Chapitre 101

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Plume fauve, plume fauve,

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Plume fauve, plume fauve,

Le retour de l'œil du tigre

Et l'oiseau qui sommeille en lui.

Certains jours, les actes, les mots du passé s'entortillent dans votre esprit en un brouillard désordonné.

C'est exactement ce que je ressens ce matin. Le flou total. Ce sentiment de béatitude qui s'empare de moi dès le réveil et qui m'oblige à reconsidérer ma soirée de la veille.

C'est un peu surréaliste, tout ça, quand on voit comment la situation a évolué. J'ai l'impression qu'un flux d'adrénaline pure traverse mon corps, sûrement parce que personne n'est encore conscient de ce qu'il se trame exactement entre Gauthier et moi.

Hier a également marqué la découverte d'une nouvelle stèle liée à l'Esmantium, même si son emplacement reste approximatif.

Une part de moi veut l'oublier, la refouler aux confins de ma mémoire et ne pas y revenir avant d'être sûre de ce que cela implique, mais mon rôle de « guide » me force à m'y préparer.

Heureusement, nous sommes un groupe. Quoi qu'en disent les autres, je ne suis pas la seule à en décider. Je peux garder ça pour moi pour l'instant et le dire aux autres quand tout se sera un peu calmé : les examens, la polémique vis-à-vis de la Confrérie...

Notre scolarité à Talesia est plus importante que d'étranges forces obscures qui nous dépassent.

Alix et moi étant fin prêtes – et ma décision prise –, nous nous dirigeons vers le réfectoire et croisons Ambroise et Gauthier sur le chemin.

Dès que mon regard rencontre celui du Diamant, j'ai l'ultime confirmation que cet état permanent de rêve dans lequel je suis plongée depuis mon réveil est tout sauf irréel.

Les mètres qui me séparent de lui sont longs et courts à la fois.

Longs, parce que je n'ai qu'une envie : le toucher.

Courts, car je n'ai aucune idée de la façon dont je dois me comporter avec lui. Deux ou trois baisers ne font pas de nous un couple, si ?

Ne comptez pas sur moi pour me jeter dans ses bras et l'embrasser, en tout cas ! Ce serait ridicule. Purement et simplement ridicule.

Perdue dans mes pensées, je n'ai même pas remarqué que l'Émeraude et ma collègue Rubis nous avaient semés.

Gauthier m'attend. Évidemment, cette distance raccourcie accroît mon rythme cardiaque. Il m'offre un sourire à la fois espiègle et séducteur et s'avance vers moi pour déposer un baiser sur ma joue. Je rougis, tant par gêne que par plaisir.

Il règne une drôle d'ambiance dans le réfectoire : un mélange d'angoisse et d'agitation contenues.

Mon estomac se noue, dissipant par la même occasion les papillons qui y séjournaient depuis la veille. J'ai beau avoir conscience de mes sentiments, je conserve tout de même le sens des priorités.

Les examens ne commencent qu'à 10h, mais la plupart des élèves profitent de ce temps libre pour effectuer des révisions de dernière minute.

Gaby, elle, nous rejoint quelques instants plus tard avec la tête de celle qui a fait une insomnie. Lorsqu'Aloïs s'assied à côté de moi, Gauthier serre de toutes ses forces sa tasse à l'autre bout de la table.

Bizarre.

— Tu commences par quoi ? demandé-je le plus posément possible pour essayer de détourner son attention.

Minéralogie. Tu me rejoins près des jardins quand tu as fini ?

Note à moi-même : ne jamais manger quand il me parle. J'ai bien failli m'étouffer avec ma biscotte, ce qui n'a pas manqué de provoquer quelques éclats de rire autour de la tablée. J'acquiesce, et range mes affaires avant que quelqu'un me mette de nouveau dans l'embarras.

Lorsque je fais un détour par mon dortoir pour attraper mon manuel de Sortilèges, un détail attire mon regard. Un papier blanc froissé est posé sur mon oreiller. Je le déplie délicatement, tout en m'interrogeant sur son contenu. Il apparaît d'abord vierge, mais une écriture gothique s'y inscrit bientôt :

« Rubis,

À la nuit tombée, rends-toi à la stèle non loin de ta maison. J'aimerais t'exposer mon point de vue concernant l'Esmantium.

PS : N'oublie pas la pierre rouge ! Je l'obtiendrai avec ou sans ton aide. À toi de déterminer le degré d'Ombres que tu préfères affronter...

Cordialement,

Nomis.

Mage de la Confrérie des Ombres et... »

La fin du message semble avoir été effacée, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder : les bords du papier commencent déjà à se consumer, comme avec le mot de Gauthier.

Durant mon trajet jusqu'aux jardins des Émeraudes, j'essaie de prendre la pleine mesure de cette menace. Rien que le nom de « Confrérie des Ombres » suffit à me faire frissonner, et je suis certaine que le message que m'a adressé Nomis était tout sauf une plaisanterie.

Mon amoureux ne paraît pas m'avoir vue, trop occupé à réviser. Je suis sûre qu'il est beaucoup plus studieux qu'il ne veut le laisser paraître.

Je me cache derrière l'arbre contre lequel il s'est adossé et pose mes mains sur ses yeux pour l'avertir de ma présence.

Raté ! Avant que je puisse prononcer la moindre parole, il m'enlace : il est déjà derrière moi.

— Tu es censé être un sorcier, pas un vampire !

— Ce n'est pas une raison pour que j'adopte le mode de vie d'un escargot.

Malgré mes grognements, je ne peux m'empêcher de sourire face à sa remarque :

— Je ne vois pas pourquoi tu côtoies quelqu'un d'aussi lent, dans ce cas.

— Crois-le ou non, mais chez toi ça a quelque chose... d'attirant.

Je me tourne vers lui pour vérifier qu'il ne se moque pas. Comme il paraît sincère, je me risque à demander :

— Parce que tu me trouves « attirante » ?

— Parce que tu n'as pas encore compris à quel point tu me plais ? rétorque-t-il en détournant le visage, gêné par cette déclaration. Je pensais que c'était évident.

— Je ne sais pas, je...

— Rubis, tu crois vraiment que je suis le genre de mec à embrasser une fille sans rien ressentir pour elle ?

— Rubis, tu crois vraiment que je suis le genre de mec à embrasser une fille sans rien ressentir pour elle ?

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C'est moi, ou ça s'apparente à une déclaration ? 

Que pensez-vous du mot que Nomis a adressé à Rubis ? C'est un piège ?

– C'est sûr ! 😈

– Peut-être pas 😇

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