurait-il vraiment trahie ?
Alors que l'espoir m'abandonne, un bruit énorme résonne dans la pièce. Le mage noir est projeté contre le mur, ligoté puis étendu au sol en un seul mouvement.
L'alchimie disparaît.
Je retire mon poignet de celui du Diamant et m'enfuis en courant, sans un regard en arrière.
Sans rien voir, sans rien sentir, je crie, encore et encore, avant de m'effondrer sur les pavés.
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