Chapitre 84

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— Ce n'est pas grave, commencé-je, un brin émue

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— Ce n'est pas grave, commencé-je, un brin émue. J'ai conscience que certaines choses sont plus difficiles à avouer que d'autres. L'important c'est que je le sache, maintenant. Et si je me suis énervée tout à l'heure, je suppose que c'est parce que...

— Parce que ?

— Je tiens à toi.

— Vraiment ?

— Vraiment beaucoup.

Voilà, c'est dit.

Il m'a révélé l'un de ses secrets et je lui ai avoué l'un des miens.

L'un des plus dangereux, sans doute.

— Tu ne devrais pas.

— Je sais.

— Alors pourquoi ?

— Parce que...

— Rubis !

— Gauthier ?

Je n'ai pas réalisé que nous nous étions autant rapprochés. Nos visages sont séparés de quelques centimètres seulement, et je m'absorbe dans la contemplation de ses iris bleus, fascinée.

Je n'ai jamais vu une teinte aussi pure que celle-là...

— Rubis, je...

— Ne mens pas, murmuré-je en lui agrippant le poignet, saisie par mon fameux instinct toujours aussi déraisonné.

Ce bleu m'envoûte... Trop, apparemment. Le Diamant repousse lentement ma main, m'arrachant à son regard.

— Je suis désolée, mais ils sont si noirs, d'habitude, et là ils sont...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase – même si je pourrais difficilement en vouloir à Gauthier de m'interrompre.

Ses lèvres se plaquent brutalement contre les miennes. Mon corps s'embrase tout entier, mon cœur se consume en une seconde, et ma bouche s'enflamme dans une violente déflagration.

Je. N'arrive. Plus. À. Respirer.

Mon oxygène part en fumée. Je pousse un cri de douleur, terrassée par la chaleur qui se propage dans mes veines. Ma bouche s'arrache au contact de la sienne, mais le feu est attisé par l'air qui la sépare de sa jumelle.

Gauthier m'a embrassée.

Il m'a embrassée !

Et... il s'est envolé.

Le tout n'a duré que quelques secondes, mais je me retrouve propulsée à l'autre bout de la clairière, sûrement à cause d'une quelconque force magique dont nous sommes à nouveau victimes. Une ombre se distingue en parallèle. Ce doit être la sienne, même si j'ai du mal à en être certaine...

À peine cinq secondes plus tard, un tourbillon de feu s'élève de la stèle. Si ma stupéfaction paraît fortuite, les étincelles, elles, sont bien réelles. Je m'en approche et découvre mon rubis posé sur la dalle.

Il en émane des volutes de fumée pareilles à celles qui se dégageaient du réceptacle lors de mon entrée à Talesia : noires. Un épais mur de flammes me sépare désormais du Diamant.

Il se rapproche lui aussi.

Ses yeux m'hypnotisent à travers l'incendie. Le vent se lève, créant un espace suffisant pour que je me faufile à ses côtés. Ce n'est pourtant pas sur cette ouverture que mon regard s'attarde, mais sur l'étrange croissant de lune rouge gravé sur le sol. Lorsque Gauthier me crie depuis l'autre côté, c'est comme si une mer déchaînée nous opposait tant les rafales étouffent le bruit.

— Vas-y !

Je franchis le brasier, atterrissant pile au centre de la stèle avec la soudaine obsession d'attraper ma gemme, me brûlant les mains au passage. Le Diamant essaie de contrôler le feu, mais ses courants d'air frais peinent à dissiper les volutes noires, insensibles à sa magie.

Je lui attrape le bras pour le mettre hors de portée.

Nous sommes enfin à l'abri, lorsqu'une violente douleur se fait sentir au creux de ma paume. Une tache noire s'y étend progressivement, jusqu'à cacher les lignes de ma main. Oppressée, j'en viens même à fermer les yeux pour atténuer ma souffrance.

Des mots me parviennent alors, les uns à la suite des autres, sans aucun sens, énoncés par la plus inintelligible des voix :

« Destruction... Mort... Rubis... Pierres... Destinée... Malheur... Guide... Esmantium. »

Mes paupières s'entrouvrent un instant, le temps nécessaire aux paroles pour se taire. Les flammes vacillent puis s'éteignent, laissant apparaître la stèle et son croissant de lune rouge de sang. Gauthier et moi nous retrouvons face à face, sans mur pour nous séparer.

Ses iris, pourtant bleus tout à l'heure, se sont colorés d'un gris foncé, presque noir. Une étincelle jaillit dans son regard. Il s'assied, fasciné par les rares fleurs encore ouvertes, celles qui ont survécu à l'incendie attisé par notre désir.

— Tu as du pollen sur toi ?

Déconcertée par son sérieux, je cherche un flacon de poudre jaune dans ma besace et le lui tends. Avant que je lui pose la question, il m'explique précipitamment :

— C'est pour savoir comment activer la stèle. Comme elle est enfoncée dans la terre, la nature devrait nous donner un petit coup de main.

Il lève la tête sans croiser mon regard et poursuit face à mon air décontenancé :

— Je suis persuadé que la pierre rouge spécifique à l'activation de l'Esmantium se trouve sous la dalle. Elle était présente depuis un moment déjà, mais on l'a réveillée par... accident avec toute cette puissance. Maintenant, il faut qu'on trouve cette gemme et j'ignore comment m'y prendre, alors j'essaie de trouver des réponses dans les...

Je n'écoute plus.

Par accident.

Il l'a dit lui-même : c'était un accident.

Cet emplacement mystique lié d'une quelconque manière à l'Esmantium s'est animé par accident.

Ça signifie qu'il m'a embrassée... par accident.

Si vous voulez tuer Gauthier, je peux vous prêter ma pelle ! Il va arranger ça, pas vrai ?

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Si vous voulez tuer Gauthier, je peux vous prêter ma pelle ! Il va arranger ça, pas vrai ?

– 👍

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On m'a demandé s'il existait un nom de ship pour Gauthier et Rubis, et... oui : Gaubis, à prononcer comme le poisson : gobie. 🤣 C'est le résultat d'un sondage dûment mené sur Wattpad. 

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