Chapitre 9

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Gauthier dévale les escaliers quelques secondes après moi, et une terrible angoisse m'empêche de raisonner correctement

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Gauthier dévale les escaliers quelques secondes après moi, et une terrible angoisse m'empêche de raisonner correctement. Que va-t-il m'arriver, s'il me met la main dessus ?

💎💎💎

Après avoir tourné en rond dans ma maison, je me faufile à l'extérieur, pensant l'avoir semé.

Mais j'ai à peine franchi le seuil que Gauthier se tient face à moi et me bloque le passage, affichant sa dentition parfaite, incoerciblement énervante en cet instant.

Ma cavalcade a été inutile, et c'est encore plus frustrant qu'il continue de me fixer, les yeux brillants et le sourire aux lèvres, visiblement tout fier de lui. Son visage ne laisse transparaître aucune agressivité, de quoi m'agacer un peu plus.

Résignée, je pousse un soupir, lasse de cette course folle et purement inutile. Le sourire narquois du jeune homme achève de me décourager. Moi qui me faisais une joie de dévorer ma pizza... elle a sûrement cramé, depuis le temps !

Je m'étale sur le vieux canapé du salon, attendant qu'il parte et me laisse seule avec mes démons. Après ma chambre, c'est sûrement le meilleur endroit du monde. Combien d'après-midis ai-je passés là, recroquevillée dans un plaid au coin du feu, à me morfondre sur mon sort ?

Effarée, je vois Gauthier s'asseoir tranquillement à côté de moi, comme le ferait un habitué des lieux.

Pitié, dites-moi que c'est bien la première fois qu'il vient ici !

Il se tourne vers la cheminée, en proie à une méditation certaine. Je l'épie du coin de l'œil, m'efforçant de cerner le personnage. Comment a-t-il fait pour se déplacer si vite ? Je n'en ai pas la moindre idée. Sûrement un tour de passe-passe dont il a le secret...

Plus rien ne m'étonne, depuis hier.

Ses yeux dévient vers les miens, virant du noir au gris pendant une infime seconde. Mes joues rougissent, certainement sous l'effet de la chaleur. Pendant qu'il poursuit son observation, son regard reste rivé sur ma poche ; il a deviné où est caché le rubis. Il n'esquisse même pas un geste pour le rafler, mû par une galanterie ou une politesse forcée. Il est persuadé que je vais finir par craquer, c'est évident. Rien que son sarcasme à peine voilé suffit pour m'en convaincre.

Malheureusement pour lui, comme je le lui ai bien signifié tout à l'heure, il ne me connaît pas.

Je suis têtue. En d'autres termes : je ne lâcherai cette pierre sous aucun prétexte. Tout ce qui m'arrive depuis qu'elle est en ma possession est extraordinaire – dans le bon comme dans le mauvais sens du terme – et je ne supporterai pas de me laisser si facilement intimider par cet inconnu qui s'incruste quand bon lui semble dans ma vie avec son air supérieur et ses bonnes manières, provoquant mon exaspération la plus totale.

Énervée, moi ? Non, pas du tout !

Une solution radicale m'apparaît au terme de mon monologue intérieur. Je prends une minute supplémentaire pour en peser le pour et le contre et finis par me décider. Faisant mine d'être hypnotisée par son regard – tu parles, je déteste fixer les gens ! –, je me lève et me rapproche de la cheminée, l'air totalement désintéressé.

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