Chapitre 42

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— Ne me dis pas que tu fais cette tête parce que le sort a fonctionné

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— Ne me dis pas que tu fais cette tête parce que le sort a fonctionné.

— Mais c'est méga impressionnant !

— J'ai juste eu à répéter une formule...

— Tu crois sérieusement qu'un mage inexpérimenté serait capable de faire ça ? s'écrie Alix, de plus en plus enthousiaste. Tu as un don, je ne vois pas comment c'est possible autrement.

— Tu plaisantes, j'espère ! Je n'arrive pas à me tenir droite pendant dix secondes ni à marcher cent mètres avec des talons sans m'étaler par terre. Tu appelles ça un don, toi ?

— C'est de la maladresse, ça n'a rien à voir avec la sorcellerie.

Et elle s'éclipse dans la salle de bain, me laissant plantée là à réfléchir sur mes prétendus « super-pouvoirs ». Je l'entends juste murmurer, avant qu'elle ferme la porte :

— Je sens que ce semestre va être particulièrement intéressant !

— Je ne te le fais pas dire... marmonné-je pour moi-même, déjà excitée à l'idée de faire ma rentrée dans une école de magie, événement incroyable, mais ô combien palpitant dans la vie d'une mortelle tout ce qu'il y a de plus normale.

Point positif de cette première semaine : avant même le début de l'année, je me suis déjà intégrée à Talesia.

Les cours à proprement parler débutent aujourd'hui et nous sommes déjà en retard, étant censées prendre notre petit-déjeuner il y a vingt minutes. Comme celle avec qui j'ai le malheur de partager mon palier se démène toujours avec sa chevelure, je prends mon courage à deux mains et me rends seule au réfectoire. La salle est principalement remplie de Premières années, reconnaissables à leurs traits marqués d'un visible manque de sommeil. Je vais peut-être réussir à me fondre dans la masse pendant un jour, avec mes cernes...

Après avoir débarrassé, je rejoins Alix à notre table. Sans grande surprise, je découvre qu'elle s'est décidée pour une combinaison bleue en soie, probablement plus attrayante que la robe que nous avons retrouvée au réveil.

Brusquement, tous les regards se tournent vers l'entrée, et Gauthier fait son apparition. Je lève les yeux au ciel en voyant l'admiration sur certains visages, des filles pour la plupart. Le garçon le plus agaçant de Talesia – de la Terre entière, même – fait mine de ne pas les apercevoir et se dirige le plus naturellement du monde vers une table.

Notre table.

Avec un sourire narquois, il se penche vers moi et me fait la bise. Je reste muette un moment, honteuse et coupable, sans trop savoir pourquoi. En s'asseyant près de moi, il me glisse à l'oreille :

— Et 1 – 0 ! Alors, Rubis ? Prête à perdre la partie ?

Bien que je ne sois pas complètement sûre de ce qu'il entend par là, je lui lance un regard de défi tout à fait stupide et insolent.

Après avoir repris une certaine contenance, j'attaque à mon tour :

— Dis-moi, tu n'as pas des amis avec qui traîner ?

— Qu'est-ce que je fais, à ton avis ?

Le ton sérieux employé me fait hésiter. Se moque-t-il de moi, ou est-il réellement sincère ? Même si je perçois de mieux en mieux le sens de ses paroles, elles restent difficiles à appréhender.

— Avec des gens de ton âge ou de ta catégorie, je veux dire.

— Ils sont beaucoup moins intrigants.

— Même pas ton voisin de chambre ?

Je regrette d'avoir insisté. À l'évocation de son ancien ami, Gauthier se crispe aussitôt, déstabilisé.

— C'est Aaron qui s'est incrusté, je te rappelle. Et c'est trop tard pour changer de coloc. Crois-le ou non, mais personne n'a voulu de moi quand je suis arrivé ici.

J'accuse le coup. Même s'il est plus âgé, c'est sa première année sur le campus, à lui aussi. Comment a-t-il fait pour s'intégrer aussi vite ? Déconcertée, j'opte pour le sarcasme :

— Est-ce que tu n'essaierais pas de te faire passer pour une victime, par hasard ? Ça ne marche pas avec moi, désolée.

— J'ignore quelle est la raison de sa présence ici, me coupe-t-il, toujours aussi sérieux, mais ça m'étonnerait qu'il se soit inscrit à Talesia pour prendre une année sabbatique. Toi comme moi allons devoir faire attention.

— Toi comme moi ? C'est-à-dire ?

— Que tu le penses ou non, briser des vitres dans un lieu de magie noire n'est pas un acte anodin, Rubis. Les gens t'ont remarquée. Quant à moi, disons que ma rédemption ne plaît pas à tout le monde...

Eh ! Ce n'est pas ma faute s'il m'a conduite dans un bar agité pour m'obliger à éviter une bagarre de laquelle il ne serait jamais sorti indemne. Je n'ai rien demandé, moi !

— Ne te fais pas plus maléfique que tu ne l'es déjà. Si tu comptes m'effrayer, c'est raté. Dans le coin, ce n'est pas toi le mage le plus mystérieux.

J'adopte volontairement un air supérieur pour donner plus de force à mes propos, ce qui me vaut un sourire en coin du Diamant, auquel je ne peux m'empêcher de répondre.

— Au fait, merci d'avoir demandé à Alix de prévenir ma mère.

— Il n'y a pas de quoi.

— Pourquoi tu as fait ça ? Ça ne t'apportait rien.

— Tu en doutes peut-être, mais je n'agis pas toujours par opportunisme.

Pas toujours...

Avant que je puisse lui répondre, l'air s'alourdit et Aaron entre dans le réfectoire – coïncidence ? Je ne crois pas. S'il m'avait semblé que la plupart des élèves étaient captivés par Gauthier, la salle tout entière l'est par son compère. Même moi je suis forcée de reconnaître qu'il dégage une aura, un charme qui lui est propre et qui le rend irrésistible.

Une fois qu'il nous a repérés, il s'installe à notre table. J'ai l'impression qu'Alix va défaillir à sa vue. Eh, ce n'est pas le club des bad boys anonymes, ici !

— Gauthier ! Comment vas-tu, cher ami ? Salut, Rub's ! Très seyant, ce chemisier. Est-ce qu'il te l'a déjà dit, ou suis-je le premier à constater à quel point il te met en valeur ?

Il ponctue le tout d'une pirouette tout ce qu'il y a de plus risible et s'assied à côté de son colocataire, qui semble prêt à lui sauter à la gorge. Je préfère prendre les devants :

— Écoute, Aaron : c'est Rubis, pas « Rub's » ou un autre de tes sobriquets. Tu devrais aller te baigner dans le fleuve de Pearlake, ça te remettrait les idées en place. Sur ce, excuse-moi, mais j'ai des choses plus importantes à faire que de pérorer sur un chemisier que tu voudras à coup sûr ensorceler pour le rendre plus « fascinant ». Bref, je te laisse témoigner de ton talent pour la manipulation devant les autres. J'ai déjà eu ma dose, hier.

On dirait que Rubis n'a toujours pas digéré la tromperie d'Aaron

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On dirait que Rubis n'a toujours pas digéré la tromperie d'Aaron... Vous avez des théories sur les raisons de sa présence à Talesia ? 🔮

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