Chapitre 89

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Il ferme les yeux et je fais de même, entonnant avec lui cette incantation dont j'ignore le sens même :

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Il ferme les yeux et je fais de même, entonnant avec lui cette incantation dont j'ignore le sens même :

Animal metamorphosis.

Et puis soudain, la brise nocturne s'engouffre entre mes jambes et mon ventre, rendant ma robe tellement ample que je finis par me retrouver drapée de tissus. La sensation de mon corps contre la mousseline de soie est alors toute autre.

L'étoffe caresse non plus ma peau, mais... mon pelage.

Sans rien comprendre, je passe ma tête par une ouverture, retrouvant par la même occasion le pendentif autour de mon cou. Il se rétracte et s'adapte à ma nouvelle forme beaucoup plus... féline. C'est sûrement un effet secondaire du sortilège.

Même si ma vision des couleurs semble atténuée, le chat blanc qui me fait face ne m'a jamais paru aussi éclatant, et ses iris noirs comme le charbon ont exactement la même profondeur que l'Ombre à laquelle j'ai été confrontée il y a quelques minutes à peine.

Outre l'omniprésente senteur d'humus, c'est bien un mélange d'aiguilles de sapins et de citronnelle qui exalte mon odorat ; la même fragrance que la veille, lors de sa visite dans ma chambre.

La phase d'observation passée, il est temps d'agir.

Des bruits de pas se rapprochent rapidement, témoignant de la progression du maître et de son sous-fifre. Comme je n'ai jamais eu de chats sous mon toit lorsque j'habitais Ladilis, je sais que la probabilité pour qu'on en trouve deux ici, et à une heure aussi avancée, reste tout de même très mince.

Si nos adversaires nous repèrent en pleine campagne, je ne donne pas cher de nos peaux – enfin, nos poils.

Le visage du Gauthier félin se tourne dans ma direction avec un air inquisiteur. C'est à moi de faire office de guide, quand bien même suis-je juchée sur quatre pattes et non deux, une perspective plus effrayante qu'inhabituelle au vu de mon manque d'expérience animale.

La métamorphose n'est enseignée qu'en L2, justement pour que les élèves aient le temps d'apprivoiser leur condition de magicien avant de passer à un aspect plus bestial. Ça n'a rien d'étonnant !

Quitte à choisir, j'aurais préféré me matérialiser en singe, ça aurait été plus pratique.

En essayant de me repérer, je me prends les pattes dans ma robe. La laisser là avec mes escarpins non loin constitue pour le coup un vrai déchirement. J'espère seulement qu'ils ne se retrouveront pas entre les mains de mes ennemis.

Imaginer Aaron les toucher... Brrr, ça me révulse rien que d'y penser !

Sans plus tergiverser, je fais appel à mon sens de l'orientation et fonce à travers les fourrés, Gauthier sur mes talons – euh... coussinets. Mes poils frémissent et mes pattes s'enfoncent dans la terre sèche de façon quasi naturelle. Je suis bien forcée d'admettre que c'est une sensation extraordinaire, bien que peu engageante au premier abord.

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