Chapitre 85

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J'ai mal, tellement mal

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J'ai mal, tellement mal... Toutes les deux secondes, l'étau se resserre autour de moi.

Je n'ai plus de souffle, je suffoque. Sans m'en rendre compte, mes mains cherchent mon rubis au fond de ma poche. La gauche le rencontre alors que ma brûlure se fond parfaitement avec la pierre, qui transperce ma peau – littéralement.

Ne tenant plus compte de cet abruti de Gauthier qui aurait mieux fait de ne jamais revenir, je perds le contrôle de mes membres ; mes pieds se déplacent d'eux-mêmes vers la stèle. Mon cerveau, paniqué, leur ordonne de s'arrêter, mais ils continuent.

Dès lors, je ne suis qu'une spectatrice, recluse dans un coin de ma tête.

Après s'être accroupi, mon corps plaque mes poings au sol – violemment.

Je suis comme possédée.

Un choc intense se propage dans mes veines, et mon sang bouillonne sous l'effet du brasier ardent qui me consume de l'intérieur. Je ravale difficilement mes larmes, mais je reste suffisamment lucide pour comprendre que ma dernière heure est venue.

La douleur m'irradie de part en part, dévastant tout sur son passage : mon cœur, mes poumons... tout s'enflamme.

Après un ultime cri, des mains m'agrippent les épaules. Elles sont froides, glacées même, mais leur contact ne me fait pas tomber, au contraire : c'est la seule ancre qui me relie encore à ce monde.

J'ai le choix : vivre ou mourir.

Affronter mon destin ou céder à la facilité.

Me battre ou m'effondrer.

La brûlure poursuit sa course à un rythme effréné, détruisant tout ce qui peut encore l'être. Seules ces mains, douces, mais fermes, me ramènent à la réalité.

J'ai connu pire.

Et je connaîtrai pire encore.

Ma décision est prise. Dans un ultime élan, je décolle les doigts familiers de mon épaule, chancelant un instant dans le vide, avant de faire un pas résolu en arrière.

Tout redevient clair, limpide.

Tel un phœnix renaissant de ses cendres, je me relève, prête à braver un tourbillon de feu. La réalité, ma réalité.

Mes pouvoirs, Gauthier et toute la bande, ma mère...

Pour la première fois de ma vie, j'ai été forte, courageuse. J'ai survécu à mes démons.

L'isolement, la peur et la solitude ne sont plus que les maîtres mots d'un passé qui s'estompent un peu plus chaque seconde.

C'est à ce moment, je crois, que je réalise que la magie m'a sauvée.

Je ne considère plus ce croissant de lune comme un dessin tatoué par hasard – par chance, pourrait-on dire. Il a pris toute sa signification aujourd'hui, symbolisant la liberté, la rédemption, l'amour.

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